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Le géant russe Gazprom a annoncé samedi qu'il cesserait de livrer du gaz à la Moldavie au 1er janvier suite à un différend financier avec cette ex-république soviétique venant de réélire une présidente pro-européenne.
"Gazprom va introduire une réduction à zéro m3 par jour de ses livraisons de gaz naturel à la République de Moldavie, à compter du 1er janvier 2025 à 05H00 GMT", a-t-il indiqué dans un communiqué.
Sa décision est "liée au refus de la partie moldave de régler ses dettes", stipule le groupe, qui "se réserve le droit" de décider d'autres actions, dont celle de mettre fin à son contrat de gaz avec la Moldavie, pays parmi les plus pauvres d'Europe.
Le Premier ministre moldave Dorin Recean a dénoncé sur Facebook une "tactique d'oppression", la Russie usant de "l'énergie comme d'une arme politique" pour laisser des habitants "sans lumière ni chauffage en plein hiver".
Mais selon lui, la Moldavie est "prête à faire face" à partir d'autres sources d'approvisionnement.
Le Parlement moldave avait approuvé l'instauration d'un état d'urgence pour une durée de 60 jours, à partir du 16 décembre, en prévision de cette interruption attendue des livraisons.
Vendredi, le gouvernement avait annoncé des mesures drastiques pour réduire la consommation d'électricité dans le pays à partir du 1er janvier, notamment en limitant les éclairages et en décalant les horaires de production industrielle des heures de pointe de consommation des ménages.
Atteindre la sécurité énergétique est une priorité pour cette ex-république soviétique de 2,6 millions d'habitants candidate à l'adhésion européenne.
Son différend commercial avec Gazprom est antérieur à l'invasion russe de l'Ukraine et concerne la filiale Moldovagaz, détenue à 50% par le groupe russe.
Après avoir brutalement augmenté ses tarifs en 2021, le géant russe a réclamé plus de 700 millions de dollars à Chisinau, qui a toujours refusé de payer.
La Moldavie a commandé un audit à deux cabinets occidentaux ayant estimé sa dette à 8,6 millions de dollars, soit près de dix fois moins.
Située entre la Roumanie et l'Ukraine, elle recevait avant l'invasion du gaz russe transitant par l'Ukraine.
Après le début du conflit, seule la région séparatiste prorusse de Transdnistrie continue d'être alimentée, mais sa centrale thermique permet toujours de fournir de 30% de l'électricité consommée par tout le pays.
Malgré ce contexte tendu, la première présidente moldave pro-européenne Maia Sandu a été investie fin décembre pour un second mandat, après un scrutin assombri par des accusations d'ingérence de Moscou.
La décision de Gazprom intervient alors que la fébrilité gagne une partie de l'Est de l'Europe. L'Ukraine a en effet annoncé son intention de ne pas renouveler le contrat la liant jusqu'au 31 décembre à la Russie pour faire transiter son gaz.
Un tournant qui affectera la Slovaquie et la Hongrie, ces deux pays restés proches du Kremlin malgré leur appartenance à l'UE et à l'Otan souhaitant continuer d'acheter du gaz russe.
La Slovaquie a menacé Kiev de représailles vendredi.
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