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La demande mondiale d'électricité a connu en 2021 une croissance sans précédent, poussant les prix et les émissions de gaz à effet de serre du secteur à des niveaux records, une tendance appelée à se maintenir si le secteur ne procède pas plus rapidement à des transformations profondes, met en garde vendredi l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
Alimentée par la reprise économique et des conditions climatiques plus marquées qu'en 2020, la demande a crû en 2021 de plus de 6%, dépassant le bond enregistré en 2010 lors de la reprise post-crise financière. Dans l'absolu, c'est une croissance annuelle inédite, avec plus de 1 500 térawattheures supplémentaires appelés, souligne l'AIE dans son rapport sur le marché de l'électricité.
La production électrique issue du charbon (+ 9%) et du gaz (+ 2%) a atteint un sommet, en dépit de la forte croissance des énergies renouvelables (+ 6%, solaire et éolien surtout).
Cette situation a conduit à un record d'émissions de CO2 du secteur électrique - en hausse de 7% alors qu'elles reculaient depuis deux ans. Le charbon a répondu à plus de la moitié de la demande supplémentaire, pour cause de forte hausse des prix du gaz.
L'index de l'AIE qui suit les prix de gros sur les principaux marchés a quasiment doublé par rapport à 2020 (+64% par rapport à la moyenne des années 2016-2020). En Europe, les prix moyens au dernier trimestre avaient presque quadruplé par rapport à la période 2015-2020. Une forte hausse constatée aussi au Japon et en Inde, plus modérée aux Etats-Unis, moins affectés par les perturbations dans l'offre de gaz.
Or "en l'absence de changements structurels plus rapides dans le secteur, la demande croissante d'électricité ces trois prochaines années pourrait entraîner une volatilité additionnelle du marché et le maintien d'émissions élevées", prévient l'AIE.
"Les émissions liées à l'électricité doivent baisser de 55% d'ici 2030 selon notre scénario de neutralité carbone à 2050. Mais en l'absence de mesures fortes des gouvernements, elles devraient rester au même niveau qu'aujourd'hui ces trois prochaines années", alerte le directeur de l'institution, Fatih Birol. "Les décideurs doivent agir maintenant, pour amortir l'impact sur les plus vulnérables et s'attaquer aux causes sous-jacentes. Plus d'investissements dans les technologies bas-carbone (renouvelables, nucléaire, efficacité énergétique), et le développement de réseaux robustes et intelligents, peuvent nous aider à sortir des difficultés actuelles", a-t-il souligné.
Environ la moitié de la croissance de la demande l'an dernier est venue de Chine (+10%), qui a même souffert, comme l'Inde, de coupures de courant liées à une pénurie de charbon.