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Part des énergies renouvelables en hausse, émissions de CO2 au plus bas: l'Allemagne a connu une année 2023 plus verte, en raison du net recul du charbon mais aussi de la profonde crise que traverse son puissant secteur industriel.
Selon le bilan du groupe d'experts Agora Energiewende publié jeudi, la première économie européenne a émis l'an dernier 673 millions de tonnes de CO2, soit 9,8% de moins qu'en 2022, au plus bas niveau depuis environ 70 ans.
Et pour la première fois de son histoire, le pays a produit et consommé un peu plus de 50% d'énergies renouvelables pour ses besoins en électricité, selon des chiffres officiels publiés cette semaine.
Ce verdissement accéléré, fruit de la transition énergétique dont le gouvernement d'Olaf Scholz a fait une priorité, s'explique toutefois aussi largement par la chute de la demande dans l'industrie.
-Ruée sur le solaire -
"Nous sommes sur le bon chemin", s'est félicité le ministre écologiste de l'Économie et du Climat, Robert Habeck. Les émissions de CO2 ont été de 46% inférieures à l'année de référence 1990, s'approchant de l'objectif fixé par l'Union Européenne d'une baisse de 55% d'ici 2030.
La France a de son côté diminué ses émissions de 4,6% sur les neuf premiers mois de 2023, selon les dernières données communiquées par l'organisme en charge de leur inventaire, le Citepa.
La baisse en Allemagne est "largement attribuable à une forte diminution de la production d'électricité à partir de charbon", note le groupe d'experts. Alors que le recours au charbon avait augmenté en 2022 pour compenser l'arrêt des flux de gaz russe vers l'Allemagne, son utilisation est retombée l'an dernier à son niveau des années 1960.
La part de ce combustible est descendue à 26% du bouquet de production électrique contre près de 34% en 2022.
Les exploitants se sont en partie reportés sur le gaz dont le prix a baissé durant l'année. Le recours à ce combustible polluant a augmenté de 31%.
Le pays a aussi importé en 2023 davantage d'électricité, pour moitié des énergies renouvelables et pour un quart du nucléaire.
Mais ce résultat a aussi été obtenu par la montée en puissance des renouvelables. Leur part dans la production d'électricité s'est établie à 55% l'an dernier, après 48,42% en 2022. Les éoliennes y ont le plus contribué, avec une part de 31%. Le photovoltaïque a représenté 12% de la production.
Cette montée en puissance s'explique par un déploiement plus rapide, grâce à des lois adoptées par le gouvernement pour accélérer les procédures d'autorisation.
L'an dernier, 14 GwH de puissance photovoltaïque ont été installés, un record, alors que l'Allemagne veut atteindre les 80% d'électricité d'origine renouvelable en 2030. Les Allemands n'ont jamais autant installé de panneaux solaires sur leurs maisons: un million en 2023, le double du précédent record de 2011.
Et la nouvelle capacité éoliennes a doublé sur un an, pour atteindre 7,7 GWh. Du jamais vu là aussi, même si ce chiffre est nettement "en dessous" du cap fixé par la loi.
- Peut mieux faire-
Mais le tableau n'est pas entièrement vert. Selon les experts d'Agora Energiewende, seulement 15% de la baisse des émissions obtenue cette année sont "durables", liés à de véritables changements structurels.
Et pour cause: l'année a été marquée par une chute de la production pour l'industrie allemande, grande consommatrice d'énergie. Le secteur, pilier de l'économie, est plombé par une baisse de la demande domestique et internationale, et par des prix de l'énergie qui restent trop élevés par rapport à ses concurrents depuis la guerre en Ukraine.
La production des activités les plus énergivores, comme la chimie, l'acier ou le papier, a chuté d'environ 20% par rapport à son niveau d'avant le conflit. Les émissions du secteur industriel ont logiquement diminué de 20 millions de tonnes, soit 12% sur un an.
Le logement et des transports restent par ailleurs les mauvais élèves de la transition énergétique, échouant, comme les années passées, à réduire significativement leurs émissions de CO2.
L'Allemagne a besoin d'une "offensive d'investissements", selon Agora Energiewende, qui appelle à "sécuriser les dépenses" nécessaires à la transition climatique.
Une décision de justice en novembre a annulé un fonds de 60 milliards d'euros d'investissement d'avenir au nom des règles constitutionnelles allemandes de rigueur budgétaire, réduisant les marges de manoeuvre du gouvernement.