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C'est quand les champs qui entourent la commune de Martigné-Ferchaud, en Ille-et-Vilaine, ont été déclarés "zone de développement éolien" qu'un groupe de citoyens a eu l'idée d'investir dans son propre parc : "Quitte à en avoir un, autant que la richesse verte de nos vents reste locale."
Une « façon de s'approprier la transition énergétique »
Au détour d'une route de campagne, au milieu des champs, deux mâts blancs culminent à 120 mètres. Les tiges d'acier du troisième sont à plat, entourées de grues qui entament leur montage. Le quatrième est encore sous bâches. Les éoliennes du parc citoyen de Féeole devraient commencer à tourbillonner au mois de mai, 15 ans après le lancement du projet.
"Quand cet espace a été déclaré ZDE (zone de développement éolien, NDLR), on savait qu'il y aurait des candidats. Sûrement des privés, français ou peut-être allemands, comme ailleurs. On s'est dit, quitte à en avoir un, autant que la richesse verte de nos vents reste locale", retrace Michel Lemonnier, membre du groupe de citoyens à l'origine du projet.
Pour eux, le parc représente aussi une "façon de s'approprier la transition énergétique" : "L'électricité, avant de s'intéresser à sa production, n'était pas une question."
16 parcs éoliens citoyens déjà exploités en France
Le groupe, devenu société, réunit aujourd'hui 168 citoyens, qui ont apporté au projet 520 000 euros - sur les 24 millions d'investissement, principalement financés par emprunt bancaire. Parmi les autres actionnaires figurent le syndicat départemental Energ'iV et le mouvement Énergie Partagée, qui accompagne et finance les projets citoyens de production d'énergie renouvelable.
Le parc doit produire 36 GWh par an, soit 45% des besoins de la communauté de communes.
En France, 16 parcs citoyens sont déjà exploités, deux sont en construction et 22 en développement, selon Énergie Partagée.
Côté investisseurs, si la démarche "garantit des revenus stables", la rentabilité "n'est souvent pas la première motivation des citoyens", notait l'Ademe en 2024. Ceux-ci y voient d'autres bénéfices comme "des ressources économiques et énergétiques pour leur territoire (...) le maintien et la création d'emplois locaux, le développement de nouvelles compétences sur le territoire..."
« L'avantage de l'éolien citoyen, c'est aussi le dialogue »
Des arguments qui ont fait mouche à Andilly-les-Marais, en Charente-Maritime. En 2015, le maire de la commune avait éconduit un développeur éolien privé, faute d'implication et de retombées pour sa commune. Avant de lancer quelques mois plus un appel à manifestation d'intérêt, avec une participation citoyenne inscrite au cahier des charges.
Le groupe Valorem est retenu comme développeur du projet et le lance aux côtés d'une société coopérative d'intérêt collectif, la Coopec, qui réunit aujourd'hui environ 350 citoyens, et d'un fonds d'investissement de la région Nouvelle-Aquitaine. Le parc est entré en service en 2024.
"L'avantage de l'éolien citoyen, c'est aussi le dialogue. Les projets suscitent des interrogations légitimes chez les riverains, d'où l'importance des réunions publiques, des études acoustiques à domicile, des visites de terrain... Toute une organisation et une disponibilité qu'on trouve parfois dans le privé, parfois pas", explique David Clausse, directeur d'Energ'iV.
Pas d'unanimité pour autant
Reste que l'éolien citoyen ne garantit pas l'unanimité des riverains : à Riaillé, au nord-est de Nantes, un projet de parc lancé il y a plus de 10 ans par la société Eola (800 citoyens et deux projets de parc) est actuellement à l'arrêt, sous le coup de deux recours administratifs.
Dans leur requête, consultée par l'AFP, une douzaine de riverains pointent notamment du doigt une "atteinte excessive aux paysages", la concentration de projets éoliens dans un même périmètre, une "insuffisance" des études sur l'impact sonore du projet et la menace qu'il représente selon eux pour certains oiseaux.
"Notre premier objectif a toujours été d'apporter notre pierre à l'édifice de la transition écologique. Nous ne sommes pas dans une logique de rentabilité, contrairement à ce qui a pu être dit. Nous voulons faire de l'énergie verte et s'il y a un bonus, tant mieux", affirme Philippe Branchereau, l'un des citoyens à l'origine du projet.
À Martigné-Ferchaud, le projet a été "bien accepté" par ses voisins, affirme Michel Lemonnier. Un recours a toutefois été déposé par une poignée d'opposants, interrompant le processus pendant quatre ans. À quelques semaines du lancement, les citoyens attendent maintenant avec impatience de voir "leurs éoliennes" en mouvement.