Hydrogène : TotalEnergies va s'approvisionner auprès du géant américain Air Products pour décarboner ses raffineries européennes

  • AFP
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TotalEnergies va s'approvisionner en hydrogène propre auprès du groupe américain de gaz industriels Air Products, qui s'est engagé à lui en fournir 70 000 tonnes par an à partir de 2030 et pendant 15 ans pour décarboner ses raffineries de pétrole en Europe.

« Un tremplin vers notre objectif de décarbonation de l'hydrogène »

Cet accord de long terme avec Air Products, le premier signé dans le cadre de l'appel d'offres lancé l'an dernier par le pétrolier français, "constitue un tremplin vers notre objectif de décarbonation de l'hydrogène utilisé dans nos raffineries en Europe du Nord d'ici la fin de la décennie", a commenté le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné dans un communiqué.

TotalEnergies avait lancé en septembre 2023 un appel d'offres géant pour la fourniture de 500 000 tonnes d'hydrogène vert par an afin d'alimenter ses six raffineries et deux bioraffineries en Europe.

Ce contrat est une "première étape", souligne le pétrolier français qui ne donne aucune donnée chiffrée sur les prix d'achat de l'hydrogène vert qu'il a consenti, une donnée pourtant clé pour un secteur industriel qui peine à émerger.

Car l'hydrogène est déjà largement utilisé dans le domaine pétrolier pour désulfurer les carburants, mais il s'agit la plupart du temps d'hydrogène "gris" au bilan carbone catastrophique : près de 10 tonnes de CO2 sont émis par tonne d'hydrogène produit lors du réformage du gaz methane (CH4), ce qui alimente le réchauffement des températures sur la planète.

L'hydrogène propre nécessaire pour décarboner au moins partiellement le secteur pétrolier responsable du réchauffement climatique, est issu lui de l'électrolyse de l'eau, c'est-à-dire la séparation par un courant électrique des deux éléments qui constituent la molécule d'eau (H20), et a besoin d'utiliser de l'électricité décarbonée. Mais son coût de production est beaucoup plus élevé que celui de l'hydrogène gris.

Éviter l'émission d'environ 700 000 tonnes de CO2 par an

Le groupe a simplement précisé que l'accord allait lui permettre d'éviter l'émission "d'environ 700 000 tonnes de CO2 par an" et d'avancer sur son objectif de réduire de 40% ses émissions nettes de gaz à effet de serre (scope 1 et 2) en 2030 par rapport à 2015.

TotalEnergies compte aussi "contribuer à l'émergence d'une filière hydrogène vert", domaine dans lequel Air Products s'est engagé depuis sept ans.

"Nous avons toujours cru que si nous rendions l'hydrogène propre disponible à l'échelle commerciale, la demande serait là", a commenté le PDG d'Air Products Seifi Ghasemi cité dans le communiqué en exprimant "son admiration pour la vision et le courage de M. Pouyanné en tant que précurseur vers la création d'un avenir plus propre pour le monde".

Parallèlement à cet accord global, TotalEnergies va devenir lui-même fournisseur d'électricité verte pour Air Products. L'accord prévoit un contrat de vente d'électricité (PPA) de 150 MW par un projet solaire au Texas menée par TotalEnergies.

Commentaires

C'est cela oui

Des éclaircissements sur le caractère vert et l'origine géographique de cet hydrogène seraient bienvenus. La production par électrolyse étant toujours extrêmement chère, il y a fort à parier que la décarbonisation se fait par CCS, et le plus probable en utilisant le CO2 dans de l'EOR aux US, c'est à dire pour extraire plus de pétrole, qui émettra plus de CO2. Les exemples de greenwashing ne manquent pas dans le secteur, malheureusement

esperluette

Effectivement, Total tente encore de nous enfumer. Ce groupe aime ripoliner sa façade en vert, mais derrière les coulisses, les horreurs restent présentes.

Luc-Emmanuel C…

Arrêtez vos commentaires partisans et ridicules. L'article parle de production d'hydrogène et ce n'est pas pour faire du stockage de CO2, ou alors, messieurs ou mesdames, expliquez moi où cet hydrogène sert dans le procédé de captage (mais faites attention à ce que vous dites car je connais ce procédé et celui d'électrolyse plutôt bien).
Je ne dit pas que TotalEnergies ne souhaite pas faire de captage de CO2 (ce qui est toujours mieux que de ne pas en faire, sur certains procédés sur lesquels l'utilisation d'hydrogène ou d'électricité n'est pas possible dans l'état actuel des choses) mais là, l'article parle de production d'hydrogène, donc ne mélangez pas tout car cela montre clairement votre ignorance du sujet. Et quand on ne sait pas, on a la décence de se taire.

C'est cela oui

Ne vous inquiétez pas, je sais me taire moi quand je ne connais pas.
Il n'y a pas beaucoup de façons de produire de l'hydrogène bas-carbone à l'échelle de taille du raffinage. Soit effectivement de l'électrolyse alimentée par renouvelables ou nucléaire, avec des coûts comparativement excessifs seulement possibles dans un cadre ultra-subventionné ou par des caprices des "sultans-des-mille-et-une-nuits" (exemple NEOM au KSA). Soit par une production à partir de combustibles fossiles, typiquement par vaporeformage du gaz naturel, qui émet du CO2 du process et de combustion (procédé endothermique), et doit être combinée à un captage total ou partiel du CO2 émis (et ensuite stockage) pour devenir bas-carbone. Certains appellent ça le blue-hydrogen.
Je ne parle pas de Total, ils sont juste acheteurs d'hydrogène pour de la désulfuration dans leur raffinage, et ils sont contents d'externaliser tout ce qu'ils peuvent de leur scope 1 (au sens du GHG Protocol).
La question est comment Air Products ramène son hydrogène bas-carbone chez Total. Alors ils récupèrent bien de l'ammoniaque chez NEOM grâce aux largesses de MBS, ça peut être le craquage de cet ammoniaque à l'arrivée à la raffinerie une de leurs sources d'hydrogène décarboné. Mais aussi Air Products investit deux méga-projets de production combinés au CCS en Louisiana (avec l'IRA des contribuables US), et participe avec son vaporeformeur de Rotterdam au consortium qui a obtenu 2 milliards du gouvernement néerlandais pour faire du CCS. Et voilà le lien hydrogène-CCS. Maintenant vous serez mieux informé.

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