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Le Mozambique, qui peine à reprendre le contrôle d'une ville portuaire stratégique dans le nord, monte en puissance militairement pour en chasser les groupes armés djihadistes qui la contrôlent depuis trois semaines, a-t-on appris auprès de sources militaires.
Ces islamistes, récemment affiliés au groupe État islamique (EI), occupent Macimboa da Praia depuis le 12 août. Le port est utilisé notamment pour ravitailler les installations gazières du site offshore d'Afungi (60 km plus au nord), qui abrite un immense projet de gaz naturel liquéfié (GNL) auquel participe le groupe français Total. "Des actions sont déjà mises en oeuvre pour reprendre la ville", a affirmé à l'AFP l'une de ces sources, à Maputo, la capitale.
Un haut responsable militaire, basé dans le district de Palma mais qui ne peut pas être nommé car n'étant pas autorisé à parler aux médias, a reconnu que l'État n'avait pour l'instant "aucun contrôle" sur la ville. Une autre source dans la région a précisé que la reprise du port était désormais "la priorité" absolue. Des riverains affirment avoir vu des cars remplis de soldats roulant vers le nord, sur la route entre Pemba, chef-lieu de la province de Cabo Delgado, limitrophe de la Tanzanie, et la ville portuaire.
L'assaut en août contre Mocimboa da Praia, le troisième cette année, s'inscrit dans une intensification récente des attaques djihadistes. En près de trois ans, ces attaques ont causé la mort de 1 500 personnes et fait plus de 250 000 déplacés, selon des ONG et l'ONU. Lors des assauts précédents, les groupes armés n'étaient restés qu'un jour ou deux. Cette fois, le gouvernement est persuadé qu'ils se sont fondus dans la population, ce qui complique une opération militaire.
"Des terroristes se sont mélangés à la population et nous ne pouvons pas mettre en danger la vie et la tranquillité de notre population", a affirmé lundi le ministre de l'Intérieur Amade Miquidade à la presse locale. "C'est pour cette raison que les actions militaires et des forces de défense doivent être mesurées", avait-il assuré, à l'occasion d'une visite du président Filipe Nyusi à Pemba.
Depuis le début de la semaine, des responsables de quartier sillonnent le secteur pour conseiller aux habitants de quitter leur maisons pour s'installer plus au nord, vers Palma, s'attendant à une intensification prochaine des actions militaires.