Crise de l'énergie : le délestage, une coupure ciblée et temporaire de l'approvisionnement

  • AFP
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Avec la crise de l'énergie, la possibilité de "délestages" cet hiver est fréquemment évoquée. Il s'agit de coupures ciblées et temporaires de l'approvisionnement destinées à soulager le système en cas de trop fortes tensions, avec un fonctionnement différent pour le gaz et l'électricité.

Un hiver tendu

Quand faudrait-il organiser des coupures cet hiver? "Vous avez un pic de froid, les économies d'énergie qu'on a prévues ne sont pas réalisées et là vous êtes obligés de tourner les vannes", a résumé la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.

Cette perspective est évoquée parce que le système énergétique français est confronté à une double fragilité cet hiver. En gaz, la France a subi un tarissement progressif des flux depuis la Russie et le géant russe Gazprom doit même cesser totalement ses livraisons au groupe Engie à partir de jeudi.

Les autorités et les industriels estiment que la France, qui a diversifié ses approvisionnements et est en train de remplir ses stockages, aura assez de gaz pour passer un hiver normal sur le plan météo. Il pourrait en revanche y avoir pénurie ponctuelle en cas de vague de froid.

Côté électricité, le pays est privé de bon nombre de réacteurs nucléaires, notamment douze (sur 56) à l'arrêt pour des problèmes de corrosion, et il faudra qu'EDF puisse en redémarrer suffisamment pour la période froide. S'ajoute à cela un faible remplissage des stocks hydrauliques.

La France devra compter sur les importations de ses voisins mais là encore des incertitudes demeurent. Le gestionnaire du réseau RTE présentera le 14 septembre ses perspectives pour l'hiver prochain.

Électricité : des coupures tournantes

Pour l'électricité, le délestage fait partie de la panoplie habituelle destinée à éviter le blackout, c'est-à-dire la panne généralisée et incontrôlée, en cas de tensions entre l'offre et la demande.

Avant d'en arriver là, RTE dispose d'abord de plusieurs autres moyens: appels aux éco-gestes citoyens pour réduire la consommation, interruption de la fourniture à des sites industriels rémunérés pour cela, baisse de la tension sur le réseau...

Si ces moyens ne sont pas suffisants, RTE peut avoir recours à "la mise en place en dernier recours de coupures momentanées, localisées et tournantes". Ce délestage ne dure pas plus de deux heures, sur des plages horaires spécifiques (08h00 à 13h00 et 17h30 à 20h30) et concernerait les foyers à tour de rôle.

Les usagers "sensibles" ne sont pas coupés: hôpitaux, défense nationale, sécurité, industries à risques... Les malades à haut risque traités à domicile (sous respirateur artificiel notamment) peuvent se signaler pour bénéficier d'une "information particulière et personnelle en cas de coupure de courant électrique".

Gaz : les entreprises visées

La situation est différente pour le gaz, où il n'est pas possible d'organiser des coupures à distance comme pour l'électricité. "Ce n'est pas un ménage qui arrête tout seul son installation de gaz, c'est beaucoup trop dangereux, donc ça ne peut être que des équipes techniques qui peuvent arrêter et donc que les industriels qui peuvent le faire", a expliqué Mme Pannier-Runacher. "La variable d'ajustement, ce sera les industriels", a abondé la présidente de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), Emmanuelle Wargon.

La France a commencé à organiser un éventuel délestage en gaz, avec un décret publié en avril pour l'encadrer.

Le dispositif concerne moins de 5 000 gros consommateurs, avec des exceptions prévues pour les services publics essentiels (hôpitaux, écoles...) et certaines entreprises. Sont visés en revanche certains clients industriels ou tertiaires (centres commerciaux, salles de concert, stades...).

Le consommateur doit se conformer à un ordre de délestage "dans un délai de deux heures suivant la réception", précise le décret. Ensuite le coupure ne "dure pas deux heures, parce qu'arrêter une vanne ça prend du temps: ça peut durer un jour, deux jours", selon Mme Pannier-Runacher.

