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Nouveau retard pour l'EPR de Flamanville : EDF a annoncé lundi qu'il faudrait attendre trois mois supplémentaires pour voir son nouveau réacteur alimenter le réseau électrique, lequel ne recevra pas ses premiers électrons avant "la fin de l'automne", alors que l'électricien tablait jusqu'ici sur la fin de l'été.
« Fin de l'automne » pour le couplage
L'énergéticien a annoncé de manière concomitante avoir reçu le feu vert de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour lancer la production des premiers électrons de l'EPR, avec douze ans de retard sur le calendrier initial.
Mais le "couplage", soit les opérations de raccordement au réseau qui permettront aux foyers français de bénéficier de l'énergie du réacteur le plus puissant (1 600 MW), le 57e du parc, devra encore attendre.
"Un programme d'essais permettant d'atteindre un niveau de puissance de 25% sera mis en œuvre", palier lors duquel l'EPR "sera connecté au réseau électrique national pour la première fois et produira alors de l'électricité", une échéance "prévue d'ici la fin de l'automne 2024", a précisé le groupe dans un communiqué.
La première réaction en chaîne de fission nucléaire devrait néanmoins intervenir dès ce mardi : "les équipes de nuit, qui attaquent finalement leur poste de travail à 21h00 vont engager l'action physique" qui va amener le réacteur à être "dans cet état de réaction nucléaire initiée et entretenue stable", a indiqué à la presse Régis Clément, directeur adjoint de la division production nucléaire du groupe français.
L'opération devrait "prendre une dizaine d'heures", a-t-il précisé. "Pour aller au couplage, on parle de la fin de l'automne, parce que devant nous, on a un programme assez conséquent de tests", a indiqué M. Clément, qui a annoncé une montée "par paliers successifs", avant que le coeur nucléaire ne puisse "montrer patte blanche".
Le PDG d'EDF Luc Rémont avait annoncé que la divergence, étape majeure des opérations de démarrage du réacteur, était "imminente" début juillet. Si elle n'a débuté que lundi, c'est parce que les équipes de Flamanville ont rencontré "des aléas", qui ont amené "un certain nombre d'opérations supplémentaires" à être réalisées durant l'été, selon M. Clément.
Quant à la pleine puissance, annoncée jusqu'alors d'ici la fin de l'année, il faudra compter "plusieurs mois", selon M. Clément, qui n'a pas donné de nouvelle date.
Déboires en série
Si EDF a tout de même obtenu le "go" de l'ASN pour lancer les opérations et franchir une nouvelle étape cruciale, il s'agit d'un énième déboire pour un chantier qui accuse déjà 12 ans de retard sur le calendrier initial, pour ce nouveau réacteur à eau pressurisée, le 4e de ce type installé dans le monde.
Alors que le président Emmanuel Macron a décidé de relancer le nucléaire, en commandant six réacteurs EPR2 (et huit supplémentaires en option) à l'énergéticien, le démarrage de l'EPR de Flamanville, même s'il a été décidé bien avant, revêt une dimension hautement symbolique.
Outre l'autorisation de l'ASN, l'autre bonne nouvelle est venue du parc existant: EDF a sensiblement révisé à la hausse son estimation de production nucléaire pour l'année 2024, désormais comprise entre 340 et 360 TWh, contre une fourchette de 315 à 345 TWh prévue initialement, une augmentation n'incluant pas l'EPR de Flamanville.
"Les 56 autres réacteurs performent mieux que ce qu'on avait intégré", a déclaré M. Clément, si bien que la production de "l'EPR arrivera en supplément".
"Le dossier +corrosion+ a été moins sensible que prévu", a-t-il ajouté. "Cette révision de l'estimation de production nucléaire pour 2024 s'appuie sur l'amélioration de la performance des arrêts de tranche, la maîtrise industrielle des contrôles et des chantiers de réparations liés au dossier de la corrosion sous contrainte, et l'absence d'aléa climatique majeur pendant l'été", selon le communiqué d'EDF.
Les nombreux déboires qui ont affecté le chantier de l'EPR (fissures dans le béton de la dalle, anomalies dans l'acier de la cuve, et défauts de soudure sur les traversées de l'enceinte de confinement) ont fait exploser la facture, désormais estimée à 13,2 milliards d'euros par EDF, soit quatre fois le devis initial de 3,3 milliards.
En 2020, la Cour des Comptes l'avait évaluée à 19 milliards, en comptant notamment les "surcoûts de financement".