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La Bulgarie a commencé à recevoir cette semaine du gaz azéri de la mer Caspienne, un pas important vers la diversification de ses sources alors qu'elle dépendait jusqu'ici presque entièrement des livraisons russes. "Nous pouvons déclarer aujourd'hui une diversification totale" des sources de livraison et de transit de gaz, s'est félicité vendredi le Premier ministre Boïko Borissov.
Le pays est en train de construire dans cette optique un gazoduc vers la Grèce pour se raccorder au projet Tap (Trans Adriatic Pipeline), destiné à acheminer vers l'ouest de l'Europe du gaz provenant de la mer Caspienne. Les travaux ont toutefois pris du retard. En attendant, les premières quantités de gaz azéri sont livrées via un autre pipeline normalement utilisé pour transporter du gaz russe en Grèce, a expliqué le directeur de la société Bulgargaz, Nikolay Pavlov.
La Bulgarie aura recours à cette solution temporaire pendant au moins 10 mois, selon M. Borissov, dont la visite à Petritch (sud-ouest), non loin de ce gazoduc, était diffusée sur Facebook. Les autorités ont signé un contrat de 25 ans avec l'Azerbaïdjan portant sur un milliard de m3 de gaz par an, ce qui correspond à un tiers de la consommation annuelle du pays.
Dans ce même objectif de diversification, la Bulgarie reçoit depuis l'an dernier de petites quantités de gaz liquide américain et devrait être approvisionnée davantage à compter de 2022, via un terminal en cours de construction en Grèce qui lui apportera aussi du GNL du Canada.
Pour l'heure, Sofia reste largement dépendante de la Russie. Outre le gaz fourni pour son propre usage, elle s'affirme aussi en pays de transit : le gazoduc TurkStream a ainsi été prolongé sur son territoire, afin de fournir du gaz russe à l'Europe centrale en contournant l'Ukraine, pays avec lequel Moscou est en conflit ouvert.
En réponse aux critiques des États-Unis, le gouvernement bulgare assure que cette infrastructure, qui a nécessité un investissement de 1,1 milliard d'euros, ne constitue qu'un élargissement de son réseau gazier national et tient à la nommer "Balkan Stream". "Balkan Stream fonctionne", s'est borné à dire M. Borissov, alors que cette extension a été inaugurée vendredi en Serbie. Jusqu'à 16 milliards de m3 de gaz russe devraient être acheminés à terme via ce tuyau long de plus de 400 km.
Washington a prévu des sanctions contre les entreprises associées à la construction des gazoducs TurkStream et Nord Stream 2, estimant que ces ouvrages vont accroître la dépendance des Européens au gaz russe et ainsi renforcer l'influence de Moscou.