Air Liquide: le bénéfice net et le chiffre d'affaires reculent mais la marge progresse

  • AFP
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Air Liquide a enregistré un recul de son bénéfice net et de son chiffre d'affaires au premier semestre, en raison d'un produit exceptionnel de cession l'an passé qui ne s'est pas réitéré en 2024, de la "baisse des prix de l'énergie et d'effets de change négatifs", mais a fortement amélioré sa marge.

Au premier semestre 2023, la cession d'une participation dans le groupe américain Hydrogenics avait gonflé le résultat net du géant français des gaz industriels, qui avait grimpé de 32%.

Pénalisé par cet effet de comparaison, le bénéfice net du premier semestre 2024 affiche un recul de 2,4% sur les six premiers mois de 2024, à 1,68 milliard d'euros.

En excluant cette opération, le résultat net récurrent du groupe de gaz industriels ressort en hausse de 3,3%.

Le chiffre d'affaires s'est élevé au premier semestre à 13,38 milliards d'euros, en recul de 4,3% en raison des prix de l'énergie et d'un effet de change défavorable, notamment la dévaluation du peso argentin.

A situation comparable, le chiffre d'affaires est en hausse de 2,6% par rapport à 2023, avec le secteur de la santé comme principal moteur de croissance (distribution de gaz aux hôpitaux et aux particuliers).

Au premier semestre, Air Liquide a enregistré une progression d'un point de pourcentage de sa marge d'exploitation hors effet énergie, à 19,4%, grâce notamment à des économies obtenues via la généralisation de nouveaux outils numériques.

Le groupe a confirmé son ambition d'augmenter à nouveau en 2024 sa marge opérationnelle et de réaliser une croissance du résultat net récurrent, à changes constants.

- La Chine "à la traîne" -

Le groupe insiste sur les perspectives de développement de ses activités liées à la transition énergétique et à la décarbonation, ainsi qu'à l'électronique.

Ce dernier secteur nécessite beaucoup de gaz rares comme l'hélium qui sert à créer des atmosphères propres dans les salles blanches où sont assemblés les composants.

La croissance devrait y "être meilleure au 3e et 4e trimestre et en 2025", a estimé le directeur général François Jackow lors d'une conférence de presse: "On voit dans les semi-conducteurs une demande très forte poussée par le digital, les besoins de serveurs et l'intelligence artificielle".

Air Liquide, qui réalise déjà environ 40% de son chiffre d'affaires sur le continent américain, mise sur deux contrats majeurs avec ExxonMobil (850 millions de dollars) et Micron (250 millions de dollars), et a souligné que son portefeuille d'opportunités d'investissement à 12 mois s'établissait à un "niveau record de 4 milliards d'euros à fin juin 2024".

Concernant l'investissement le plus important de son histoire, annoncé en juin, pour produire de l'oxygène et de l'azote pour le compte d'ExxonMobil à Baytown au Texas, Air Liquide attend la décision finale d'investissement "dans la première partie de 2025".

Autre projet structurant, en Europe, le groupe participe au projet Dartagnan, un réseau de capture, transport, liquéfaction et exportation du CO2 excédentaire issu d'usines de ciment et de chaux autour de Dunkerque, représentant un investissement de 400 millions d'euros, qui vient de recevoir un feu vert de Bruxelles pour un financement public de 160 millions d'euros.

Au plan géographique, le groupe discerne néanmoins deux zones "en retrait" et qui le resteront dans un proche avenir: l'Europe et la Chine.

"La Chine a été globalement à la traîne depuis la sortie du covid", a observé M. Jackow. "On voit des clients dans la grande industrie arrêter leurs usines pour maintenance ou prolonger les arrêts", (...) "l'hélium est en forte baisse" (...) et "l'ensemble de l'activité industrielle" est "relativement basse".

En Europe, et particulièrement en France où il réalise 10% de son chiffre d'affaires, le groupe souhaite la "continuité" des projets engagés autour de la transition énergétique et de la décarbonation de l'industrie.

Dans le cadre de ses réorganisations en cours, il a signé le 22 juillet la cession de ses activités dans 12 pays africains à Adenia Partners (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Congo, Côte d'Ivoire, Gabon, Ghana, Madagascar, Mali, République Démocratique du Congo, Sénégal et Togo), qui représentaient un chiffre d'affaires annuel d'environ 60 millions d'euros, soit moins de 10% du chiffre d'affaires en Afrique.

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