Commentaires

Christian Méda…
Pour le gaz naturel, nos dirigeants confondent énergie et capacité d'acheminement. La loi sur les mesures d'urgence de 2004 revue en avril 2022 concerne toujours le risque grand froid et la capacité (limitée) du réseau d'acheminer le gaz demandé dans des circonstances climatiques exceptionnelles (2%). Nos gouvernants pensent que cette disposition est adaptable à la circonstance d'une demande normale contrée par une faible disponibilité en énergie du fait des hostilités russe en Ukraine. C'est une erreur : Un arrêt de quelques heures ou quelques jours de gros consommateurs ne suffira pas pour rétablir un niveau satisfaisant des stocks pour achever l'hiver. Si l'on doit arrêter il faudra le faire pour plusieurs semaines et nous le saurons dés novembre. Un arrêt chez des industriels ne se demande pas avec un préavis de 2 heures. Qui a pondu une aberration pareille ? Pour nombre d'industriels, l'usage du gaz entre dans le chauffage de fours réfractaires montés à 500°/1200°c dont on ne peut programmer l'arrêt que sur une durée de plusieurs jours, au moins une semaine à l'avance. Ensuite, quand ces fours sont arrêtés, ce qui est toujours source de dégradations, il faut prévoir une remise en état des matériaux réfractaires. Enfin, pour remettre ces fours à la température de fonctionnement, cela prend plusieurs jours de montée graduelle en température, ce qui représente une gabegie énergétique pendant laquelle aucune production n'est encore possible. Comme beaucoup de gens, nos dirigeants confondent kW et kWh et il serait bien plus efficace (pour les stocks, pour les kWh) et économique de prévoir à l'avance une unique période de retrait, à l'initiative de chaque entreprise, d'une durée suffisamment longue (3 ou 4 semaines). Nombre d'entreprises opteraient volontiers pour un allongement de la trêve de Noël par exemple, ce qui aurait déjà le premier avantage de ne pas ajouter de coupure intempestive en pleine période de production. Pour les kW, pour le risque grand froid, compte tenu du niveau de prix actuel, je pense que les consommations seront faibles cet hiver (sauf peut-être chez les consommateurs subventionnés) et que nous ne rencontrerons pas de problème d'acheminement. Le seul problème qui se sur-ajoute à cette crise sera le flux (nouveau) de l'Ouest vers l'Est qui transitera à travers la France au titre de la solidarité européenne et qui pourrait générer des surprises. Je n'ai encore rien lu sur ce sujet...
Jean BLIN
depuis 1983, date du "tournant de la rigueur" 'et de l'enterrement du Programme Commun), le PS et tous ses successeurs, partis, présidents et gouvernements ont, pour faire plus "économie de marché" (évitons le mot capitalisme si mal vu) que moi tu meurs, plus européen, plus social-démocrate (social, ah bon ? démocrate, vraiment ?) que moi tu meurs, plus vert que moi tu meurs, ces élites autoproclamées ont abandonné toute vision politique, c.a.d penser le long terme du pays et le définir par la stratégie et s'y tenir par le respect de la cohérence. Une énergie maitrisée pour une nation c'est indépendance et souveraineté dans la politique de l'énergie sans coller à la politique des autres pays qui feront eux, ce qu'ils veulent. Et c'est pas Macron zig-zag qui va agir dans la cohérence. Dès lors, les grands sujets comme l'énergie sont devenus des yoyos au gré des modes comme se lier à l'importation de gaz pour abandonner le fissile en prétendant s'en remettre au vent et au soleil ce qui a pour effet le retour à l'indispensable complément de leur intermittence et de leur faible production qu'est le charbon et toujours plus de gaz.
Denis Gourgouillon
Pour ce qui est du rationnement je propose que ceux qui se déclarent antinucléaires (EELV PS LFI...) soient limités à 30% de la puissance soit 1,8KW maxi. IL y a 30% d'antinucléaires et avec 70% de réduction on arrive à 21% de demande en moins C4est largement suffisant pour écréter la pointe Il faut évidemment rajouter ceux qui ont participé à la fermeture de Fessenheim donc Macron Borne et tous les ministres du gouvernement de 2017
Guillaume
Les anti-nucléaires et/ou les personnes sensibles à l'environnement ne vous ont pas attendu pour baisser leur consommation...seule solution à mon sens pour écrêter les pointes et limiter les puissances installées.
Cyril
