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Le PDG d'EDF, désormais sous le contrôle à 100% de l'Etat, s'est dit prêt jeudi à vendre son électricité par le biais de contrats de long terme, y compris avec ses concurrents fournisseurs d'énergie, pour favoriser les investissements dans ses propres moyens de production.
Les contrats à long terme, "c'est la meilleure façon de créer de la visibilité de long terme pour le consommateur comme pour le producteur", a déclaré Luc Rémont lors du colloque annuel de l'Union française de l'électricité (UFE), le jour où le fleuron énergétique entre dans une nouvelle ère avec la montée à 100% de l'Etat dans son capital et donc sa renationalisation complète.
"Nous sommes prêts à former des contrats de long terme avec l'ensemble des clients. (...) Sous réserve que nous trouvions un cadre d'opérations pour EDF qui soit évidemment équilibré dans le long terme, nous considérons les fournisseurs d'énergie et les autres investisseurs dans l'énergie comme des clients ou des partenaires", a-t-il ajouté, au côté de ses concurrents Engie et TotalEnergies.
"Les fournisseurs d'électricité peuvent parfaitement devenir le partenaire d'EDF. On n'a pas besoin de règlements d'Etat, on peut très bien rentrer dans des relations commerciales", a acquiescé de son côté Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies.
"La durée a une valeur puisqu'elle permet de lancer des investissements et se traduit dans le prix", a-t-il appuyé.
EDF défend les contrats de long terme qui lui permettraient de fixer plus librement les prix de sa production nucléaire, aujourd'hui largement régulée, alors qu'il doit affronter un mur d'investissements, comme la construction de 6 nouveaux réacteurs et l'accélération dans les énergies renouvelables, dont l'hydroélectricité.
"Former ces prix à long terme, c'est une façon pour le consommateur, tous les consommateurs, les très gros et les petits, de voir leur prix atterrir et ne plus être victimes d'une volatilité qui est dictée par des phénomènes exogènes. Pour les producteurs, c'est évidemment la façon d'avoir une forme de visibilité sur leurs revenus qui déclenche l'investissement", a plaidé Luc Rémont.
EDF attribue une large part de ses grandes difficultés financières au mécanisme dit de l'Arenh qui l'oblige à vendre de grands volumes d'électricité nucléaire bon marché à ses concurrents fournisseurs d'électricité et aux grands industriels, pour être dans les clous des règles de la concurrence à Bruxelles. Ce mécanisme arrive à échéance fin 2025, mais aucun dispositif n'est encore prévu pour le remplacer.
Or le temps presse pour les grands industriels qui achètent leur électricité à l'avance et demandent de la visibilité. EDF s'est dit cependant en mesure de leur proposer des offres pour 2026.
Le gouvernement entend "proposer un nouveau cadre de régulation (...) d'ici la fin 2023" pour "garantir le prix le plus juste possible de l'électricité", a déclaré le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire en clôture du colloque. "Il doit permettre à la fois de protéger des consommateurs pour qu'ils ne soient pas exposés à la flambée des prix (...) et de garantir à notre industrie un avantage comparatif tout en finançant l'évolution de notre système électrique", a-t-il ajouté.
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