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L'Allemagne et la France ont enclenché une "dynamique" pour résoudre leurs divergences qui bloquent la réforme du marché européen de l'électricité mais il reste du chemin à parcourir, a estimé mercredi le ministre allemand de l'Économie Robert Habeck.
Il a également assuré que le cœur du problème entre les deux pays n'était pas le rôle dévolu à l'énergie nucléaire, bannie par l'Allemagne mais centrale pour la France. "Nous avons pu nous mettre d'accord sur une voie commune et sur la manière de procéder mais (...) nous n'avons pas encore parcouru le chemin", a déclaré à la presse le ministre allemand.
Sujet crucial, dont dépend la facture énergétique des ménages et entreprises en Europe, la réforme du marché de l'électricité était au menu, lundi et mardi, d'un séminaire gouvernemental franco-allemand organisé à Hambourg. Le désaccord n'a "pour une fois rien à voir avec la forme de l'énergie, qu'elle soit nucléaire ou renouvelable" mais avec "l'organisation du marché dans les deux pays", a affirmé M. Habeck.
Alors que les acteurs du marché de l'électricité en Allemagne sont "tous privés et doivent gagner sur le marché ce qu'ils investissent", le modèle français s'appuie sur le groupe public EDF "endetté à hauteur de presque 65 milliards d'euros ce qui est difficilement concevable pour de grandes entreprises allemandes", selon le ministre.
L'Allemagne est préoccupée par le risque de distorsions de concurrence avec la France si des garde-fous ne sont pas inclus dans la réforme, a-t-il expliqué. La Commission européenne propose de développer un mécanisme de contrats à long terme entre producteur d'électricité décarbonée et État, le second garantissant un prix fixe au premier, avec compensation financière si le prix du marché est inférieur au tarif défini.
"Un groupe public qui, grâce aux garanties de l'État, peut éventuellement faire (...) ce qu'un système d'économie de marché ne peut pas faire, c'est cela qu'il faut clarifier et c'est là que nous sommes sur la voie de la clarification", a dit M. Habeck. Berlin exige un encadrement plus strict de la redistribution des recettes issues de ces contrats de long terme.
À l'issue des discussions avec Olaf Scholz lundi et mardi, Emmanuel Macron avait annoncé que Paris et Berlin s'étaient fixé l'objectif de s'entendre d'ici la fin du mois.