Pollution des voitures: Berlin "ouvert à une révision" des sanctions de l'UE pour 2025

  • AFP
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Le ministère allemand de l'Economie s'est déclaré mardi "ouvert à une révision" des sanctions européennes prévues en 2025 pour les constructeurs automobiles qui dépassent les seuils d'émissions de CO2, une position défendue par Paris pour sortir le secteur de la crise.

"Nous voulons garder nos objectifs de décarbonation mais nous avons aussi besoin de solutions pour notre industrie automobile", a déclaré Bernhard Kluttig, secrétaire d'État désigné à l'Économie, lors d'une conférence de presse avec le ministre français chargé de l'Industrie Marc Ferracci.

Ce dernier souhaite que la Commission Européenne suspende en 2025 les amendes prévues par la norme européenne CAFE (Corporate Average Fuel Economy), qui oblige les constructeurs à vendre progressivement des véhicules de moins en moins polluants.

Ce dispositif doit franchir un nouveau palier à partir de janvier 2025, vu comme un fardeau pour l'industrie automobile allemande essorée par la concurrence chinoise, des coût de l'énergie élevés et une faible demande mondiale.

Ce report des amendes à 2026 permettrait de soulager "les acteurs qui ont beaucoup investi dans les cinq dernières années pour électrifier leur ligne de production", a insisté Marc Ferracci.

Berlin et Paris sont souvent désunis sur l'automobile, encore récemment pour l'instauration de surtaxes européennes sur l'importation de voitures électriques chinoises.

Cependant, "il n'y a pas de position arrêtée dans le gouvernement allemand sur le sujet des amendes", a tempéré M. Kluttig, alors que le gouvernement de Berlin se divise de plus en plus entre libéraux d'un côté et sociaux-démocrates et Verts de l'autre.

Le SPD d'Olaf Scholz et les Verts de Robert Habeck se sont certes montrés légèrement favorables à cette idée, mais ne veulent pas diluer les objectifs fixés pour décarboner l'industrie.

Quant au ministre des finances Christian Lindner (libéraux), il veut aller plus loin: supprimer totalement ces amendes et même revenir sur l'interdiction de vente de voitures thermiques neuves en 2035 dans l'UE.

Mrs. Ferraci et Kluttig s'en remettent maintenant à la Commission Européenne, dont les futurs commissaires prendront leurs fonctions en décembre après une série d'auditions parlementaires.

Le ministre français a également promis "un paquet législatif" au premier semestre 2025 pour soutenir les industriels et la demande européenne de voitures.

En Allemagne, près de 140.000 emplois de l'industrie automobile pourraient disparaître d'ici 2035, presque 20% du volume actuel, en lien avec l'électrification du secteur, d'après une récente étude de la fédération des constructeurs VDA.

Tout le continent est touché: fin octobre, les équipementiers automobiles européens ont déploré 32.0000 suppressions de postes sur le continent au premier semestre 2024, soit plus que pendant la pandémie de Covid.

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