Le secteur de l'électricité interpelle Michel Barnier sur la taxe en projet affectant les grandes centrales

  • AFP
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L'Union française de l'électricité (UFE) s'est prononcée contre la mise en place d'une taxe sur les installations de production évoquée par Bercy et la baisse des soutiens à l'électrification des usages (voitures, pompes à chaleur, etc), dans une lettre adressée au Premier ministre Michel Barnier.

« Contresens »

"Taxer les productions installées d'électricité dans l'Hexagone bien que décarbonées, ou encore réduire les soutiens à l'électrification des usages, serait un contresens pour le pouvoir d'achat des Français et la lutte contre le changement climatique", écrit la présidente de l'UFE, Christine Goubet-Milhaud, dans un courrier transmis mardi et dont l'AFP a pris connaissance.

"Notre système énergétique national et européen est à la croisée des chemins", poursuit-elle. "Le temps nous est compté et toute décision de court terme sans prise en compte des enjeux structurels" aura "des effets néfastes pour notre souveraineté, notre indépendance énergétique et pour les générations".

La mise en place d'une nouvelle "contribution sur les rentes inframarginales" (Crim) sur les installations de production ou centrales électriques dépassant 260 mégawatts (nucléaire, hydroélectricité, éolien, gaz) a été évoquée par le ministre démissionnaire de l'Economie Bruno Le Maire, lors d'une audition le 9 septembre devant la commission des Finances de l'Assemblée nationale.

Cette "contribution sur les rentes inframarginales" des producteurs d'électricité, qui ont engrangé de juteux profits grâce à la flambée des prix de l'énergie consécutive à la guerre en Ukraine, a rapporté 400 millions d'euros en 2022, 300 millions en 2023 et devrait générer 100 millions de recettes en 2024.

« La définition même d'une mauvaise taxe »

Cette perspective, en réflexion depuis le printemps, inquiète le secteur.

"C'est la définition même d'une taxe qui est mauvaise, un impôt de production à base étroite et à taux élevé, qui va distordre les décisions d'investissement dans un secteur qui a besoin d'investir", déplore ainsi un énergéticien interrogé par l'AFP.

"On nous taxe alors qu'on investit dans les énergies décarbonées, et la transition, c'est un contre-signal climatique, voire climaticide", peste un autre énergéticien, qui a lui aussi souhaité rester anonyme.

Agnès Pannier-Runacher, ex-ministre de la Transition énergétique et ministre déléguée à l'Agriculture du gouvernement démissionnaire, s'est elle-même prononcée contre. "Cette taxe vise une entreprise qui est 100% publique. Donc on prend de l'argent d'un côté pour le redonner de l'autre. Ca n'a pas beaucoup d'intérêt", a-t-elle déclaré sur TF1 vendredi. Et "c'est une taxe sur l'énergie décarbonée (...) ca sert à quoi par rapport au climat ?", a-t-elle ajouté.

Dans sa lettre, la présidente de l'UFE, qui représente les acteurs de l'ensemble de la chaîne de valeur du système électrique français (producteurs d'électricité, gestionnaires de réseaux de distribution et de transport, fournisseurs d'électricité...) demande notamment que soit apportée "de la visibilité et de la stabilité" au secteur.

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