- AFP
- parue le
Elles coûtent trop cher, leur production est irrégulière, elles bétonnent l'environnement, elles tuent des oiseaux... Les critiques faites aux éoliennes sont-elles fondées ? Dans une large mesure, non.
Une énergie intermittente
Par la nature même de la ressource, les énergies renouvelables sont intermittentes. Le réseau électrique sait gérer : en France, RTE dispose depuis 2009 d'un logiciel permettant de prévoir la production éolienne heure par heure, jusqu'au lendemain, et d'équilibrer le tout. La France est dotée en outre de trois régimes de vent assurant une production constante sur tout le territoire, note la filière.
D'ici quelques années, les progrès attendus dans le stockage (hydrogène, batteries...), ainsi que la mise en place de "super-réseaux" au niveau européen, devraient répondre aux besoins.
En attendant, la montée des renouvelables et le repli du nucléaire imposeront-ils un recours au charbon ? Plutôt non. En 2020, la production électrique à base de charbon a atteint un plus bas historique (-12,7% par rapport à 2019), selon le gouvernement. "Si nous avons dû faire appel ponctuellement aux centrales à charbon cet hiver, c'est parce que le parc nucléaire était moins disponible (pour cause de maintenance retardée par le Covid, NDLR), pas parce que les éoliennes sont intermittentes", selon Barbara Pompili.
Du béton et des métaux
La fondation d'une éolienne terrestre nécessite 600 à 800 tonnes de béton, indique la filière, évoquant "un matériau inerte qui ne pollue pas les sols". Lancé à plein régime, l'éolien absorberait 0,7% de la production nationale de béton. Il a aussi besoin de métaux rares (dans les aimants pour les rotors des éoliennes offshore, par exemple), comme pour toutes technologies fondant la transition énergétique. Selon l'Agence internationale de l'énergie, le monde n'en manque pas, mais devra organiser le marché pour éviter des soubresauts de l'offre et du prix.
Concernant le démantèlement, acier, béton, cuivre et aluminium sont recyclables à 100%, note l'Ademe. C'est plus difficile pour les pales, en composite associant résine et fibres de verre ou carbone, et objet de recherches (Suez comme Veolia ont annoncé des solutions par exemple). Pour les métaux rares, la recherche vise à réduire la quantité nécessaire, et à les recycler.
En France, "recycler les éoliennes est une obligation réglementaire", souligne Barbara Pompili : "90% de la masse doit être démantelée, fondations incluses, puis recyclée ou réutilisée. Ce sera 95% au moins en 2024". Elle cite le démontage cette semaine dans les Pyrénées-Orientales des "huit plus anciennes éoliennes de France", qui seront remplacées par six plus puissantes, chargées d'alimenter 11 000 habitants au lieu de 6 000. Une éolienne devrait produire 30% d'électricité en plus d'ici 2030, selon l'Ademe.
Impact sur la faune
Les oiseaux, surtout migrateurs, les rapaces ainsi que les chauves-souris de haut vol sont reconnus comme les plus sensibles à l'essor de l'éolien : collisions avec les pales, pertes d'habitats, perturbations comportementales, selon la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et l'Office national de la Chasse et de la faune sauvage (ONCFS).
"Une planification à large échelle prenant en compte les enjeux de biodiversité est la mesure la plus efficace pour sélectionner les sites et éviter des impacts", selon eux.
Jeudi, la LPO a déploré la mort aux Pays-Bas d'un gypaète barbu, espèce protégée, et Allain Bougrain-Dubourg a demandé au gouvernement français, "porté par des ambitions louables en matière de transition écologique", d'exclure des zones de développement éolien les zones Natura 2000 classées.
Coût
Produire 1 MWh en éolien à terre coûte environ 60 euros (contre 82 euros il y a cinq ans), en tenant compte de tous les coûts, de l'achat des éoliennes jusqu'au démantèlement, selon l'Ademe. Cela avoisine le prix de marché de l'électricité en ce mois de mai, selon les pouvoirs publics. Et "en 2035, les renouvelables seront trois à quatre fois moins chers que le nouveau nucléaire", ajoute la ministre de la Transition écologique.
Pour en arriver à une telle compétitivité, il aura fallu le soutien financier des pouvoirs publics sur la durée aux énergies renouvelables. Concernant l'impact de la présence d'éoliennes sur le prix des biens immobiliers situés à proximité, l'Ademe doit produire une nouvelle étude. La précédente, en 2010, n'avait pas montré de conséquences.