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Le réseau énergétique ukrainien, déjà très fragile, a fait face dimanche à l'une des plus importantes attaques russes de ces derniers mois, des frappes faisant neuf morts et une vingtaine de blessés à travers le pays, selon les autorités.
« Nuit infernale »
Ces frappes se produisent au moment où l'Ukraine, en difficulté sur le front, craint de perdre le soutien américain avec le retour prochain de Donald Trump à la Maison Blanche.
"Une attaque combinée massive a visé toutes les régions de l'Ukraine" et ciblé "notre infrastructure énergétique", a déclaré le président Volodymyr Zelensky, faisant état de 120 missiles et 90 drones lancés.
C'était une "nuit infernale", a estimé le porte-parole de l'armée de l'air ukrainienne Iouriï Ignat, selon lequel la défense antiaérienne a abattu 144 de ces cibles. Le ministre des Affaires étrangères, Andriï Sybiga, a dénoncé "une des plus grandes attaques aériennes" lancées par la Russie.
Le ministère russe de la Défense a affirmé de son côté avoir atteint "toutes" ses cibles lors d'une attaque massive contre des "infrastructures énergétiques essentielles qui soutenaient le complexe militaro-industriel ukrainien".
10e attaque d'ampleur contre le réseau énergétique en 2024
Moscou, en multipliant ses attaques de drones et de missiles, a déjà détruit la moitié de la capacité énergétique de l'Ukraine, selon Kiev.
L'opérateur énergétique ukrainien DTEK a indiqué que certaines de ses centrales thermiques avaient été "sérieusement endommagées", sans faire de victimes parmi ses employés.
Des coupures de courant ont touché les régions de Kiev ainsi que plusieurs zones de l'ouest, du sud et de l'est, comme Odessa ou Dnipropetrovsk. Le courant commençait à être rétabli à la mi-journée dans certaines régions, selon DTEK.
Il s'agit de la dixième attaque d'ampleur contre le réseau énergétique ukrainien depuis le début de l'année, selon l'opérateur Ukrenergo.
Kiev exhorte ses partenaires occidentaux à l'aider à reconstruire son réseau électrique, et à lui fournir plus d'équipements de défense antiaérienne et d'armement.
Dimanche, des pilotes d'avions de combat F-16 ont abattu dix des cibles lancées vers l'Ukraine, a salué Volodymyr Zelensky. Ce précieux équipement militaire avait été livré cet été à Kiev après plus de deux ans d'attente.
« Réponse » de Poutine
Au total, le bilan humain de la nuit et la matinée atteint neuf morts et une vingtaine de blessés, d'après les autorités ukrainiennes.
Parmi eux, deux employés des chemins de fer Ukrzaliznytsia ont été tués et trois blessés lors du bombardement d'un dépôt à Nikopol (sud), a annoncé l'entreprise publique. Une femme a été tuée et deux personnes ont été blessées par une attaque de missiles dans la région plus rarement ciblée de Lviv (ouest), a indiqué le chef de l'administration militaire, Maksym Kozytsky.
Dans le sud, deux personnes ont été tuées, et un adolescent de 17 ans blessé, à Odessa, tandis qu'une femme a été tuée par un drone à Kherson, d'après les gouverneurs locaux. Une frappe de drones a tué deux femmes et blessé sept personnes, dont deux enfants, à Mykolaïv, selon le service des situations d'urgence.
Plusieurs personnes ont aussi été blessées dans des attaques distinctes à Kiev, à Dnipro (est), et dans les régions de Poltava (centre), Zaporijjia et Kherson (sud). Des missiles et drones russes ont même atteint la Transcarpatie, région très rarement ciblée à l'extrême ouest du pays, éloignée du front et frontalière de la Pologne et de la Hongrie.
L'armée polonaise a annoncé dimanche avoir fait décoller des avions de chasse et mobilisé des forces pour défendre son territoire, une procédure habituelle en cas de danger proche de ses frontières. Le ministre ukrainien Andriï Sybiga a estimé que les attaques constituaient la "vraie réponse" du président russe Vladimir Poutine aux dirigeants qui l'ont "appelé ou lui ont rendu visite" ces derniers temps.
Kiev s'est agacé vendredi d'un appel téléphonique entre le chancelier allemand Olaf Scholz et Vladimir Poutine, le premier depuis décembre 2022. Fin octobre, le président russe avait aussi réuni autour de lui en Russie des dirigeants mondiaux, notamment le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, pour le sommet des Brics.
Parallèlement, la récente victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine a relancé le débat sur des négociations entre Moscou et Kiev. Samedi, Volodymyr Zelensky, qui a longtemps balayé cette option, a affirmé vouloir obtenir la fin de la guerre dans son pays en 2025 par "des moyens diplomatiques".
Les positions russes et ukrainiennes restent néanmoins opposées : Kiev exclut la cession des territoires occupés par l'armée russe, tandis que Moscou la pose comme condition. Côté russe, des attaques ukrainiennes ont tué deux personnes dans les régions frontalières de Belgorod et Koursk, d'après les autorités locales.