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Emmanuel Macron, qui avait été le premier président français à se rendre en Mongolie, a reçu jeudi son homologue Ukhnaa Khurelsukh lors d'une visite qui a permis de débloquer un accord d'envergure en vue de l'exploitation d'une grosse mine d'uranium par le français Orano.
Tapis rouge, garde républicaine, avant un banquet à l'Elysée : c'est avec le faste d'une visite d'État qu'a été accueilli à Paris le chef de l'État mongol, à la tête d'un vaste pays enclavé entre la Chine et la Russie. En mai à Oulan-Bator, lors d'un entretien dans la yourte présidentielle, Emmanuel Macron avait défendu la cause du groupe nucléaire français Orano, déjà présent dans le pays et candidat à l'extraction de ce qui peut potentiellement être l'une des mines d'uranium les plus importantes au monde.
Malgré "le retour des crises" géopolitiques dans le monde, "nous sommes parvenus à construire tout au long de l'année un partenariat privilégié", "fondé sur le renforcement de la souveraineté et un même attachement aux valeurs universelles et à la démocratie", s'est félicité jeudi le président français.
"Cette nouvelle étape" va "se concrétiser par des projets qui visent à exploiter ensemble les ressources identifiées sur le territoire mongol, en particulier les métaux critiques au cœur de la transition énergétique", a-t-il ajouté, promettant le "strict respect des meilleurs standards environnementaux et sociaux". Sous les yeux des deux présidents, Orano et le gouvernement mongol ont donc signé un protocole en vue d'exploiter la mine de Zuuvch-Ovoo, dans le sud-ouest de la Mongolie - préalable à un accord d'investissement formel attendu d'ici la fin de l'année.
« Troisième voisin »
À Paris, on avance que ce projet pourrait représenter jusqu'à 4% de la production mondiale d'uranium. Une source au fait des discussions l'avait estimé en juin à "plus d'un milliard d'euros". L'ex-Areva, spécialiste du combustible nucléaire, a salué la montée en puissance de la Mongolie "dans un contexte de forts besoins en uranium ces prochaines décennies" pour produire de l'énergie bas carbone.
Ce projet s'inscrit dans "la stratégie de diversification des activités minières du groupe", s'est félicité dans un communiqué Claude Imauven, président du conseil d'administration d'Orano, dont la filiale Somaïr a dû cesser sa production de concentré d'uranium au Niger après le coup d'Etat militaire de fin juillet.
Autre accord conclu jeudi : le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) français a signé une lettre d'intention pour le projet "LiMongolia". "C'est un accord de pré-exploration préliminaire sur une durée de six mois, pour la création d'ici le printemps prochain de cartes de prédictivité minière à partir d'images satellites, dans le domaine du lithium", a expliqué Jean-Claude Guillaneau, responsable des partenariats internationaux au BRGM, évoquant "un bassin de plusieurs milliers de kilomètres carrés au sud d'Oulan Bator". Un premier pas, selon l'Elysée, vers une possible exploitation conjointe.
La présidence française assure vouloir "renforcer" son partenariat pour donner à la Mongolie "les moyens de bénéficier d'une plus grande souveraineté stratégique" face à ses "deux voisins extrêmement puissants", dirigés par des gouvernements autoritaires.
"La Mongolie considère la France comme son troisième voisin et un partenaire fiable en Europe", a d'ailleurs lancé jeudi Ukhnaa Khurelsukh, en référence au nom de sa stratégie visant à nouer des liens étroits avec d'autres capitales que Pékin et Moscou.
Sa visite est également placée sous le signe de la culture: le président mongol doit inaugurer vendredi à Nantes une exposition consacrée à Gengis Khan, le fondateur de l'empire mongol. Emmanuel Macron avait visité le musée Gengis Khan lors de sa propre visite à Oulan-Bator.