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La hausse des prix à la consommation au Japon a accéléré plus qu'attendu en novembre (+2,7% sur un an hors produits frais), après deux mois de repli, signalant un regain des tensions inflationnistes qui pèsent sur les dépenses des ménages.
Des prix de l'électricité en hausse de 9,9% sur un an
Cette hausse, dévoilée par le gouvernement vendredi, est supérieure à la prévision des experts sondés par Bloomberg (+2,6%), et un retournement de tendance après avoir nettement ralenti en septembre (à +2,4%), puis en octobre (+2,3%).
Le sursaut des prix a été notamment alimenté par un très fort renchérissement de l'énergie en raison d'une suspension de subventions gouvernementales.
En conséquence, les prix de l'électricité se sont envolés de 9,9% sur un an (contre une hausse de 4% en octobre), tandis que ceux du gaz bondissaient de 6,4%.
Les prix des céréales et des légumes continuent de gonfler d'environ 15% sur un an --ceux du riz s'envolant même de 64% environ, à des niveaux plus vus depuis près d'un demi-siècle selon le cabinet Capital Economics.
L'inflation sous-jacente - corrigée des prix volatils de l'énergie et des produits alimentaires frais - a accéléré dans une moindre mesure en novembre, à 2,4% contre 2,3% le mois précédent.
Des subventions pour l'énergie rétablies entre janvier et mars
Le mécontentement contre une inflation persistante, qui entrave les dépenses des ménages et pèse sur l'activité, avait contribué fin octobre à la lourde défaite électorale du nouveau Premier ministre Shigeru Ishiba.
Son gouvernement, désormais minoritaire, a fait adopter cette semaine un plan de relance économique massif prévoyant des assouplissements fiscaux et des chèques envoyés aux ménages pour doper la consommation face à la hausse des prix.
Dans le cadre de ce plan, les subventions pour l'énergie et le carburant seront rétablies entre janvier et mars, ce qui devrait à nouveau modérer l'inflation dans ce domaine.
L'archipel nippon, après avoir subi pendant des décennies une inflation quasi inexistante et même la déflation, a connu un virage depuis deux ans et demi, avec une hausse des prix à la consommation systématiquement supérieure ou égale à 2% depuis avril 2022. Une dynamique à laquelle contribue l'affaiblissement du yen face au dollar - qui renchérit les produits importés.
La Banque du Japon face à l'incertitude
La Banque du Japon (BoJ), qui vise une inflation stable autour de 2%, a amorcé depuis mars une normalisation de sa politique monétaire en relevant par deux fois ses taux, longtemps restés négatifs ou nuls. Elle a cependant maintenu le statu quo monétaire jeudi, pointant les "incertitudes" économiques au Japon et dans le monde, et les analystes misent désormais sur un nouveau relèvement de ses taux en janvier.
Le regain de l'inflation en novembre "devrait conforter la BoJ dans sa capacité à reprendre ses hausses de taux au cours des prochains mois", estime Toh Au Yu, expert de Capital Economics.
En dépit de la reprise des subventions début 2025, l'inflation des prix de l'énergie devrait persister longtemps en raison d'une base de comparaison plus faible en 2024, maintenant l'inflation générale au-delà de l'objectif des 2% de la BoJ, fait-il valoir.
La BoJ, selon les experts, doit trouver l'équilibre entre la lutte contre une dynamique inflationniste persistante mais conforme à ses prévisions, et une conjoncture économique toujours extrêmement fragile, minée par une consommation atone.
Son gouverneur Kazuo Ueda a indiqué jeudi que l'institution examinerait avant d'agir le contexte international - notamment les futures politiques commerciales et économiques du président élu américain Donald Trump - mais aussi les résultats de négociations sur les revalorisations salariales au Japon, susceptibles d'influer l'inflation.