Les anti nucléaire auraient baissés leur consos? Tous ? La je demanderai bien des chiffres, une partie sont anti nucléaire sans même comprendre la technologie (revoir les derniers sondages ou pour beaucoup de personne les centrales nucléaires émettraient du CO2 ...). c'est quoi le plus grand risque pour un écolo anti nucléaire, l'accumulation du CO2 dans l'atmosphère et les catastrophes bien réel que cela nous apporte ou l'hypotéthique accident nucléaire? Pour la sobriété qui est prêt à s'y mettre sérieusement? Quand je vois les scénarios négawatt je suis d'accord mais honnêtement qui est réellement prêt à appliquer cela? Que certains fassent l'effort lié à leur conviction oui mais la plus part pour moi ne le font pas. Quand je vois encore avant hier des "écolos" à la télé qui ramènent le problème énergétique actuel au "retard" sur le déploiement des renouvelables, est-on sérieux? Qui a (et regarde) eco2mix sur son portable? qui voit la part de ces énergies sur le mix et surtout qui voit notre stockage (STEP) à l''œuvre? Ces énergies peuvent apporter quelques chose mais faut arrêter de croire que c'est possible avec notre mode de consommation actuel. Et même si on avait 300 Gw de parc éolien installé on n'aurait pas le stockage en face pour avoir de l'électricité en permanence. Les Allemands on dépensés des milliards, ils sont soit disant à la pointe et pourtant ils tournent encore (et encore plus cet hiver) au charbon qui lui contient 3 à 4g d'uranium par tonne qui ira dans l'air, les anti nucléaire Allemands ne disent rien si ce n'est qu'il faut fermer les 3 dernières centrales nucléaires allemandes. Bref ils préfèrent respirer de l'uranium que le savoir confiner dans des centrales. Je n'ai rien contre le nucléaire et je suis écolo, c'est pas antinomique au contraire, je suis chauffé au solaire et au bois et la batterie que j'ai faite me permet 4 jours hors réseau et par très mauvais temps. Il y a des solutions techniques qui ne sont pas forcement couteuse (solaire thermique surtout). Il y a un problème énergétique et climatique, mais qui a installé des panneaux solaires thermique pour faire à minima sont eau chaude sanitaire? Quasiment personne pourquoi? Parce qu'il n'y a presque pas d'aide de l'état sur ces installations qui sont pourtant abordable. Pour moi cela reflète le niveau de réflexion des gens (et c'est bien dommage) J'aimerai comprendre comment certains "découvrent" les problèmes de climats & d'énergies (sans blague elles deviennent rare et couteuse? ca alors), on porte la faute sur le gouvernement mais les citoyens pourraient aussi réfléchir avant de gueuler et d'attendre en permanence du toujours "méchant" gouvernement des aides financières pour leur dire ce qu'il faut faire.
Guillaume
Cyril... les faits donnent raisons aux "écolos" que vous citez, dans une grande généralisation : dérèglement climatique + indisponibilité + dangerosité du parc nucléaire, sécheresse (et donc comment refroidir des centrales correctement avec des fleuves à sec, avec un niveau difficile à maintenir because fonte des neiges, si on se projette sur une aggravation des sécheresses?), crise des énergies fossiles, développement des ENR, baisse des consos. Sommes-nous nous mêmes à l'abri d'un bombardement de centrale, puisque ce qui paraît peu probable, est devenu possible dorénavant, y compris en dehors de l'Ukraine ? Les mots des écolos sont eux-mêmes repris: "sobriété". Moi je pense qu'on ne pourra pas fermer des centrales du jour au lendemain, mais que nous devons cependant baisser rapidement nos consommations, à commencer par les énergies fossiles. Rénover thermiquement les bâtiments, favoriser l'autoconsommation, etc. Toutes ces solutions viennent d'être validées. Diminuer le soutirage sur le réseau permettrait de baisser la puissance installer et d'augmenter la part des ENR. Pendant ce temps, on en a qui viennent nous faire la leçon sur le nucléaire soit disant "non-intermittent", alors que 34 réacteurs sur 56 sont à l'arrêt : mais qu'est ce que ça va donner cet hiver? Puisque vous parlez d'Eco2mix, j'ai regardé il y a 2 jours : nucléaire à la ramasse, et on importait une quantité phénoménale depuis l'Allemagne, la Belgique, l'Espagne. Ces MWh nous manqueront cet hiver lorsque ces pays les garderont pour eux, c'est pourquoi je ne crois pas le gouvernement quant à l'absence d'un blackout.
Guillaume
Cyril (2): ceci dit, je partage certaines de vos pratiques et désolé pour le ton de mon message initial, je vous ai mal lu. Je passe moi-même au solaire thermique cet automne : rénovation thermique + décision de passage au solaire à l'instant où Poutine a envahi l'Ukraine. Toutes les énergies alternatives devraient être encouragées davantage, d'ailleurs les Français en se ruant sur le "tout sauf fossile" ne s'y sont pas trompés.
Houyo
Et donc là tranquillement le monsieur nous explique que le nucléaire est la solution pour faire face aux pointes de consommation... C'est brillant ! On vit une époque formidable.
Francois Longatte
bonjour, mais où est S. Rochain ?
Cyril
