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Les dirigeants des 20 puissances mondiales ont lancé depuis Rio un ordre de marche général aux négociateurs des près de 200 pays de la conférence sur le climat de l'ONU à Bakou, insuffisamment précis pour débloquer les tractations.
Taxe sur les super-riches
À trois jours de la fin de la COP29, le plus dur reste à faire pour inscrire dans le marbre onusien comment dégager 1 000 milliards de dollars d'aide annuelle ou plus pour les pays en développement.
Depuis le petit matin en Azerbaïdjan, les participants décortiquent la déclaration finale de 22 pages du G20 publiée la nuit précédente. Certains y ont trouvé matière à satisfaction, car les pays en développement y sont plusieurs fois nommés.
Les dirigeants appellent notamment à "augmenter les financements et les investissements publics et privés en faveur du climat dans les pays en développement", et plusieurs paragraphes évoquent le besoin de doper les financements privés et multilatéraux vers le monde en développement.
La déclaration esquisse aussi l'idée d'une taxe sur les super-riches. Une idée saluée par de nombreuses ONG, qui y voient la signature du président brésilien Lula. Le signal réclamé par l'ONU aux 20 puissances mondiales serait donc arrivé de Rio.
Un leadership « pas vraiment matérialisé »
"Les délégations du G20 ont désormais leur ordre de marche ici à Bakou, où nous avons urgemment besoin que tous les pays cessent les postures et convergent rapidement vers un terrain d'entente", a réagi mardi le chef de l'ONU Climat, Simon Stiell.
Maigre consolation à deux mois du retour de Donald Trump, le coordinateur azerbaïdjanais des négociations, Ialtchine Rafiev, s'est aussi félicité mardi que le G20 "ait renouvelé son engagement (...) en faveur du multilatéralisme en matière climatique".
Mais les discussions de Bakou sont bien plus complexes. "Nous attendions une impulsion, nos attentes étaient peut-être trop élevées", confie à l'AFP un négociateur européen. "Le leadership que certains espéraient du G20 ne s'est pas vraiment matérialisé", a regretté mardi le chef négociateur des petits Etats insulaires, Michai Robertson, très écouté à l'ONU.
Le G20 "a encore refilé la patate chaude à la COP", déplore Friederike Röder, de l'ONG Global Citizen. "Le Brésil a joué le jeu à fond ; le G20, lui, n'a pas su suivre". Surtout que sur un autre sujet bloquant ici, la réduction du pétrole, du charbon et du gaz, le G20 a plutôt reculé.
Le communiqué de Rio est en effet silencieux sur la sortie des énergies fossiles, une formulation arrachée à la COP28 de Dubaï mais qui n'a pas été reprise explicitement à Rio, ce qui sème la consternation parmi les ONG.
Points clés en suspens
Des économistes mandatés par l'ONU estiment à 1 000 milliards par an le besoin d'aide climatique extérieure des pays en développement d'ici 2030, et 1 300 milliards d'ici 2035.
Le G20 souligne "le besoin d'augmenter la finance climatique" pour la porter "de milliards à des milliers de milliards provenant de toutes les sources", ce qui est une bonne chose pour les pays vulnérables.
Mais le texte ne s'aventure pas sur les vraies questions qui divisent Européens, Américains, Chinois et pays en développement :
- Combien doit venir des fonds publics des pays développés?
- Quelle part de l'aide doit prendre la forme de dons ou de prêts?
- Et comment inviter la Chine, qui selon les textes onusiens n'a pas d'obligation financière vis à vis du monde en développement, à contribuer elle aussi?
C'est sur ces questions que la COP29 réussira ou échouera. Mais le G20 se contente d'écrire: "Nous attendons un succès pour le nouvel objectif quantifié collectif à Bakou".
Silence sur les fossiles
"Les dirigeants du G20 n'ont pas envoyé les signaux politiques nécessaires de Rio à Bakou", a estimé Rebecca Thissen, de l'immense réseau d'ONG Climate Action Network.
"Le silence sur le nouvel objectif de financement de la lutte contre le changement climatique et le mutisme sur l'élimination progressive des combustibles fossiles sont inacceptables de la part des plus grandes économies et des plus grands émetteurs", ajoute-t-elle.
"Les dirigeants mondiaux réunis au sommet du G20 ont fait preuve d'un manque flagrant de leadership, négligeant de réaffirmer leur engagement à abandonner les combustibles fossiles - un pivot essentiel de l'action climatique mondiale", a réagi Harjeet Singh, de l'initiative pour un traité de non-prolifération des fossiles.