BASF, symbole d'une chimie allemande en crise, taille de nouveau dans ses coûts

  • AFP
  • parue le

Le géant allemand de la chimie BASF, frappé par la hausse des prix de l'énergie, a dévoilé vendredi un nouveau plan d'économies, assorti de suppressions d'emplois, ciblant son site historique et illustrant la crise de compétitivité de l'industrie allemande.

Ce programme visera "autant les secteurs de production que hors production", a précisé BASF dans un communiqué et "conduira malheureusement à de nouvelles suppressions de postes", selon le PDG de l'entreprise, Martin Brudermüller, qui ne donne pas de chiffres.

Alors que BASF a déjà un plan de restructuration en cours, portant sur la suppression de 3.300 emplois dans le monde, le site historique du groupe à Ludwigshafen, dans l'ouest de l'Allemagne, est cette fois le principal visé.

Plus gros complexe chimique au monde, comptant environ 39.000 emplois, il souffre d'une "faible demande" et de "coûts de production structurellement plus élevés en raison des prix de l'énergie" qui se sont envolées depuis 2022, dans le sillage de l'invasion de l'Ukraine, explique l'entreprise.

Quelques 700 postes y sont déjà en cours de reclassement à la suite de la fermeture d'unités de production notamment de l'ammoniac et du "TDI" servant à fabriquer des mousses et autres adhésifs.

Les détails du nouveau plan "sont en train d'être finalisés" et seront "discutés avec les représentants du personnel", a précisé BASF, l'un des plus gros chimistes mondiaux.

Le groupe, qui fabrique des composants chimiques pour l'automobile, l'agriculture, la construction, compte également réévaluer "le positionnement de long terme" du site, afin qu'il "reflète (...) les nouvelles réalités du marché en Europe et en Allemagne".

- Sans gaz russe -

Avec d'autres industriels allemands, le PDG Martin Brudermüller, qui passera la main en avril prochain, tire depuis plusieurs mois la sonnette d'alarme sur la perte de compétitivité de l'industrie en Allemagne où les coûts de production sont jugés trop élevés, par rapport aux Etats-Unis notamment.

Une soixantaine de groupes industriels européens a publié lundi un appel aux dirigeants de l'UE demandant des mesures de soutien.

Parmi eux BASF mais aussi Bayer et Covestro, les autres géants de la chimie allemande. Ce secteur a connu l'an dernier une chute de 8% de sa production et de 12% de ses revenus.

"Sans une politique industrielle ciblée, l'Europe risque de devenir dépendante pour certains produits de base. L'Europe ne peut pas se le permettre", déclarent les signataires.

BASF, plus gros consommateur de gaz d'Allemagne, est devenu le symbole d'un modèle industriel fragilisé depuis l'interruption des livraisons de gaz russe bon marché qui alimentait la première économie européenne.

A cause des difficultés de l'industrie, le PIB de l'Allemagne s'est contracté de 0,3% l'an dernier.

Le secteur de la chimie, particulièrement gourmand en énergie, est l'un des plus affectés. D'autant qu'il est également plombé par une demande industrielle mondiale ralentie par les hausses des taux d'intérêt.

- Pertes -

Egalement en difficulté, le groupe chimique et pharmaceutique Bayer a annoncé en fin d'année dernière qu'il allait supprimer des emplois en Allemagne et détaillera ces projets prochainement.

Le plan d'économies annoncé vendredi par BASF s'ajoute à celui en cours d'exécution, focalisé sur l'Europe et les secteurs hors production, dont le rythme est passé en octobre à 1,1 milliard par an jusqu'en 2026.

Il a également réduit son plan d'investissement à trois ans, sauf en Chine, alors que le groupe a pourtant besoin d'engager d'importantes dépenses pour à mettre en oeuvre sa transition énergétique

Le groupe a enchaîné les mauvaises performances et les trimestres de pertes depuis 2022.

Pour l'année 2023, BASF a enregistré une chute de près d'un tiers de son bénéfice d'exploitation (EBITDA), à 7,7 milliards d'euros, et de 21,1% de son chiffre d'affaire, selon des chiffres détaillés vendredi.

Le bénéfice net part du groupe de 225 millions d'euros pour l'année 2023, très inférieur aux attentes, à cause d'une chute drastique des ventes selon les annonces du groupe en janvier.

Pour 2024, le groupe table sur une amélioration, avec une hausse de son bénéfice d'exploitation qui se situera "entre 8,0 et 8,6 milliards d'euros", tablant sur une reprise de la demande industrielle mondiale, malgré un "développement économique toujours lent en Europe".

fcz-smk/fcz/nth

Commentaires

Ajouter un commentaire