Accord entre Engie et l'État belge sur la prolongation de 2 réacteurs jusqu'en 2036

  • AFP
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Le gouvernement belge et Engie ont annoncé en janvier 2023 la signature d'un accord pour concrétiser la prolongation pour dix ans, à compter de novembre 2026, de deux des sept réacteurs nucléaires exploités en Belgique par le groupe français : Doel 4 et Tihange 3, respectivement près d'Anvers (nord) et de Liège (est) - représentant ensemble une capacité nucléaire de 2 GW, sous réserve de l'approbation des autorités de sûreté.

Les deux parties ont négocié âprement les conditions de cette prolongation décidée en mars 2022 par la Belgique pour garantir son approvisionnement en énergie au-delà de 2025, sur fond d'incertitudes liés à la guerre en Ukraine.

L'État belge et l'énergéticien étaient déjà convenus de créer une co-entreprise à 50/50 pour gérer les deux réacteurs prolongés, au terme d'un pré-accord annoncé en juillet.

Le gouvernement belge avait annoncé le 18 mars 2022 sa décision de repousser de dix ans sa sortie totale du nucléaire qui était prévue initialement en 2025. Les sept réacteurs devaient cesser de produire de manière échelonnée entre fin 2022 et 2025.

Mais le groupe Engie, qui avait jugé tardive l'annonce de deux prolongations, exigeait un certain nombre de conditions pour la faisabilité, notamment un plafonnement des coûts liés au traitement des déchets radioactifs et du combustible usé.

L'accord signé lundi définit "le cadre d'un futur plafonnement", les montants eux-mêmes devant encore être calculés au terme d'une collaboration entre plusieurs administrations. Le gouvernement a dit souhaiter "la conclusion d'accords complets dans les mois qui viennent". "Les montants des plafonnements devraient être annoncés en mars-avril", a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.

Accord signé en juin 2023

Le groupe français Engie a annoncé la signature d'un accord avec le gouvernement belge sur la prolongation de deux réacteurs nucléaires en Belgique, en y incluant 15 milliards d'euros pour gérer le coût des déchets, dans le cadre d'un long bras de fer entre les deux parties.

L'accord inclut "la fixation d'un montant forfaitaire pour les coûts futurs liés au traitement des déchets nucléaires" pour "15 milliards d'euros". Engie et le gouvernement belge sont tombés d'accord pour prolonger "dès novembre 2026" deux réacteurs nucléaires, Doel 4 et Tihange 3, à la demande de la Belgique afin de garantir la sécurité énergétique du pays face à la crainte de pénuries d'électricité et de l'envolée des prix en Europe.

A cette somme s'ajoutent 8 milliards d'euros prévus pour le démantèlement des centrales exploitées par l'électricien en Belgique et pour lesquels "Engie est l'unique payeur", se félicite pour sa part le gouvernement belge dans un autre communiqué.

Les engagements d'Engie vis-à-vis de l'Etat belge se montent donc au total à 23 milliards d'euros, soit 4,5 milliards de plus que ce qu'avait provisionné le groupe au 31 décembre 2022 pour le démantèlement plus les déchets, selon ses comptes à la fin de l'année dernière.

La Belgique, qui comptait sept réacteurs en activité jusqu'à l'été 2022, en a "débranché" deux le 23 septembre 2022 puis le 31 janvier 2023, respectivement Doel 3 et Tihange 2 après 40 ans de service. Trois autres sont censés s'arrêter courant 2025.

« Pollueur-payeur »

La directrice générale d'Engie, Catherine MacGregor s'est félicitée d'un accord "équilibré", qui "donne à Engie la visibilité nécessaire sur le montant global lié à la gestion des déchets nucléaires et réduit significativement les risques liés à la prolongation des deux unités".

Le modèle économique trouvé repose sur un mécanisme dit de "Contrat pour différence", qui garantit à Engie un revenu fixe pour l'électricité produite et un prix stable pour le consommateur. L'accord, qui doit être mis en œuvre en juillet, confirme par ailleurs que les deux centrales prolongées seront exploitées dans le cadre d'une coentreprise à parts égales entre Engie et l'État belge.

La sortie totale et définitive du nucléaire avait été scellée par une loi belge de 2003, restée comme une mesure emblématique de la première participation des écologistes au gouvernement fédéral. Y renoncer a suscité des tensions dans la coalition au pouvoir, à laquelle les écologistes sont de nouveau associés depuis octobre 2020.

