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Le Parlement européen a donné mercredi son feu vert final aux règles imposant un taux minimum de carburants "verts" pour les avions au départ de l'UE afin de réduire les émissions du transport aérien.
Les eurodéputés ont approuvé par 518 voix (97 voix contre, 8 abstentions) l'accord conclu en avril entre négociateurs du Parlement et États membres, qui s'inscrit dans l'ambitieux plan climat européen.
Il prévoit que les carburants disponibles dans les aéroports de l'UE compteront en 2025 dans leur composition au moins 2% de "carburants aériens durables" (SAF), puis 6% en 2030, avec une augmentation progressive jusqu'à 70% d'ici 2050.
Ces "carburants durables" incluent les carburants de synthèse (fabriqués à partir d'hydrogène et de CO2), l'hydrogène renouvelable, les carburéacteurs à base de gaz résiduaires et déchets plastiques, ou encore les biocarburants issus de résidus agricoles, d'algues, de biomasse, ou d'huile de cuisson usagée (mais pas ceux issus de cultures vivrières ou de sous-produits d'huile de palme).
L'accord fixe par ailleurs une part minimale de 1,2% de carburants de synthèse dans le kérosène fourni par les aéroports européens en 2030-2031, puis 5% en 2035, avant d'atteindre 35% en 2050.
Enfin, le texte prévoit que l'essentiel de l'approvisionnement en kérosène pour les vols au départ de l'UE se fasse dans les aéroports européens, afin de limiter les émissions dues à une cargaison excessive de carburant et d'éviter que les compagnies contournent les règles en s'alimentant hors-UE.
Cette nouvelle législation pourrait réduire d'environ deux tiers les émissions de CO2 du transport aérien européen d'ici 2050 par rapport au scénario où aucune mesure ne serait prise, selon la Commission. L'aviation représente environ 4% des émissions européennes de gaz à effet de serre.
Le texte adopté "jette les bases" pour la montée en puissance des SAF, en donnant "un signal clair" aux investisseurs et industriels, ont salué cinq organisations européennes de l'aérien (compagnies, aéroports, industrie aéronautique et prestataires de services), tout en réclamant des "incitations supplémentaires pour accroître la production" de ces carburants durables en Europe.
"C'est une technologie qui a fait ses preuves sur le plan climatique. Mais compte tenu des prévisions de croissance du secteur, il n'est pas réaliste d'imaginer produire suffisamment de carburants verts pour tous ces vols", s'alarme Matteo Mirolo, de l'ONG Transport&Environment, appelant à maîtriser drastiquement la consommation de l'aérien.
Enfin, l'accord ouvre la porte à une future prise en compte des émissions autres que le CO2 (soufre...), qui représentent les deux-tiers de l'impact climatique de l'aviation.
Un autre texte du plan climat européen fera payer aux compagnies les émissions CO2 de leurs vols intra-européens, avec la disparition progressive des quotas gratuits d'émissions dont elles bénéficiaient jusqu'ici, doublée d'un mécanisme incitatif en cas d'utilisation de carburants durables.