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L'Etat allemand a annoncé lundi la nationalisation de la filiale allemande du géant russe Gazprom afin de sauver de la faillite ce fournisseur de gaz qu'il administre déjà depuis avril et qui est surendetté.
Il s'agit de garantir la "sécurité d'approvisionnement en gaz" de Allemagne, indique le ministère allemand de l'Economie dans un communiqué.
Berlin nationalise ainsi pour la deuxième fois en quelques mois un groupe énergétique de premier plan, après avoir déjà sauvé l'allemand Uniper, asphyxié par les coupures de gaz russe.
La société SEFE, qui opérait auparavant sous le nom de Gazprom Germania, "est une entreprise clé pour la fourniture d'énergie en Allemagne", précise le ministère.
Elle compte parmi ses clients des services publics municipaux et détient une part de marché en Allemagne d'environ 20%. Le groupe possède aussi de nombreuses infrastructures de transport et de stockage de gaz, dont le plus grand réservoir d'Europe situé à Rehden (nord-ouest).
L'Etat allemand avait déjà pris le contrôle début avril de l'entreprise, sur fond d'exacerbation des tensions énergétiques entre la Russie et les pays Occidentaux depuis l'invasion de l'Ukraine.
Unique actionnaire de Gazprom Germania, Gazprom avait annoncé, le 1er avril, qu'il avait retiré ses actifs de sa filiale.
Berlin avait voulu éviter que l'entreprise ne tombe dans des mains hostiles, voire qu'elle soit carrément liquidée, et avait confié, pour six mois, sa gestion à l'Agence fédérale des réseaux (Bundesnetzagentur), la rebaptisant SEFE.
Un arrêté comptable datant de fin août indique que SEFE compte un milliard de capitaux propres pour 3 milliards d'euros de dettes, signifiant qu'elle se trouve en situation de surendettement.
"Les partenaires commerciaux et les banques ont suspendu leurs relations d'affaires avec la société ou sont réticents à en nouer de nouvelles", a indiqué le ministère de l'Economie.
Pour assainir la situation financière et clarifier le lien de propriété, Berlin va procéder à une manoeuvre comptable: le capital incluant les réserves va être réduit dans un premier temps à 0, faisant que l'ancien actionnaire russe va perdre le contrôle, moyennant une indemnité qui reste à déterminer.
À son tour, l'Allemagne injectera 225 millions d'euros dans la société, devenant ainsi le "nouvel actionnaire unique".
L'Allemagne prévoit également de porter à 13,8 milliards d'euros un prêt de la banque publique allemande KfW à l'entreprise, afin d'augmenter les fonds propres de celle-ci via un échange de dettes contre des actions.
Ces mesures seront financées par le plan de soutien de 200 milliards d'euros décidé début octobre par Berlin pour protéger son économie face à la crise énergétique et qui a été critiqué par plusieurs pays européens.
Fortement dépendante du gaz russe avant l'invasion de l'Ukraine, l'Allemagne a été contrainte de trouver des alternatives à ces importations au prix d'une flambée de sa facture énergétique.