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Le directeur général de Bpifrance Nicolas Dufourcq a assuré lundi être "toujours confiant" sur la réindustrialisation française en cours, même s'il faut "plus de tout" pour y parvenir et "redresser un peu la tendance" pour atteindre les objectifs.
"Je suis toujours confiant, mais on a toujours été lucides aussi, on n'a jamais dit que ça serait facile, ça va prendre des années", a déclaré sur BFM Business Nicolas Dufourcq, qui préside le salon Global Industrie à Villepinte (Seine-Saint-Denis) jusqu'à jeudi.
Depuis 2017, l'industrie a créé "à peu près 100 000 emplois", mais il en faudrait "600 000 de plus" pour parvenir à l'objectif d'une industrie pesant 12% du PIB après 2035, a-t-il observé: "c'est considérable" et il va "falloir redresser un peu la tendance".
"Là, on est grosso modo à plus 1,5% par an. Il faut qu'on monte à plus 3,5% par an", a-t-il constaté, ce qui signifie "plus d'ouverture d'usines." "On ouvre beaucoup d'usines innovantes, a-t-il souligné, (mais) des usines pas innovantes continuent de fermer, l'industrie, c'est comme ça, c'est plastique".
Pour atteindre l'objectif, M. Dufourcq a constaté qu'il faut "plus de tout": "plus de foncier, plus de jeunes qui deviennent ingénieurs, de filles ingénieures, d'ingénieurs dans l'industrie, parce que deux tiers des ingénieurs ne vont pas dans l'industrie, plus de techniciens sortis des BTS, d'intelligence artificielle, de capitaux", a-t-il énuméré, appelant le monde financier à "aller vers une sorte de prise de risque un peu rugissante à l'américaine sur des nouveaux projets industriels".
M. Dufourcq s'est félicité de la tenue du salon Global Industrie qui réunit 500 intervenants et présente 3 000 machines, "une occasion en or d'incarner les choses", selon lui. "On ne peut pas avoir une industrie fière d'elle-même si on n'a pas un très grand salon", a-t-il observé, soulignant que les Allemands "ont un salon extraordinaire, à Hanovre, qui est à chaque fois une démonstration de puissance".
M. Dufourcq s'est par ailleurs exprimé sur plusieurs dossiers dont celui sur l'avenir du groupe informatique Atos, indiquant que si un acheteur majoritaire de la partie stratégique de l'entreprise "souhaitait avoir Bpifrance en minoritaire, on regarderait".
Concernant Alstom, dont Bpifrance est deuxième actionnaire, il y a "un certain nombre d'équilibres bilantiels qu'il va falloir corriger. Je ne peux pas vous en dire plus parce que c'est une entreprise cotée", a-t-il indiqué. Alors que Bpifrance est également au capital de Stellantis, M. Dufourcq a démenti que l'Italie "soit oubliée" par le constructeur, comme elle l'estime.
Le patron de Stellantis, "Carlos Tavares, fait ce qu'il peut pour construire un groupe mondial en tenant compte des compétitivités relatives des différents pays, je pense qu'on peut dire que la compétitivité italienne n'est pas telle qu'on puisse fabriquer en Italie une entrée de gamme électrique", a cependant ajouté M Dufourcq.
Interrogé enfin sur la rémunération de M. Tavares, qui pourrait attendre 36,5 millions d'euros pour 2023, il a indiqué avoir "toujours dit à Carlos Tavares et à la gouvernance de Stellantis", qu'il "s'abstiendrait sur ces questions de rémunération : on est arrivé à des niveaux qui sont effectivement à l'américaine, pour un groupe qui est essentiellement américain, mais qui peuvent en effet ne pas être tout à fait compris en Europe", a-t-il conclu.