Transdniestrie : les tensions montent entre la Moldavie et Moscou

  • AFP
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Les autorités moldaves ont annoncé lundi convoquer l'émissaire de Moscou après des accusations sur la situation dans la région séparatiste prorusse de Transdniestrie, qui craint de se retrouver totalement sans électricité après la fin de l'approvisionnement en gaz russe.

Une facture pétrolière contestée

Ce territoire de près d'un demi-million d'habitants, qui échappe au contrôle des autorités moldaves depuis la chute de l'URSS, a déjà mis à l'arrêt la semaine dernière de nombreuses entreprises industrielles et instauré des coupures nocturnes d'électricité pour la population.

Face à des températures hivernales et aux arrêts quotidiens du chauffage central dans les immeubles, les habitants ont été contraints de se chauffer au bois ou de recourir à des chauffages électriques individuels, accroissant encore la pression sur le réseau électrique.

"En Transdniestrie, nous utilisons aujourd'hui un tiers de plus que la capacité produite, comprenez-vous? Et si cette situation perdure (...) il pourrait y avoir des dysfonctionnements technologiques et même un incendie", s'est alarmé lundi le dirigeant de ce territoire, Vadim Krasnosselski, dans un discours à la population. Si cette situation perdure, "nous nous retrouverons sans électricité", a-t-il averti.

Le géant russe Gazprom avait annoncé en décembre l'arrêt des livraisons à la Moldavie avant même l'officialisation par Kiev de la fin du contrat de transit, dans le contexte d'un différend financier avec cette ex-république soviétique aux aspirations européennes.

Il approvisionnait jusqu'à présent la Transdniestrie en gaz via le fournisseur local Tiraspoltransgaz, sans que cette société ne paye pour ces livraisons. La région envoyait les factures à Chisinau, faisant augmenter progressivement la dette de la Moldavie envers Gazprom. Mais si Moscou la chiffre à plus de 700 millions de dollars, Chisinau l'évalue à seulement 9 millions.

« Provoquer l'instabilité »

Les deux camps se sont rejeté lundi la responsabilité de la crise. L'ambassade russe à Chisinau a dit "observer avec inquiétude la détérioration rapide de la situation" en Transdniestrie, fustigeant les affirmations des médias moldaves et ukrainiens selon lesquelles "Moscou a abandonné Tiraspol". "Des attaques de propagande" visent selon elle "à saper la confiance des habitants de Transdniestrie dans la Russie". Le représentant de Moscou a reçu dans la foulée une convocation au ministère des Affaires étrangères. 

"La Russie n'a qu'un but : provoquer l'instabilité dans la région et surtout influer sur les résultats des législatives" prévues à l'automne prochain, a réagi le Premier ministre moldave Dorin Recean devant la presse étrangère. Après la fin du transit ukrainien, Moscou pourrait "livrer le gaz à travers le gazoduc TurkStream mais il refuse de le faire", a-t-il accusé, assurant que la Transdniestrie souffrait désormais aussi de "coupures d'eau".

Le reste de la Moldavie est pour l'instant relativement épargné grâce à l'achat d'électricité auprès de la Roumanie voisine, mais le prix devrait en conséquence quasiment doubler. Le gouvernement espère une aide financière de l'UE pour pouvoir aider les ménages moldaves à supporter cette hausse.

Le petit pays dépend pour une grande partie de ses besoins en électricité de la centrale thermique de Cuciurgan, située en Transdniestrie. Cette importante infrastructure, qui produisait jusqu'à 80% de la production électrique de la Moldavie, n'approvisionne depuis le 1er janvier plus que le territoire de la Transdniestrie et tourne au charbon, avec des réserves qui devraient durer jusqu'à fin janvier, mi-février au maximum.

M. Krasnosselski a insisté dans son allocution sur le fait que l'arrêt du gaz russe était "le résultat de l'incapacité de la Moldavie à payer ses dettes. Il dit n'avoir reçu aucune aide de Chisinau, contrairement aux déclarations du gouvernement moldave qui affirme de son côté avoir essuyé un refus de la région séparatiste.

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