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La plus haute juridiction de l'ONU a ordonné vendredi au Venezuela de s'abstenir de toute action qui modifierait le statu quo dans l'Essequibo, à la veille de la tenue d'un référendum sur la région du Guyana très riche en pétrole que Georgetown craint de voir annexée par son voisin.
La Cour internationale de justice (CIJ), qui siège à La Haye, a enjoint à Caracas de "s'abstenir d'entreprendre toute action qui modifierait la situation prévalant dans le territoire en litige", sans mentionner dans la mesure urgente prononcée la consultation vénézuélienne imminente.
Caracas revendique depuis des décennies cette zone de 160.000 km2 représentant plus des deux tiers du territoire du Guyana et où vit environ un cinquième de sa population, soit quelque 125.000 personnes.
Le référendum du 3 décembre est censé porter sur le rejet d'une décision de justice remontant à 1899 qui fixe la frontière du pays avec le Guyana, ancienne colonie de la Grande-Bretagne et des Pays-Bas.
Lors d'audiences plus tôt ce mois-ci devant la cour, le Guyana a estimé que celui-ci constituait une "menace existentielle".
Le pays a ainsi demandé à la juridiction de contraindre le Venezuela à arrêter "de toute urgence" le référendum "sous sa forme actuelle" et à s'abstenir de toute action visant à prendre le contrôle du territoire.
La revendication du Venezuela est devenue encore plus brûlante depuis la découverte de pétrole dans l'Essequibo par ExxonMobil en 2015.
Une nouvelle et importante découverte d'or noir a eu lieu le mois dernier dans la région, ajoutant aux réserves du Guyana au moins dix milliards de barils, soit plus que celles du Koweït ou des Emirats arabes unis.
Le Guyana dispose des plus importantes réserves de pétrole par habitant au monde. Le Venezuela possède pour sa part les plus importantes réserves prouvées de la planète.
- "Pays de paix" -
La CIJ statue sur les différends entre Etats, mais si ses décisions sont juridiquement contraignantes, elle n'a pas le pouvoir de les faire appliquer.
Caracas a salué le verdict vendredi. "La CIJ rejette les mesures demandées par la Guyane concernant la suspension du référendum consultatif", a déclaré sur X Alfred Nazareth, ministre des Communications.
Les Vénézuéliens doivent se voir demander dimanche s'ils rejettent l'accord de 1899 qui leur aurait été "imposé de manière frauduleuse".
La consultation est censée porter aussi sur la question de savoir si le Venezuela doit continuer à rejeter toute compétence de la CIJ sur le différend et si le pays doit donner aux habitants du territoire la citoyenneté vénézuélienne.
Le Guyana estime que ce référendum permettrait au Venezuela de s'emparer de la région de l'Essequibo et de l'annexer de manière "unilatérale et illégale", lui causant un "préjudice irréparable".
Georgetown a également accusé le Venezuela d'avoir lancé des préparatifs militaires en vue de l'annexion, ce que Caracas dément.
"Le Venezuela réaffirme son rejet catégorique de l'action audacieuse du Guyana pour interférer dans ses affaires intérieures", avait déclaré mi-novembre la vice-présidente vénézuélienne Delcy Rodriguez devant la CIJ.
Elle a souligné que sa présence ne signifiait pas que son pays reconnaît la compétence de la juridiction dans cette affaire.
Interrogée sur ce que les habitants de la région pourraient attendre après le vote du 3 décembre, elle a déclaré à l'AFP: "Ils connaissent le Venezuela. Ils savent que le Venezuela est un pays de paix".