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Au moins une fois par jour, ventilateurs, climatiseurs et frigidaires cessent de fonctionner en Égypte, au gré des coupures d'électricité, exaspérant la population qui étouffe sous des températures caniculaires.
Délestages planifiés
Les ascenseurs s'arrêtent, les télévisions et les réseaux wifi s'éteignent le temps de ces coupures, qui jusque-là duraient une heure ou deux mais qui, depuis quelques jours, dépassent les trois heures.
Depuis un an, les pénuries d'énergie et de devises étrangères qui frappent l'Egypte ont conduit le gouvernement à instaurer ces délestages planifiés.
À Assouan, la grande ville du sud, et dans sa périphérie, où il a fait près de 50 degrés à l'ombre en juin, "les lumières s'éteignent et l'eau s'arrête jusqu'à quatre heures par jour", raconte à l'AFP un habitant d'un village voisin, qui se présente sous le nom d'emprunt de Tarek par peur des représailles.
"Dans les villages, c'est pire", dit-il, "il n'y a pas de planification, la nourriture se perd dans les réfrigérateurs et les gens ont des coups de chaleur dans l'indifférence générale".
En juin, une députée d'Assouan, Riham Abdelnaby, a signalé que des dizaines de personnes étaient mortes d'épuisement à cause de la chaleur. Elle a appelé à ce que son gouvernorat soit exempté des coupures qui, dit-elle, "mettent en danger la vie des citoyens".
Avec les températures caniculaires de juin, les coupures sont devenues plus longues et plus fréquentes, mettant les nerfs des Egyptiens à rude épreuve. L'exaspération gagne même les animateurs de talk-shows, habituellement fervents partisans du président Abdel Fattah al-Sissi.
« Pas un luxe »
"L'électricité n'est pas un luxe, c'est un droit des plus basiques", a écrit lundi sur X la présentatrice Lamis al-Hadidi. "Les coupures d'électricité nous privent d'eau, de téléphone fixe, d'internet et elles abîment les appareils électriques. Qui va indemniser les gens pour tout cela?", a-t-elle lancé.
Tous se souviennent de l'été 2013, lorsque les coupures de courant avaient alimenté la colère populaire contre la présidence de l'islamiste Mohamed Morsi, qui avait conduit à la destitution du chef de l'Etat orchestrée par le ministre de la Défense d'alors, M. Sissi.
Aujourd'hui, les coupures frappent une Egypte confrontée à la pire crise économique de son histoire. Depuis 2022, la livre égyptienne a perdu les deux tiers de sa valeur et l'année dernière, l'inflation a atteint un niveau record de 40%.
Dimanche, Amr Adib, animateur de l'émission populaire al-Hekaya, a critiqué les responsables pour ne pas avoir respecté les horaires annoncés. Alors même, dit-il, que tous redoutent de prochaines "hausses du prix de l'électricité" envisagées par le gouvernement.
Excuses du gouvernement
Cette semaine, en plus des coupures planifiées durant la journée, des quartiers entiers du Caire ont connu des coupures nocturnes allant jusqu'à deux heures.
Mardi, le Premier ministre Moustafa Madbouli a tenté de calmer les foules en présentant "les excuses du gouvernement", tout en reconnaissant que les coupures de courant de trois heures se poursuivraient cette semaine.
L'augmentation des pannes, a-t-il expliqué, est due au fait qu'un "gisement de gaz dans un pays voisin", qui fournit du gaz naturel à l'Egypte et dont il n'a pas mentionné le nom, a été "inexploitable pendant plus de 12 heures".
Il a ajouté que l'Égypte débourserait environ 1,2 milliard de dollars en juillet, soit 2,6% des précieuses réserves de devises étrangères du pays, pour s'approvisionner en carburant.
Si le gouvernement entend mettre fin aux coupures "d'ici la troisième semaine de juillet", a-t-il dit, celles-ci devraient reprendre à l'automne avant de prendre fin définitivement en fin d'année. Même s'il n'existe pas de bilan officiel, ces mesures ont déjà fait des victimes en Egypte.
A Assouan, "environ 40 décès liés à la chaleur" ont été signalés en juin, a déclaré Mme Abdelnaby à des médias locaux. A Alexandrie, dans le nord, un musicien, Mohammed Ali Nasr, est mort après être tombé dans la cage d'un ascenseur bloqué lors d'une panne.
Même si la plupart des Egyptiens planifient leurs sorties pour éviter de rester coincés dans les ascenseurs, des incidents similaires ont causé au moins quatre décès depuis l'année dernière, selon les médias.