La France insiste sur la reconnaissance du nucléaire comme moyen de production d'hydrogène bas carbone

  • AFP
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La France a réitéré mercredi son appel à reconnaître le nucléaire comme moyen de production de l'hydrogène bas-carbone, s'exposant ainsi à un nouvel affrontement avec l'Allemagne au sujet du rôle de l'énergie atomique.

"Le développement du marché de l'hydrogène sera retardé s'il n'y a pas d'égalité de traitement entre l'hydrogène renouvelable et l'hydrogène à faible teneur en carbone", a déclaré l'ambassadeur de France en Allemagne, François Delattre, à Berlin. "Beaucoup de progrès restent à faire sur cette égalité de traitement et nous devons nous mobiliser ensemble dans ce sens", a ajouté le représentant français alors que le sujet du nucléaire divise France et Allemagne dans plusieurs de textes "verts" en cours d'élaboration à Bruxelles.

M. Delattre s'exprimait lors d'une présentation à Berlin du futur pipeline sous-marin H2Med, qui vise à acheminer de l'hydrogène de la péninsule ibérique vers le reste de l'Europe et se présente comme "le premier corridor d'hydrogène vert à destination de l'Allemagne".

Paris s'est à plusieurs reprises opposé à Berlin au sujet du rôle de l'énergie nucléaire dans les plans énergétiques de l'Europe. Des compromis ont été trouvés cette semaine sur le dossier de la réforme du marché européen de l'électricité ou en juin sur la directive énergies renouvelables. Mais d'autres textes sont en discussion comme le "paquet gaz" qui déterminera la structure du marché de l'hydrogène, pierre angulaire des objectifs climatiques de l'UE.

La place du nucléaire est centrale dans le modèle énergétique français alors que Berlin a fermé cette année ses dernières centrales atomiques. L'Allemagne s'est ralliée en janvier au projet H2Med, dont l'élément central sera un important pipeline sous-marin reliant le port de Barcelone, au nord-est de l'Espagne, à celui de Marseille, en France.

Le gazoduc devrait être achevé d'ici 2030 et avoir une capacité annuelle de deux millions de tonnes, soit 10% des besoins estimés en hydrogène de l'Union européenne. Faire avancer ce projet "n'a pas toujours été facile" mais "nous sommes maintenant sur la bonne voie", a déclaré mercredi Franziska Brantner, secrétaire d'État au ministère allemand de l'Economie.

Lors de la cérémonie organisée à Berlin, le gestionnaire du réseau de transport de gaz allemand OGE a officiellement rejoint les opérateurs francais GRTgaz et Teréga, l'espagnol Enagás et le portugais REN et Teréga en tant que promoteur du projet H2Med.

Commentaires

Serge Rochain

C'est assurément le moyen d'obtenir l'hydrogène la plus chere du monde.
Stocker ne l'hydrogène ne peut se concevoir économiquement que si l'électricité utilisée pour l'électrolyse provient de surproductions qui seraient perdues si on ne leur trouvait pas un emploi, comme celui consistant à produire de l'hydrogène comme stock pour les mauvais jours. L'outils de production électrique par excellence est l'éolien dont on ne maitrise pas les moments de fortes production

Kader CHEICK

L'hydrogène vert doit être produite à partir de l'énergie fatale obtenue par des centrales solaires au fil fonctionnant en continue pendant la journée (au fil de l'eau).

ant

Serge et Kader : Parlez à des industriels de l'hydrogène, notamment les développeurs d'électrolyseurs (j'en connais plein) : aucun ne veut (sérieusement) entendre parler de projet de production d'hydrogène produit seulement à partir de surplus d'énergies renouvelables. Tous veulent faire tourner leurs électrolyseurs 8000 heures par an, soit un facteur de charge de 90%, et ce pour une raison très simple : la rentabilité. Donc sans nucléaire ils multiplient les PPA en mixant solaire et éolien (parfois loin !) mais dans tout les cas l'électrolyse se fait au dépend de la consommation d'électricité d'autres secteurs. La complémentarité parfaite est illusoire. En effet les électrolyseurs coûtent si chers qu'aucun projet qui se contenterait d'un facteur de charge de 20 ou 30% ne serait rentable. Même dans le Sahara, où ils veulent combiner PV et éolien, et même avec un coût quasi-gratuit du terrain, c'est très difficile de rentabiliser l'investissement seulement avec du PV. Sans compter que pour les investisseurs le ROI des projets en Afrique doit être plus élevé pour pondérer le risque pays, donc raison supplémentaire pour eux pour ne pas diminuer le facteur de charge des électrolyseurs !

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