Le sud de la Californie touché par une marée noire

  • AFP
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Les autorités américaines tentaient dimanche de contenir un écoulement d'hydrocarbures près des côtes de la Californie, couvrant près de 34 kilomètres carrés et dont les dégâts sur l'environnement se faisaient déjà sentir.

La marée noire aura des "conséquences irréversibles sur l'environnement", a dénoncé une responsable locale, Katrina Foley, de nombreux poissons et oiseaux morts ayant été retrouvés sur la côte. La localité la plus affectée, Huntington Beach, au sud de Los Angeles, a dû annuler le dernier jour d'un spectacle aérien, le Pacific Airshow, afin d'assurer "un accès complet et sans entraves à l'environnement marin".

L'origine de cet écoulement, estimé par la municipalité à près de 480 000 litres, n'a pas encore été déterminée avec certitude mais il s'agirait d'une fuite d'un oléoduc à environ 8 km de la côte, selon Mme Foley. De premières analyses de l'hydrocarbure ont montré qu'il s'agissait de "pétrole brut post-production", selon cette responsable.

Avertissant de la "toxicité" de cette substance, Huntington Beach a demandé aux habitants de se tenir à l'écart des zones concernées, d'éviter la plage et de ne pas se baigner. D'importants efforts d'endiguement de cette marée noire étaient en cours dimanche, les services de la ville étant à pied d'oeuvre, selon un communiqué.

"Des systèmes d'écumage et des barrages flottants ont été déployés pour empêcher que le pétrole n'atteigne la réserve écologique de Bolsa Chica et les zones humides de Huntington Beach", détaille le texte. Ces zones humides subissent toutefois déjà "des conséquences écologiques importantes", regrette-t-il.

L'opérateur de l'oléoduc en cause inculpé pour « négligence »

L'opérateur d'un oléoduc de Californie, qui avait laissé échapper du pétrole brut et pollué des plages au sud de Los Angeles début octobre, a été inculpé mercredi pour "négligence" par un procureur fédéral.

Ces poursuites pénales visent Amplify Energy, société texane exploitant cet oléoduc situé au large de Huntington Beach, et deux de ses filiales (Beta Operating Co. et San Pedro Bay Pipeline Co.), selon le communiqué du procureur.

Les autorités leur reprochent notamment de ne pas avoir réagi correctement au déclenchement d'alarmes alertant sur une fuite de pétrole, qui avaient retenti à huit reprises en l'espace de 13 heures. Malgré ces alarmes, ils ont à plusieurs reprises remis l'installation en marche, alors qu'ils n'auraient pas dû, affirme le communiqué.

"L'oléoduc, qui était utilisé pour acheminer du pétrole brut depuis différentes plateformes vers une usine de transformation à Long Beach, a commencé à fuir dans l'après-midi du 1er octobre. Mais les accusés ont continué à faire fonctionner l'oléoduc endommagé, par intermittence, jusqu'au lendemain matin", écrivent les services du procureur.

Conséquence de ce "comportement négligent", environ 95 000 litres de pétrole brut se sont échappés au large de Huntington Beach, dans les eaux fédérales, ajoutent-ils. Par ailleurs, les employés de l'entreprise n'avaient pas reçu de formation adéquate pour utiliser le système de détection des fuites et "les effectifs étaient insuffisants et fatigués".

Amplify Energy a répondu mercredi soir en affirmant que son personnel avait réagi rapidement mais avait cru à une "fausse alerte" due à un mauvais fonctionnement du système de détection. "Amplify Energy et ses employés s'engagent à assurer la sécurité de leurs opérations afin de préserver en permanence la sécurité du personnel, de l'environnement et des communautés dans lesquelles ils opèrent", a écrit l'entreprise dans un communiqué. En tant que personnes morales, les entreprises poursuivies encourent une peine de cinq ans de mise à l'épreuve et plusieurs millions de dollars d'amendes, précise le procureur.

La marée noire provoquée par la fuite de l'oléoduc avait touché 24 km de littoral entre Huntington Beach et Laguna Beach, célèbres plages au sud de Los Angeles connues autant pour leurs surfeurs que pour leurs dauphins. Des inspections sous-marines ont révélé qu'un important segment de l'oléoduc avait été déplacé, et détecté une déchirure d'une trentaine de centimètres dans le tuyau.

Les enquêteurs estiment que ces dégâts ont pu être provoqués par l'ancre d'un navire, vraisemblablement l'un des nombreux cargos qui patientent parfois des jours au large avant de pouvoir accoster dans les ports de Los Angeles et de Long Beach, parmi les plus actifs du monde.

Des inspections sous-marines ont révélé qu'un important segment de l'oléoduc avait été déplacé et détecté une déchirure d'une trentaine de centimètres dans le tuyau. "On a tiré sur l'oléoduc comme sur la corde d'un arc", a affirmé lors d'une conférence de presse Martyn Willsher, patron d'Amplify Energy, la société texane exploitant l'oléoduc et des plateformes pétrolières voisines. Selon lui, quelque 1 200 mètres de tuyaux ont ainsi été déplacés, "jusqu'à une trentaine de mètres" au point de déformation le plus prononcé, là où l'origine de la fuite a été située.

Les installations d'Amplify Energy dans la zone sont à l'arrêt et les plongeurs ont pu constater que plus rien ne fuyait de l'oléoduc endommagé. M. Willsher s'est refusé à spéculer sur la cause de ces dégâts ou à commenter la possibilité qu'il s'agisse de l'ancre d'un cargo. "C'est un oléoduc d'acier de 40 cm (de diamètre) recouvert de 2,5 cm (d'épaisseur) de béton. Ce n'est pas tous les jours qu'il se déplace de trente mètres", a-t-il toutefois lancé aux journalistes.

