L'Indonésie ambitionne de devenir un « acteur mondial important » des véhicules électriques

  • AFP
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Plus grande productrice de nickel au monde, l'Indonésie souhaitait mettre à profit ses ressources naturelles pour la conception de batteries de véhicules électriques : l'archipel a inauguré sa première usine cet été et compte bien devenir un "acteur mondial important" dans la chaîne d'approvisionnement.

La plus grande usine de batteries d'Asie du Sud-Est

Dans la ville de Karawang, à l'est de la capitale Jakarta, des rangées de bras robotisés s'activent pour assembler avec précision des cellules de batteries qui équiperont notamment les modèles de SUV légers Kona de Hyundai. 

Le constructeur automobile sud-coréen s'est associé avec son compatriote LG Energy Solution (LGES), spécialisé dans la production de batteries au lithium, au sein d'une coentreprise pour faire naître cette usine d'une valeur de 1,1 milliard de dollars. "Plus grande usine (de batteries) d'Asie du Sud-Est", selon l'ex-président indonésien Joko Widodo, "PT. HLI Green Power" peut produire jusqu'à 10 gigawattheures (GWh) de cellules de batterie chaque année, capacité qui doit être portée à 20 GWh.

Lors de son inauguration en juillet, le chef d'Etat avait déclaré que de tels investissements feraient de la plus grande économie d'Asie du Sud-Est un "acteur mondial important" dans la chaîne d'approvisionnement des véhicules électriques. "Nous disposons de ressources naturelles abondantes, mais pendant des décennies nous les avons exportées uniquement sous forme de matières premières sans valeur ajoutée", avait-il souligné.

En vertu d'une réglementation dévoilée l'année dernière, les constructeurs sont par exemple exemptés de de droits de douane jusqu'en 2025 s'ils s'engagent à produire autant de véhicules électriques dans le pays qu'ils en importent d'ici fin 2027.

Attirer les constructeurs automobiles

En juillet, le président de Hyundai Motor, Chung Eui-sun, avait déclaré que l'Indonésie était "le plus grand marché automobile d'Asie du Sud-Est" et que "les véhicules qui sont produits et vendus ici sont la norme pour une région de 700 millions de clients potentiels".

"Nous voyons un énorme potentiel d'achat de véhicules électriques en Indonésie par rapport à d'autres pays d'Asie", a déclaré Luther Panjaitan, responsable des relations publiques pour le constructeur chinois BYD en Indonésie.

Le mois dernier, le constructeur automobile chinois Wuling a lui aussi annoncé son intention de produire des batteries pour véhicules électriques dans son usine indonésienne d'ici à la fin de 2024, ont rapporté les médias locaux. La clé de la stratégie de Jakarta a été d'attirer les constructeurs automobiles avant qu'ils n'établissent des usines ailleurs, a déclaré Rachmat Kaimuddin, qui était fonctionnaire de l'administration de l'ex-président Prabowo Subianto.

Selon lui, les réserves de nickel, dont le Vietnam ou le Thaïlande "ne disposent pas", "permettent de créer une industrie des batteries en Indonésie". Mais le pays peut se targuer de ses ressources naturelles, les experts soulignent néanmoins qu'il dispose encore de faibles capacités de traitement et de raffinage.

Elle s'est notamment vue contrainte d'importer des matériaux pour son usine de Karawang, y compris du nickel déjà traité en provenance de Corée du Sud ou de Chine, en raison de son manque d'industries connexes, a déclaré Hong Woo-pyoung, directeur de PT HLI Green Power.

Des investissements relativement faibles

Le secteur en plein essor est aussi confronté au défi des investissements, relativement faibles. Entre 2020 et 2024, ils étaient de près de 515 000 milliards de roupies indonésiennes (presque 30,5 milliards d'euros) pour le nickel et de 1 914 milliards (un peu plus de 113 millions d'euros) pour les véhicules électriques.

Les défenseurs de l'environnement mettent en garde sur le rôle que joue l'extraction du nickel dans la déforestation en Indonésie, tandis que les analystes estiment que la montée en puissance des batteries lithium-fer-phosphate (LFP), moins chères et largement adoptées en Chine, pourrait nuire à la demande.

Selon Putra Adhiguna, directeur général du groupe de réflexion Energy Shift Institute, une offre excédentaire de batteries au niveau mondial pourrait empêcher l'Indonésie d'attirer davantage d'investissements.

Le directeur de l'usine de Karawang, M. Hong, ne se fait pas de soucis pour l'avenir. "L'Indonésie se développe avec une croissance d'environ 5% par an. Le marché de l'automobile se développera également", affirme-t-il.

Plus de 23 000 véhicules électriques ont été livrés aux concessionnaires entre janvier et août de cette année, contre 17 000 pour l'ensemble de l'année 2023, selon les données de l'Association indonésienne de l'automobile.

Commentaires

claude choppin
Bon personnellement, je ne miserais pas une roupie sur un tel projet.13 800 iles avec des voitures électriques, investissement monumental à effectuer pour être cohérent avec l'usine de batteries. La logique du gigantisme supposé diminuer les coûts est totalement contre-indiquée par les temps qui courent à tous les points de vue et particulièrement en Indonésie que je connais bien. Si vraiment ils pensent que le parc automobile doit être totalement électrifié, alors il serait bien plus logique en forçant le trait de faire 13 800 petites usines. En choisissant des sites qui resisterons à la montée des eaux, par exemple, et avec un peu de chance aux tsunamis qui ne manqueront pas d'accompagner ce phénomène. Ne parlons pas des risques sismiques !! Et de la fragilité des réseaux électriques. Bon, si après tout ça ils ne sont pas découragés, alors mes collègues et moi pouvont leur livrer une centrale électrique biomasse(surélevée) voire 2 en cogénération de 1 MWe, et environ 1300 kWth (il y aura certainement besoin de sécher le combustible) en 12 mois si le combustible a été testé par nous ou en maxi 2 ans s'il n'a pas été testé. No problem et good luck !

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