A la centrale de Saint-Avold, le flou politique inquiète les salariés

  • AFP
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Une situation "hyper inquiétante" mais un besoin de changer d'interlocuteurs à Bercy: pour les salariés de la centrale Emile-Huchet de Saint-Avold (Moselle), l'incertitude sur le futur gouvernement renforce les craintes autour de l'avenir du site.

Avec Cordemais (Loire-Atlantique), Saint-Avold est la dernière centrale à charbon de l'Hexagone. En septembre dernier, Emmanuel Macron avait annoncé la conversion des installations à la biomasse d'ici à 2027.

Mais le projet mosellan semble depuis bloqué par Bercy, de même qu'un projet de production d'hydrogène.

"Rien ne bouge, plus rien n'avance", sauf quelques réunions en visio-conférence "pour nous occuper", déplore Thomas About, délégué CFDT à la centrale.

"Les gens sont partis en congés en n'étant absolument pas sereins", dit-il, jugeant l'ambiance "morose".

Les salariés de la centrale ont multiplié ces derniers mois les actions pour interpeller le gouvernement: manifestation, visites médiatisées de personnalités politiques comme Jordan Bardella (RN), Marine Tondelier (Les Ecologistes) ou François-Xavier Bellamy (LR), puis blocage du site en juin.

Maintenant que les élections législatives sont passées, "on va se remobiliser", assure M. About.

Mi-juin, un calendrier de rencontres tripartites avait été fixé à Bercy entre "les services de l'Etat, l'entreprise et les partenaires sociaux", ainsi qu'avec la direction générale de l'énergie et du climat, instance qui restera en place quels que soient les dirigeants politiques à venir.

Mais il n'y a aujourd'hui "aucun calendrier", déplore le délégué syndical, qui dit sa hâte, à la suite des élections, "qu'on puisse discuter avec d'autres personnes".

L'incertitude sur les délais de nomination d'un nouveau gouvernement est "hyper inquiétante, mais on a besoin du changement", dit-il.

"Notre actionnaire nous laisse jusqu'à la fin 2024 pour avoir une stratégie claire", selon lui. "Sinon, il coupera lui-même la branche."

GazelEnergie, propriétaire de la centrale, est une filiale du groupe EPH de l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky.

Attendre "octobre, novembre, qu'un gouvernement soit formé, que les gens prennent acte des dossiers, c'est impossible", disait en juin à l'AFP David George, représentant CFDT.

Les employés vont se constituer, dans les prochaines semaines, en "Association des travailleurs de la centrale Emile-Huchet", a par ailleurs indiqué M. About.

"Le gouvernement travaille depuis plusieurs mois sur la reconversion du site de Saint-Avold, avec l'entreprise GazelEnergie et avec les salariés" a indiqué à l'AFP le ministère de l'Industrie, précisant que "les projets industriels sont nombreux, mais certains encore trop peu matures".

"Rien n'est bloqué", assure le ministère. "On s'est donné avec la CFDT une échéance claire: à l'automne, avoir stabilisé le plan complet qui permettra d'assurer la reconversion du site, la dynamique du territoire et la continuité d'activité des salariés concernés".

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