Moscou accuse l'Ukraine d'avoir attaqué des infrastructures du gazoduc TurkStream

  • AFP
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La Russie a accusé lundi l'Ukraine d'avoir attaqué par les airs et sans succès des infrastructures du gazoduc TurkStream, la seule conduite d'acheminement de gaz russe en Europe depuis l'arrêt du transit le 1er janvier via le territoire ukrainien.

Attaque de 9 drones selon l'armée russe

Le secteur énergétique est un champ de bataille clé du conflit : depuis près de trois ans, la Russie est amputée d'importants revenus, le marché européen du gaz s'étant en grande partie refermé en représailles à l'assaut russe et du fait du sabotage de Nord Stream en mer Baltique en septembre 2022.

Les forces russes s'en prennent, quant à elles, très régulièrement aux installations énergétiques ukrainiennes. "Le régime de Kiev a tenté d'attaquer avec neuf drones" une station de distribution de gaz du gazoduc TurkStream dans la région de Krasnodar, dans le sud-ouest de la Russie, a affirmé lundi l'armée russe.

Selon cette source, tous ces appareils ont été abattus et la station de compression située dans la localité de Gaï-Kodzor reste fonctionnelle. Un bâtiment et quelques équipements ont été légèrement endommagés par les débris d'un drone abattu.

L'Ukraine n'a fait aucun commentaire mais elle a appelé à maintes reprises à juguler la manne pétrolière et gazière qui permet à la Russie de financer son offensive.

D'après l'armée russe, le but de cette attaque inédite était de "suspendre les livraisons de gaz vers les pays européens" via TurkStream, une conduite sous-marine en mer Noire.

La Hongrie dénonce

Inaugurée en 2020, celle-ci, capable de transporter chaque année 31,5 milliards de m3 de gaz, relie le sud de la Russie à la Turquie. De là, elle permet au géant gazier Gazprom d'alimenter l'Europe du sud-est et du sud, en particulier la Hongrie et des pays des Balkans.

Cette conduite est devenue d'autant plus important pour Moscou et ses derniers clients européens que le transit gazier via l'Ukraine a été stoppé le 1er janvier. Depuis, TurkStream est le seul gazoduc opérationnel reliant les territoires russe et européen.

Budapest, un des rares alliés européens de la Russie, a dénoncé une attaque contre un système "essentiel à l'approvisionnement en gaz naturel de la Hongrie et de l'Europe centrale".

"Toute action qui menace la sécurité de notre approvisionnement en énergie doit être considérée comme une atteinte à la souveraineté", a jugé sur Facebook le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjarto.

« Déstabilisation »

Conséquence de la forte réduction du marché européen pour ses exportations et des difficultés financières qui en résultent, Gazprom envisage désormais de vastes licenciements à son siège de Saint-Pétersbourg, selon une lettre interne dont l'authenticité a été confirmée par un porte-parole à l'AFP.

L'Union européenne, pour sa part, dit vouloir s'affranchir de tout gaz naturel en provenance de Russie à l'horizon 2027.

En attendant, les Vingt-Sept se font toujours livrer, et en quantité importante, du gaz naturel liquéfié (GNL) russe, importé par méthaniers.

Ils achètent également du GNL aux Etats-Unis. Ces derniers ont annoncé vendredi de nouvelles sanctions à l'encontre de plus de 180 navires russes ou assimilés, ainsi que de grandes compagnies pétrolières, dont Gazprom Neft et Surgutneftegas.

"De telles décisions ne peuvent pas ne pas conduire à une certaine déstabilisation des marchés internationaux de l'énergie", a dénoncé lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Dans ce contexte complexe, les Européens tentent de faire front uni dans leur soutien à Kiev, à une semaine du retour à la Maison Blanche de Donald Trump, qui a juré régler le conflit "en vingt-quatre heures", sans dire comment, et appelé à des pourparlers.

Une réunion des ministres polonais, français, allemand, italien et britannique de la Défense est prévue pour lundi en Pologne, qui joue un rôle moteur dans l'appui à l'Ukraine au sein de l'UE.

Sur le front, l'armée russe continue d'avancer dans l'est, malgré de lourdes pertes. Elle a revendiqué lundi la prise du village minier de Pichtchané, près de Pokrovsk, une ville importante pour la logistique de l'armée ukrainienne.

L'un des chefs de l'administration prorusse dans l'est de l'Ukraine, Denis Pouchiline, a quant à lui déclaré à la télévision russe Rossiya 24 qu'un vaste gisement de lithium, un minerai rare, situé près de la ville de Kourakhové, dont la conquête a été revendiquée la semaine dernière par Moscou, se trouvait désormais sous le contrôle des troupes russes.

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