Les gestionnaires de l'oléoduc plaident coupable

Les gestionnaires d'un oléoduc à l'origine d'une marée noire en octobre dernier sur les côtes de Californie ont plaidé coupable de pollution et payeront près de 13 millions de dollars, ont-ils annoncé vendredi.

Amplify Energy, la société texane qui exploite cet oléoduc avec deux de ses filiales, a trouvé un accord de plaider-coupable auprès d'un tribunal fédéral, impliquant sa reconnaissance de responsabilité pour ce drame environnemental.

Les trois entreprises devront payer 7,1 millions de dollars d'amende et 5,8 millions pour compenser les coûts de dépollution. Environ 95 000 litres de pétrole brut avaient provoqué en octobre 2021 une marée noire sur 24 kilomètres du littoral Pacifique, entre Huntington Beach et Laguna Beach, célèbres plages au sud de Los Angeles connues autant pour leurs surfeurs que pour leurs dauphins.

Les autorités locales avaient fermé les plages, constellées d'oiseaux et de poissons morts échoués, certains portant des traces de pétrole. La pêche avait également été interdite dans le secteur. Des inspections sous-marines avaient révélé qu'un important segment de l'oléoduc avait été déplacé, et détecté une déchirure d'une trentaine de centimètres dans le tuyau, probablement provoquée selon les enquêteurs par une ancre de navire.

Amplify Energy assure avoir travaillé "en coopération" avec les autorités pour résoudre le problème et a donné son accord pour installer de nouveaux détecteurs de fuite et pratiquer des inspections plus régulières sur l'oléoduc. Ces entreprises "acceptent désormais leur responsabilité pour une conduite criminelle", a déclaré la procureure fédérale Stephanie Christensen.

L'accord doit encore être soumis pour approbation devant un tribunal avant d'entrer en application.

La catastrophe avait relancé le débat sur la présence de plateformes pétrolières à seulement quelques kilomètres des côtes de Californie du Sud, densément peuplées.

Au total, 23 plateformes pétrolières et gazières, pour la plupart facilement visibles depuis les plages, sont installées dans les eaux fédérales en Californie du Sud. Des écologistes ont à plusieurs reprises attiré l'attention sur la vétusté de certaines installations, rouillées et mal entretenues selon eux, et les risques que cela représentait pour l'environnement.

Impact à long terme

Les secours ont mobilisé quatorze navires spécialisés qui s'affairent depuis dimanche à récupérer autant de pétrole que possible. Quelque 18 000 litres avaient été extraits de la mer mardi matin.

"Notre priorité numéro un reste la santé humaine et la protection de l'environnement et de la faune, ainsi que de trouver et récupérer le pétrole", a déclaré Rebecca Ore, capitaine des garde-côtes californiens. Elle a souligné que la quantité exacte de brut qui s'était échappée de l'installation n'était pas connue, mais ne pouvait pas dépasser les 500 000 litres. Martyn Willsher, s'est engagé à "faire tout ce qui sera nécessaire" pour réparer l'impact de la marée noire, qui a pu être partiellement contenue par des barrages flottants déployés par les secours.

Au moins huit oiseaux marins englués dans du pétrole ont été recueillis, mais certaines réserves protégées le long du littoral ont été polluées et le bilan pourrait s'alourdir. Selon les experts, il est encore trop tôt pour évaluer les dégâts, car les conséquences sur l'environnement ne se feront pas sentir avant plusieurs jours, voire plusieurs semaines.

Le traumatisme de 1969

Les garde-côtes, qui supervisent les opérations de secours, ont quant à eux mobilisé de nombreux navires de dépollution. Quelque 12.000 litres de pétrole avaient été extraits de l'eau dimanche soir et 1 600 m de barrages flottants déployés pour contenir la nappe, ont-ils précisé.

Autorités et protecteurs de l'environnement s'inquiétaient particulièrement de l'impact de la marée noire sur les nombreuses réserves écologiques situées dans des estrans et des zones humides en bordure de la côte. La catastrophe a déjà relancé le débat sur la présence de plateformes pétrolières et d'oléoducs à proximité des côtes du sud de la Californie.

"C'est simple : là où vous forez, il y aura des fuites", a déploré le parlementaire démocrate Alan Lowenthal. "Cela va être dévastateur non seulement pour notre faune et notre écosystème marin, mais aussi pour la subsistance de nos villes côtières, qui vivent de la pêche, du tourisme et des loisirs", a-t-il déclaré dans un communiqué. "Tant que ces plateformes et oléoducs demeurent, nos villes côtières restent sous la menace de désastres potentiels comme celui-ci", avertit l'élu.

L'État de Californie et de nombreuses municipalités tentent de s'opposer par tous les moyens aux projets d'extraction pétrolière offshore depuis le traumatisme de la marée noire de Santa Barbara en 1969, avec ses plages mazoutées et les images quotidiennes de dauphins, loutres et pélicans morts englués dans un carcan de pétrole.

La Californie n'a plus concédé d'autorisation offshore depuis lors, mais sa juridiction s'arrête à environ 5 km des côtes, là où l'État fédéral prend le relais. C'est précisément dans les eaux fédérales que semble s'être produite la fuite à l'origine de la marée noire, à proximité de la plateforme Elly, construite en 1980 pour traiter le brut extrait de puits voisins.

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