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L'Agence française pour la biodiversité (AFB) a annoncé mardi avoir donné son feu vert "avec réserves" au projet de parc éolien en mer du Tréport (Seine-Maritime), contesté notamment par les pêcheurs locaux qui s'inquiètent de l'impact sur une zone très poissonneuse.
L'avis conforme du Conseil d'administration de l'Agence était nécessaire pour la poursuite du projet car une partie de son périmètre se trouve dans le Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d'Opale, qui dépend de l'AFB.
Le groupe Engie et ses partenaires, le groupe ibérique EDPR et la Caisse des Dépôts, ont remporté en 2014 l'appel d'offres pour la construction et l'exploitation de ce parc éolien en mer de près de 500 mégawatts. Le projet prévoit l'installation de 62 éoliennes au large du Tréport à partir de 2019, pour une mise en service partielle d'ici 2021.
Engie, qui est en train de développer un autre parc éolien en mer près de l'île de Noirmoutier, s'était inquiété en janvier de l'éventualité d'un avis défavorable de l'AFB qui aurait été "un signal très négatif" pour la filière éolienne en mer française. "La décision du conseil d'administration est une position d'équilibre, et le résultat d'une vraie concertation avec les différents acteurs du projet", a commenté dans un communiqué le président de l'AFB Philippe Martin, estimant que les inquiétudes émises par le Parc national marin avaient été entendues.
En octobre, après une analyse des mesures visant à "éviter, réduire et compenser" le risque d'impacts du projet sur le milieu marin, le conseil de gestion du Parc naturel marin avait rendu un avis "défavorable" sur le projet, poussant Engie à présenter en décembre un projet modifié.
Engie avait notamment proposé de relever de 15 mètres les éoliennes afin de minimiser les risques de collision avec les oiseaux, mais aussi d'arrêter les travaux d'installation des pieux servant aux fondations des éoliennes pendant les 4 mois correspondant à la période de nidification des espèces marines.
Le groupe s'est également engagé à utiliser une technique permettant de réduire de 50% le relargage de métaux lourds dans l'eau lié à la corrosion des pieux. Il doit enfin renforcer les moyens du groupe d'intérêt scientifique censé suivre la mise en place de ces mesures, dont le budget passera de 650.000 euros à 8 millions d'euros, avait indiqué en décembre Engie à l'AFP.
Ce "nouveau projet" permet "de mieux concilier l'indispensable développement des énergies marines renouvelables et la prise en compte tout aussi indispensable de la préservation de la biodiversité marine", a commenté M. Martin, soulignant malgré tout que les responsables de l'AFB seraient "très vigilants sur la mise en oeuvre des recommandations et réserves".
Les porteurs du projet devront notamment "compléter certains suivis pour une amélioration des connaissances des différents impacts" et "envisager un arrêt des machines en cas de forte mortalité" des oiseaux marins et chauve-souris. Malgré les engagements d'Engie, les comités régionaux des pêches maritimes de Normandie et des Hauts-de-France avaient répété la semaine dernière leur opposition à ce parc éolien.
Sole, rouget, seiche, turbot... "En aucun cas les petits navires de pêche ne pourront se passer de cette zone de pêche", "la plus poissonneuse de la Manche", dénonçaient-ils dans un communiqué commun.