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Le Japon a annoncé mercredi qu'il allait livrer à l'Europe certaines de ses importations de gaz naturel liquéfié (GNL), face au risque de perturbations de l'approvisionnement de la région en gaz russe en cas d'escalade des tensions concernant l'Ukraine.
Plusieurs navires-citernes qui devaient originellement transporter du GNL au Japon ont déjà mis le cap vers l'Europe et devraient y arriver ce mois-ci, et d'autres devraient les imiter en mars, a déclaré devant la presse à Tokyo le ministre japonais de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie (Meti), Koichi Hagiuda. Le ministre n'a cependant pas précisé les volumes qui seront fournis et vendus en Europe aux prix du marché. À la place, il a souligné que l'importance de ces livraisons était conditionnée au fait que le Japon soit d'abord lui-même suffisamment servi en GNL.
L'archipel nippon est l'un des premiers importateurs mondiaux de GNL, dont il dépend beaucoup pour assurer sa production d'électricité, faire fonctionner ses usines et chauffer en hiver. Mais le Japon risque de n'avoir pas beaucoup de gaz à envoyer en Europe, comme il peine lui aussi à s'approvisionner en quantités suffisantes en ce début d'année où le froid est rigoureux dans le pays.
M. Hagiuda a d'ailleurs mentionné la situation énergétique "difficile" du Japon en ce moment, tout en expliquant que Tokyo voulait répondre à des appels des ambassadeurs des États-Unis et de l'Union européenne au Japon pour aider l'Europe à s'approvisionner suffisamment en GNL. Le ministre a rappelé la solidarité des pays occidentaux envers le Japon, quand ils lui avaient livré du gaz après le tsunami et la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011.
L'ambassadrice de l'Union européenne au Japon, Patricia Flor, a dit dans un communiqué "saluer et hautement apprécier le soutien japonais". L'ambassadeur américain Rahm Emanuel s'est lui réjoui dans une déclaration que "le Japon se tienne résolument aux côtés des Etats-Unis et de ses partenaires européens, et contre l'exercice de la puissance brute".
Le Japon ménage toutefois la Russie, l'un de ses grands voisins avec lequel il a un différend territorial sur quatre îles de l'archipel des Kouriles, annexées par l'Union soviétique après la fin de la Seconde Guerre mondiale et jamais restituées à Tokyo depuis, empêchant la signature d'un traité de paix entre les deux Etats.
Une éventuelle invasion russe de l'Ukraine alimente les craintes d'une suspension des livraisons de gaz russe vers l'Europe en cas de mesures de rétorsion des pays occidentaux contre Moscou. Ce scénario n'est cependant pas jugé le plus probable par des analystes du secteur de l'énergie.
Pour l'heure, la diplomatie est intense: après s'être rendu à Moscou puis à Kiev, le président français Emmanuel Macron a affirmé mardi à Berlin qu'il voyait des "solutions concrètes" pour régler la crise, grâce à l'engagement obtenu, selon lui, de son homologue russe Vladimir Poutine qu'il n'y aurait pas d'"escalade" supplémentaire.
De son côté, le chancelier allemand Olaf Scholz avait assuré lundi à Washington que le nouveau gazoduc Nord Stream 2, qui relie directement la Russie à l'Allemagne via la mer Baltique, n'entrerait pas en service en cas d'invasion russe de l'Ukraine.