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L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a salué jeudi les mesures annoncées par EDF pour améliorer les pratiques de la filière mais demandé qu'elles soient appliquées au parc existant et pas seulement au chantier de l'EPR, en pointant un "manque de rigueur" des exploitants.
"Les orientations du plan d'action récemment présenté par EDF à la suite du rapport Folz et à la demande du gouvernement vont dans le bon sens", a déclaré le président de l'ASN Bernard Doroszczuk lors de ses voeux à la presse. "Néanmoins, il faudrait que ces orientations ne soient pas centrées prioritairement sur les projets de constructions neuves, en cours ou espérées par la filière, mais qu'elles soient déployées sans tarder pour les travaux lourds de maintenance et de réévaluation de sûreté des installations en fonctionnement", a-t-il poursuivi.
EDF avait présenté en décembre un plan baptisé "excell" destiné à renforcer la qualité industrielle, les compétences et la gouvernance des grands projets nucléaires. La présentation de ce plan faisait suite à un rapport d'audit de l'ex-patron du constructeur automobile PSA Jean-Martin Folz sur le chantier du réacteur EPR de Flamanville dans la Manche. Remis fin octobre au gouvernement, il avait dressé un tableau sans concession de cet "échec pour EDF".
Bernard Doroszczuk a aussi constaté "un besoin de renforcement des compétences et un manque de rigueur professionnelle de certains acteurs de la filière". "Ce manque de rigueur concerne la mise en oeuvre des procédés dits spéciaux en industrie - comme par exemple le soudage, le traitement thermique, le contrôle non destructif... - mais concerne également les actions de surveillance des activités par les exploitants eux-mêmes", a-t-il estimé.
En France, les exploitants de sites nucléaires sont EDF mais aussi Orano ou le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) notamment. Bernard Doroszczuk a aussi souhaité que "l'ensemble des exploitants et des entreprises de la filière nucléaire soient mobilisés pour définir plus précisément les actions à mettre en oeuvre au vu de leur propre retour d'expérience en matière de compétences clefs et de culture de sûreté dans la chaîne de sous-traitance".
Le président du gendarme du nucléaire n'a toutefois pas souhaité à ce stade tirer un bilan global de la sûreté nucléaire en 2019, renvoyant à une présentation détaillée au printemps.