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Les banques européennes "mettent en péril toute possibilité de transition énergétique" en étant impliquées depuis 2021 dans près d'un millier de transactions en faveur d'entreprises "en première ligne de l'expansion pétro-gazière", affirme jeudi un rapport de l'ONG Reclaim Finance.
L'organisation non gouvernementale française a passé au crible les transactions de 20 grandes banques européennes depuis 2021, et pointé 985 d'entre elles auprès de majors telles que TotalEnergies, Shell ou BP. Elle en recense 166 sur l'année en cours.
Les groupes bancaires français Société Générale et BPCE, qui rassemble les Banques populaires, les Caisses d'épargne et certains métiers mondiaux issus de Natixis, figurent parmi les "mauvais élèves" cette année en matière de participation aux émissions obligataires des entreprises intervenant dans l'extraction de pétrole et de gaz, selon l'ONG.
"Notre analyse révèle aussi que si les banques affirment souvent soutenir les grandes entreprises pétro-gazières pour les accompagner dans leur transition, leurs financements vont majoritairement aux activités fossiles de ces entreprises, et non à leurs activités non fossiles, comme les énergies renouvelables", affirme Reclaim Finance.
Société Générale "s'est fixé des objectifs ambitieux de décarbonation sur le secteur du pétrole et du gaz dans sa feuille de route stratégique et a déjà réduit de plus de 50% son exposition au secteur de la production de pétrole et de gaz" à la fin du deuxième trimestre 2024 par rapport à fin 2019, a réagi la banque, sollicitée par l'AFP.
"Nous sommes aujourd'hui dans une phase de transition, et les énergies fossiles continuent de jouer un rôle important dans le mix énergétique mondial, avec une demande croissante", a réagi de son côté BPCE, arguant une "approche sélective qui tient compte des plans de transition" des acteurs concernés.
Reclaim Finance et 14 autres ONG, dont Réseau Action Climat et WWF Europe, ont profité de la sortie de ce rapport pour adresser des courriers aux dirigeants des banques concernées, dont l'AFP a pu prendre connaissance.
Nicolas Namias et Slawomir Krupa, respectivement président du directoire de BPCE et directeur général de Société Générale, ont par exemple été invités à "adopter les mesures qui s'imposent d'urgence pour empêcher l'expansion des énergies fossiles".
Reclaim Finance a aussi pointé du doigt des politiques des banques européennes "encore plus insuffisantes" sur les terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL).
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