Le nucléaire à la ramasse sur eco2mix? avec 22Gw? c'est la moitié du mix en ce moment au lieu des 3/4 (on en été je le consens). Vous mettez le mot "intermittence" au même niveau pour le renouvelable et le nucléaire, en êtes vous certains? Une centrale lancée c'est nuits et jours durant des semaines. Le solaire et le vent ont un tout autre niveau dans ce domaine faut quand même comparer ce qui l'est. Par quoi gère t'on l'intermittence des renouvelables à ce jour? Des centrales thermique à Gaz et toute centrale thermique à besoin d'une source froide pour fonctionner. Le débit des fleuves n'impact pas que les centrales nucléaires les centrales au charbon en Allemagne n'arrivent pas à constituer les stocks, les barges ne peuvent plus passer avec des charges nominales. Après on reste d'accord sur la sobriété / l'isolation / l'efficacité, mais je pense que pour la plus part ils n'imaginent même pas le niveau de cette sobriété comparé à ce qu'ils utilisent comme énergie quotidiennement. Pour Houyo si la remarque est pour moi ... lol j'ai jamais dit cela le nucléaire est une source de base même si en France on sait très bien moduler sa puissance. La pointe ne peut pas être gérée par les renouvelables faut regarder les niveaux de conso (on est a 3Gw de STEP et on ira pas beaucoup plus loin) donc soit il y aura du thermique et du CO2 soit de l'effacement / réduction au niveau de chaque habitants. Pour moi le nucléaire est moins dangereux que des centrales thermiques fossiles qui font des centaines de milliers de morts par an (qualité de l'air / changement climatique)
Houyo
Non c'était pour Denis qui nous explique que ceux qui sont pour la sortie du nuke n'ont pas le droit de consommer en période de pointe. Ca m'a fait sourire. Je constate à vos commentaires que vous êtes allé lire des scénarios de transition : félicitation, c'est pas si courant parmi les commentateurs. Je vous invite tout de même à vous y replonger. Vous constaterez que pour le backup thermique, on est loin de la caricature jancovicienne "1 GWth pour chaque GW ENRi" même pour les scenarios les plus conservateurs. De nombreux autres partout dans le monde soutiennent que le 100% renouvelable est atteignable à l'horizon 2050, et c'est pas en comptant sur les STEP. La solution vous y faite allusion vous même, c'est les deux autres leviers du triptyque : efficacité et sobriété. Quant à savoir "qui est réellement prêt à appliquer cela?", la question est plutôt devra-t-on l'appliquer de façon subie ou choisie ? Car quoi qu'il advienne, on devra changer notre mode de vie et le plus tôt le mieux si on ne veut pas se prendre le mur de la réalité trop fort dans la gueule. Regardez la situation actuelle, quelques tensions sur le système et ce sont ces deux leviers, dont pourtant on parle très peu habituellement (because "la technologie va nous sauver"), qui sont sur le devant de la scène. Il faut partir de l'usage et une fois qu'on a répondu aux questions relatives à cet usage, alors on cherche comment y répondre (ou pas) le plus efficacement. Aujourd'hui et depuis 70 ans, on fait exactement l'inverse : on fabrique des objets et les marketeux nous expliquent pourquoi on en a absolument besoin. C'est pas pour vous jeter la pierre car je constate que votre démarche pour votre habitat est bien plus intelligente que la majorité de ce que je croise (solaire thermique pour ECS ; poêle à bois pour chauffage : vous avez résolu 2/3 à 3/4 du problème, bravo! Si en plus avant ça vous avez isolé, vous habitez une maison modèle). Mais si je cherche la petite bête : 4 jours de stockage pour l'énergie spécifique, même dans le pire des cas. Est-ce bien raisonnable? Sur 10 ans, combien de fois aurez-vous besoin de toute cette capacité? Ne pourriez-vous pas envisager une autre solution, comme par exemple accepter que quelques jours par an certains services rendus par votre logement soient restreint? Peut-être qu'un tiers seulement de votre batterie répond à la majorité de vos usages, et dans ce cas, pour le même cout humain/énergétique/ressource/environnemental/financier on répond à 3 foyers comparables au votre.
Cyril
Ma batterie est effectivement surdimensionné et je suis en train de faire un 3 eme module. Ceux sont des batteries de pc portable qui allaient au recyclage (ou à l'incinérateur) que j'ai récupéré. Je n'achèterai pas de batterie neuve pour une maison le lithium est bien mieux dans les voitures, mais celui la ayant déjà eu une première vie cela ne me gène pas je prend la ressource à personne. Et qui voudrait passer 3 à 400 heures à faire cela ... Pour l'isolation c'est pareil, les artisans ne sont pas encore tous prêt à faire de l'isolation par l'extérieur c'est pourtant beaucoup plus efficace. Sauf que les habitudes font que l'on ne change pas simplement de technique et j'ai pas mal galéré pour faire la mienne. Quand au marketing et aux réseaux sociaux ou tout le monde essaye de s'aligner sur ce qu'il peut voir de mieux chez autrui, ca nous amène clairement pas dans le bon chemin Les gens se réveillent à nouveau et encore une fois avec des crises mais ils font comme nos politiques ils oublient très vite aussi

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