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Le spécialiste danois des énergies renouvelables Ørsted, fragilisé par ses difficultés aux États-Unis, a annoncé vendredi la démission immédiate de son patron et son remplacement par un vétéran en place depuis 13 ans dans le groupe.
« Une situation de plus en plus difficile »
Mads Nipper, arrivé il y a quatre ans, démissionne de son poste de directeur général et est remplacé par son adjoint Rasmus Errboe, a annoncé Ørsted.
Le groupe dresse un sombre tableau de l'éolien qui fait face à "une situation de plus en plus difficile" aggravée par la décision de l'administration Trump de geler les permis d'exploitation de tous les projets d'éolien.
Les difficultés vont "des goulets d'étranglement de la chaîne d'approvisionnement à l'augmentation des taux d'intérêt, en passant par l'évolution du paysage réglementaire", ce qui "implique un changement d'orientation", a souligné la présidente de son conseil d'administration Lene Skole.
Ørsted a annoncé le 20 janvier d'importantes dépréciations (1,6 milliard d'euros) en raison de la hausse des taux d'intérêt et de retards dans un projet d'éolien en mer aux Etats-Unis. Cette annonce est intervenue alors que le groupe avait à peine un an auparavant annulé un immense projet de ferme éolienne offshore aux Etats-Unis et rendu public des dépréciations de 3,8 milliards d'euros.
"Lorsque les choses vont aussi mal que chez Ørsted, c'est comme au football, il faut virer l'entraîneur", résume l'analyste de Sydbank, Jacob Pedersen. Le titre - dont le cours a chuté de quelque 80% depuis janvier 2021 - "reflète le manque de confiance des investisseurs dans la capacité d'Ørsted à redresser la barre", note-t-il.
« Trump, une mauvaise nouvelle »
Le projet éolien offshore Sunrise Wind, à environ 30 miles à l'est de Montauk (Etat de New York, nord-est des Etats-Unis), fait face à des retards liés à la chaîne d'approvisionnement, représentant un tiers des dépréciations annoncées en janvier.
Pour Ørsted, qui doit publier ses résultats annuels le 6 février, "Trump est une mauvaise nouvelle, mais il lui reste un vaste portefeuille de projets européens à réaliser", avance M. Pedersen.
Premier groupe à avoir investi massivement dans l'éolien en mer aux Etats-Unis, Ørsted avait remporté des projets à prix fixes dans un environnement de taux bas, qui sont devenus non-rentables sous l'effet combiné de la hausse des coûts de construction et des taux d'intérêt.
Ørsted est l'un des rares géants du pétrole et du gaz à s'être transformé radicalement pour devenir un spécialiste des énergies renouvelables.
Il est passé en moins de 15 ans - de 2010 à 2024 - d'une production tirée essentiellement des énergies fossiles à une activité composée à 97% d'énergies renouvelables, mais ses déboires ont fait plonger le titre depuis 2021.
Seule consolation, le géant pétrolier norvégien Equinor a acheté une part de 9,8% du groupe en octobre.
Appel d'offres de l'État danois prévu au printemps 2026
Conscient des difficultés de son champion, l'Etat danois actionnaire à 50,1% a annoncé ce vendredi qu'il pourrait apporter une aide d'Etat pour garantir 2 à 3 GW d'éoliennes en mer, avec un appel d'offres lancé au printemps 2026.
"Les conditions pour l'éolien en mer ont évolué négativement ces dernières années", a déclaré Lars Aagaard, ministre du Climat et de l'énergie lors d'une conférence de presse.
Le gouvernement tire ainsi les leçons de l'échec de l'appel d'offres pour les premières parcelles du parc éolien offshore en mer du Nord, censé avec 6 gigawatts (GW) devenir le plus grand du pays, mais qui n'a reçu aucune offre en décembre.
Copenhague entend aussi développer l'hydrogène, un secteur dans lequel Ørsted s'était aventurer avant de se concentrer sur son corps de métier, en investissant une somme proche du milliard de couronnes dans un pipeline à hydrogène vers l'Allemagne, a dit M. Aagaard.
