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La Roumanie a rompu vendredi un accord avec le groupe China General Nuclear Power Corporation (CGN) sur la construction de deux nouvelles tranches de la centrale nucléaire de Cernavoda (sud-est), sur fond de méfiance croissante envers les investissements chinois en Europe.
Réunis à Bucarest, les actionnaires de la compagnie Nuclearelectrica, détenue majoritairement par l'État roumain, ont officiellement enterré ce projet de coopération, approuvant une demande en ce sens du ministère de l'Economie. Ils ont "chargé le conseil d'administration de lancer les démarches en vue de mettre un terme aux négociations avec CGN et aux effets juridiques" des documents signés jusqu'ici avec le groupe chinois, a indiqué Nuclearelectrica dans un communiqué transmis à la Bourse de Bucarest.
La Roumanie doit désormais chercher d'autres investisseurs pour l'extension de son unique centrale nucléaire, un marché estimé à six milliards d'euros.
Le CGN avait été l'unique candidat à la construction des tranches n° 3 et 4 de Cernavoda lors d'un appel d'offres lancé par Bucarest en 2014. Un "mémorandum d'accord" avait été signé en 2015 par les deux sociétés, suivi en mai 2019 par un "accord préliminaire des investisseurs". Le groupe chinois a depuis été placé sur une "liste noire" d'entreprises par les États-Unis qui l'accusent d'avoir cherché à dérober des technologies américaines pour un usage militaire. Cette décision interdit les exportations américaines, sauf dérogation, vers le groupe CGN.
"Nous avons un partenariat stratégique avec les États-Unis, nous y tenons, nous respectons nos partenaires", avait expliqué fin mai le ministre roumain de l'Économie Virgil Popescu, appelant à "trouver un partenaire au sein de l'UE ou de l'Otan" pour l'extension de la centrale.
Le groupe CGN est partenaire d'EDF sur deux sites nucléaires, en Chine et en Angleterre avec le projet de centrale Hinkley Point C.
La Roumanie peine depuis une dizaine d'années à démarrer le projet de Cernavoda. Six compagnies européennes - GDF Suez, Iberdrola, CEZ, RWE, Enel et ArcelorMittal - qui avaient signé en 2008 un accord avec Nuclearelectrica s'en sont retirées l'une après l'autre en raison des incertitudes entourant l'avenir de la centrale.
Les deux réacteurs en fonction de Cernavoda, qui utilise le procédé canadien Candu 6, fournissent ensemble environ 17% des besoins d'électricité de la Roumanie.