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Le ministre allemand des Finances Christian Lindner a jugé irréaliste mercredi l'objectif du gouvernement de fermer les centrales à charbon du pays en 2030 compte-tenu des besoins en énergie bon marché de l'industrie.
"Tant qu'il n'est pas clair que l'énergie est disponible et abordable, nous devrions mettre fin aux rêves d'élimination progressive de l'électricité produite à partir du charbon en 2030", a déclaré le chef de file du parti libéral (FDP) dans une interview au quotidien de Cologne Kölner Stadt-Anzeiger.
Dans leur accord de coalition, les trois partis au gouvernement depuis fin 2021 se sont fixé pour objectif d'avancer à 2030 "idéalement" la sortie du charbon initialement prévue pour 2038.
"Cette date n'est de toute façon d'aucune utilité pour le climat, car les émissions de CO2 économisées en Allemagne peuvent être générées ailleurs, en Pologne par exemple, en raison des règles européennes", a-t-il ajouté.
L'Allemagne a été très critiquée pour avoir provisoirement relancé l'an dernier des centrales à charbon vouées à la fermeture afin de faire face aux risques de pénurie de gaz entraînées par l'interruption des livraisons russes, sur fond de guerre en Ukraine.
Ces déclarations du grand argentier du gouvernement allemand, également critique de la fermeture des dernières centrales nucléaires allemandes, illustrent de nouveau les divisions au sein de l'équipe du chancelier social-démocrate Olaf Scholz, qui gouverne avec les Verts et les libéraux.
Les mesures pour aider l'industrie allemande, fragilisée par les prix élevés de l'énergie, sont l'un des points de discorde avec le ministre de l'Economie, l'écologiste Robert Habeck.
Ce dernier, soutenu par le monde industriel, plaide depuis des mois pour plafonner le prix de l'électricité pour les industries énergivores comme la chimie ou l'acier, une mesure que refuse M. Lindner, car elle impliquerait des dépenses supplémentaires.
"Nous n'assurons pas la compétitivité de l'économie avec des subventions payées par les citoyens", a rétorqué mercredi le ministre attaché à la rigueur budgétaire.
Il reste également opposé à l'idée de contracter plus de dettes publiques pour soutenir le secteur industriel, défendue par M. Habeck. L'endettement est soumis en Allemagne à la règle constitutionnelle du "frein à l'endettement" qui interdit à l'Etat d'emprunter plus de 0,35% de son PIB chaque année.
"Le frein à l'endettement est le frein à l'inflation", a défendu M. Lindner.
Il se dit ouvert à une compensation de taxes sur l'électricité pour les entreprises énergivores.
L'économie allemand, grandement dépendante de son industrie, s'attend à subir une récession pour l'année 2023.