Pour diriger EDF, Bernard Fontana, un industriel qui connaît le groupe, mais aussi ses clients

  • AFP
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Bernard Fontana, choisi par l'exécutif pour prendre la tête d'EDF et succéder à son PDG sortant, Luc Rémont, a l'avantage de bien connaître l'énergéticien et le nucléaire, mais également les clients du groupe, engagés depuis des mois dans d'intenses négociations commerciales pour la fourniture d'énergie.

La chimie, le béton, l'acier: autant de secteurs gourmands en énergie et que M. Fontana connaît bien, puisqu'il en a dirigé quelques fleurons, au cours d'une riche carrière de capitaine d'industrie.

Polytechnicien, également diplômé de l'école d'ingénieurs Ensta, Bernard Fontana, 64 ans, né à Tamatave (Magadascar), a débuté sa carrière en 1987 à la société nationale des poudres et explosifs (SNPE), spécialisée dans la propulsion d'engins balistiques civils et militaires, où il a gravi de nombreux échelons, jusqu'à en devenir le directeur général adjoint chargé de la chimie.

Il a ensuite rejoint de 2004 à 2012 l'aciériste ArcelorMittal, dont il a notamment dirigé les ressources humaines, avant de prendre la direction générale du cimentier suisse Holcim, où il a oeuvré à la fusion avec le français Lafarge.

"Je me suis battu pour Arcelor, et donc contre le rachat par Mittal et m'attendais à être débarqué quand j'ai été appelé à Londres par Lakshmi Mittal, mais au contraire, il m'a proposé de devenir responsable des aciers pour l'automobile", racontait-il dans un entretien accordé en 2023 au magazine des ingénieurs de l'armement.

Tout au long de sa carrière, M. Fontana a donc travaillé dans des secteurs en crise en France et en Europe, dont la compétitivité est hautement tributaire des prix de l'électricité, d'autant qu'ils sont souvent soumis à une concurrence acharnée des Etats-Unis et de la Chine.

Le dernier Conseil de politique nucléaire, qui s'est tenu lundi, "a été l'occasion de montrer qu'il y avait aussi beaucoup de défis qui restaient devant nous", a souligné vendredi une source gouvernementale, pour qui il fallait passer à une "phase nouvelle" avec "un profil plus industriel à la tête de l'entreprise, qui a fait ses preuves dans la grosse filiale d'EDF qu'il dirigeait jusqu'à présent".

- 'A l'écoute' -

M. Fontana est en effet également un très bon connaisseur du nucléaire.

Depuis 2015, il est devenu un acteur central de la filière française de l'atome : à la tête de Framatome, filiale d'EDF qui conçoit et met en service les réacteurs nucléaires, il a également pris la direction du pôle "Industrie et Services" d'EDF, en mars 2024, lors de la réorganisation des activités nucléaires du groupe.

Après avoir contribué au redressement de Framatome, en grave difficulté financière après l'échec de certains investissements et à la suite de la catastrophe nucléaire de Fukushima, M. Fontana est ainsi devenu un des hommes clés de l'énergéticien détenu à 100% par l'Etat, dans le cadre d'une réorganisation pensée pour améliorer la performance industrielle du groupe, dans un contexte de relance de l'atome.

"Framatome a deux pieds, un chez EDF, et ils font aussi des ventes à l'étranger, à d'autres entreprises", a commenté un cadre dirigeant d'EDF, qui loue chez M. Fontana "une vision globale qui peut être intéressante" pour l'avenir d'EDF.

Sur le plan humain et managérial, ce cadre décrit M. Fontana comme quelqu'un de "souriant, à l'écoute", capable de "recevoir pendant deux heures" un collaborateur qui l'alerte sur des difficultés dans la réalisation de chantiers.

"Je suis très attaché au lien entre les personnes et l'entreprise, et lors des portes ouvertes dans nos usines de Framatome nous faisons en sorte que les enfants puissent y participer", déclarait M. Fontana en 2023 au magazine des ingénieurs de l'armement.

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