Climat : le futur président de la COP28 défend le gaz comme une « énergie de transition »

  • AFP
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Le futur président de la 29e conférence climatique des Nations unies en Azerbaïdjan a déclaré vendredi à l'AFP que son pays continuerait à augmenter sa production de gaz, "une énergie de transition", pour répondre à la demande internationale, "en parallèle" de ses investissements dans les énergies renouvelables.

Les réserves de gaz de l'Azerbaïdjan, « cadeau des dieux »

Dans un entretien à l'AFP à Bonn, Moukhtar Babaïev a défendu la stratégie de l'Azerbaïdjan, deuxième puissance pétrogazière d'affilée à présider les négociations climatiques après les Émirats arabes unis l'an dernier (COP28), en dépit de l'appel renouvelé du chef de l'ONU, Antonio Guterres, d'accélérer l'abandon progressif des énergies fossiles, principale cause du réchauffement climatique.

"Nous prévoyons sur plusieurs années d'augmenter les volumes de gaz naturel mais, en même temps, nos projets d'énergies renouvelables", a déclaré cet ancien cadre de la compagnie nationale pétrogazière Socar, justifiant l'augmentation des exportations de gaz en 2023 de son pays par "la demande de l'Union européenne d'assurer sa sécurité énergétique".

Quelques mois après l'accord inédit de la COP28 sur une "transition juste (...) vers une sortie des énergies fossiles", Ilham Aliev, l'autoritaire président de l'Azerbaïdjan, a qualifié en avril les réserves de gaz de son pays de "cadeau des dieux", rejoignant le discours récurrent de la plupart des pays en développement souhaitant exploiter la manne sous leurs pieds.

Les organisateurs de la COP29 ont aussi annoncé l'intention d'Ilham Aliev d'appeler le monde entier à observer un cessez-le-feu pendant les deux semaines de la conférence à Bakou (11-22 novembre), un an après l'offensive éclair menée par ses troupes contre une enclave séparatiste soutenue par l'Arménie. "Les guerres et les conflits armés, les activités militaires, sont l'une des plus importantes activités génératrices d'émissions et sont explicitement liées à l'agenda climatique", a déclaré Ialtchine Rafiev, négociateur principal de la COP29.

« Effort mondial »

À ses côtés, Moukhtar Babaïev a exprimé son espoir que sa présidence de la COP aboutisse à un nouvel accord sur l'aide financière versée par les pays riches aux pays en développement afin qu'ils investissent dans les énergies propres et s'adaptent au réchauffement de la planète, point de friction majeur des négociations.

Cette question est la plus brûlante dans les négociations en cours à Bonn, près du siège en Allemagne de l'ONU Climat, où les diplomates se réunissent chaque année en juin à mi-chemin entre deux COP.

Les pays en développement veulent démultiplier l'objectif antérieur de cent milliards de dollars par an, versés par les pays riches en vertu de leur responsabilité historique dans le réchauffement climatique.

Les donateurs, essentiellement des pays occidentaux et le Japon, veulent que la Chine et les pays du Golfe contribuent également.

Pour Ialtchine Rafiev, débloquer ces fonds reste un "effort mondial" et "nous ne pouvons pas pointer une partie ou un pays en particulier". "Le flux financier actuel est insuffisant. Et quels que soient les contributeurs, les fonds disponibles pour les pays en développement doivent être augmentés", dit-il.

Taxes « innovantes »

À Bonn, la présidence de la COP29 a proposé de trouver de l'argent auprès de "sources innovantes", ce qui pourrait inclure de demander aux producteurs d'énergies fossiles de financer l'action climatique des pays plus pauvres.

"Il s'agit d'une idée très préliminaire, et nous avons déjà eu l'occasion d'en discuter avec différents pays, des instituts financiers internationaux et des institutions des Nations unies", explique M. Babaïev, sans dire s'il pense à une taxe ou un autre mécanisme, et en insistant que cela ne vise pas de "secteur en particulier".

"Nous écoutons tout le monde et, sur cette base, nous proposerons un produit final", a-t-il déclaré.

D'autres pays ont proposé d'introduire des taxes sur l'industrie pétrolière et d'autres secteurs polluants comme l'aviation et le transport maritime, tandis que le Brésil, à la présidence du G20, pense à une taxe mondiale sur les milliardaires.

L'Azerbaïdjan a été désigné en décembre à la dernière minute pour organiser cette COP, au terme d'un blocage géopolitique avec la Russie.

Cette désignation était intervenue quelques jours après que l'Azerbaïdjan et l'Arménie avaient annoncé l'ouverture de pourparlers de paix, en plein contexte international tendu à cause de la guerre en Ukraine et à Gaza.

Commentaires

Serge Rochain

Il a raison, le gaz fossile, c'est comme le nucléaire......destiné à être remplacé par du renouvelable ,
Question de temps....même en trainant les pieds ça finira comme ça sur toute la planète, car tout ce que l'on sort de la Terre pour le transformer en chaleur a une fin !

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