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La jeune pousse grenobloise Waga Energy, qui a développé une technologie permettant d'injecter dans le réseau de gaz le méthane issu des décharges, a annoncé mardi une levée de fonds de 10 millions d'euros pour soutenir son expansion en Amérique du Nord. "C'est une nouvelle étape dans notre développement, qui va dans le bon sens, celui de la lute contre le changement climatique et la transition écologique", a affirmé Mathieu Lefebvre, cofondateur et PDG de Waga (pour "wasted gas" - gaz perdu en anglais).
Créée en janvier 2015 par trois ingénieurs venus du groupe Air Liquide et soutenus par l'Ademe, l'entreprise double chaque année ses effectifs et compte aujourd'hui 40 salariés.
Les 10 millions ont été levés auprès des soutiens de départ pour 4 millions d'euros (le fonds d'investissement d'Air Liquide Aliad, le spécialiste du traitement des résidus liquides Ovive et le fonds Starquest Capital). Le solde a été souscrit pour 2,5 millions d'euros chacun par les fonds d'investissement Noria (un "family office" lillois) et Tertium (regroupant des chefs d'entreprises marseillais). Les fondateurs ont apporté 1 million d'euros.
Ces fonds vont permettre d'épauler le développement de la société en Amérique du Nord, débuté en mars avec l'ouverture d'une filiale aux États-Unis, à Philadelphie, et d'une autre en octobre au Canada, à Shawinigan dans le berceau de l'hydroélectricité québécoise. "La France, c'est 200 sites d'enfouissement, les USA 2 700. On change d'échelle", a souligné M. Lefebvre.
Waga ambitionne de valoriser le méthane issu de la décomposition de déchets organiques - ce qui en fait une ressource "gratuite" - pour qu'il puisse remplacer à terme le gaz naturel mais fossile importé de Norvège, de Russie, des Pays-Bas ou d'Algérie, qui chauffe les habitations, fait rouler les bus ou tourner les industries.
"La Banque mondiale estime que 5% des gaz à effet de serre viennent des sites d'enfouissement, au nombre d'environ 20 000 dans le monde. Et la production de déchets va augmenter avec la croissance de la population mondiale et l'urbanisation pour atteindre 3 milliards de tonnes d'ici 2050", a expliqué M. Lefebvre.
Après 10 ans de développement, le trio a mis au point une technologie efficace de purification du biométhane doté d'un rendement économique permettant de passer à l'échelle industrielle : la "Wagabox" fonctionne en couplant une filtration par membranes et une distillation cryogénique pour obtenir un méthane pur à 98% et injectable dans les réseaux. "C'est une rupture technologique", s'enorgueillit le jeune PDG, "car dans le monde, 50% des sites sont à ciel ouvert, moins de 40% brûlent le biogaz en torchère, moins de 10% en produisent de l'électricité (avec un rendement énergétique de 30%) et moins de 1% en font du biométhane (avec un rendement de 90%)".
L'entreprise, qui fait construire ses installations dans le bassin grenoblois, les exploite et commercialise le biométhane auprès des énergéticiens. Une Wagabox coûte entre 3 et 10 millions d'euros, en fonction de sa taille.
La première unité a été ouverte en février 2017 dans l'Yonne, et depuis six fonctionnent en France. Cinq vont ouvrir - dont la prochaine fin novembre à Lorient - dans des sites d'enfouissement gérés par des gros opérateurs (Veolia, Suez, Paprec), des collectivités ou des opérateurs indépendants. "Mais 98% de notre marché est à l'international ; on le savait en fondant Waga".