Traditionnellement opposé à l'atome le parti Ecolo a voulu jeudi faire bonne figure en saluant un accord "historique" avec Engie. "Nous avons enfin une certitude : c'est le pollueur qui paie, pas le contribuable", a-t-il fait valoir.

Revirement

La promesse d'une sortie progressive du nucléaire est inscrite dans la loi belge depuis 2003, et y renoncer a constitué un revirement pour le parti écologiste (Ecolo-Groen) partenaire de la coalition de M. De Croo entrée en fonctions le 1er octobre 2020.

À l'époque, l'accord de gouvernement réaffirmait cet objectif de fermeture des sept centrales du pays d'ici à 2025.

Commentaires

APO

Sacrée Histoire Belge que cet arrêt annulé !!!

Les Allemands devraient prendre exemple sur leurs voisins...

silligomme

encore un pays victime d'une intoxication de gaz russe...et qui rectifie à peine le tir au lieu de rétablir toutes ses centrales nucléaires
constatons ensemble la convergence poutiniste des ennuis énergétiques

Vlady

@silligomme : on ne peut pas prolonger indéfiniment une CN ! Tihange 1 et Doel 1 et 2 , qui ont démarré en 1975 , auront tourné pendant 50 ans lorsqu ' on va les arrêter en 2025 ! C ' est largement au delà de ce qui avait été prévu : au départ on avait tablé sur 25 ans , puis 30 , puis 40 , et in fine 50 , ouf ... Le vieillissement des cuves des réacteurs ne permet pas d ' aller plus loin !

Schricke Daniel

Vlady:
Vous affirmez (je cite): "Le vieillissement des cuves des réacteurs ne permet pas d ' aller plus loin !" Ah bon ? Vous sortez ça d'où ? Quels sont vos arguments ? Avez-vous une formation technique ou scientifique qui vous permette d'affirmer celà ? Vous n'ignorez certainement pas que, par exemple, la Suisse (très anti nucléaire... pour les autres !) exploite toujours les deux plus vieilles centrales nucléaires d'Europe ? Ils prendraient donc des risques inconsidérés, selon vous ?
Et ne parlons pas des "States" qui vont probablement prolonger leurs centrales jusqu'à 80 ans (voire plus !)
Quand on ne connaît pas un problème, on évite souvent de dire d'énormes bêtises en se taisant !

Vlady

@Schricke Daniel : j ' ai piloté une CN de 1.000 MW pendant 30 ans , je sais de quoi il s ' agit et comment ça fonctionne ! Les information que j 'avance nous furent données par le constructeur CREUSOT - LOIRE ! Cette nuit le réacteur de Tihange 2 en Belgique s ' est éteint définitivement après 40 ans de bons et loyaux services ! Son couvercle présentait des défauts : micro fissures , c ' est ce qui a provoqué son arrêt de mort . Par contre Tihange 1 et 3 cesseront de fonctionner à leur 50ème anniversaire respectivement en 2025 et 2035 !
Lors de chaque révision , tous les 18 mois , un échantillon est prélevé afin de mesurer le vieillissement du matériaux suite aux radiations subies , les estimations ne se font pas au doigt mouillé !!
Les CN suisses sont de la catégorie de 300 MW , le flux neutronique est moins élevé , donc moins pénalisant !
Bien à vous !!

EtDF

Mais on pourrait inviter les Belges qui finalement savent faire politiquement déjà, pour venir remettre en route les deux Fessenheim...

Vlady

@EtDF :il n ' y a pas que politiquement que les Belges savent faire , mais techniquement aussi : on n ' a pas attendu la fermeture des CN pour réagir , depuis près de 30 ans des panneaux PV fleurissent sur les toits des habitations -- 15 fois plus qu ' en France -- , plus de 600 éoliennes offshore sur notre petit littoral -- 60 Km -- , et ce n ' est pas fini ! Tandis qu ' en France on palabre , on palabre ...

Goldorak

Actuellement, plus de 40% de l'electricité en belgique vient du nucléaire, le compte n'y est pas encore.
En prolongeant les 2 réacteurs, il vont conserver 2.1GW sur quasi 5GW (6 à la base)

Schricke Daniel

On palabre, on palabre en France, beaucoup trop, en effet !... Mais on produit, en France des Mwh électriques beaucoup ,moins carbonés que les sales Mwh Belges ! Et ce, malgré un nombre incalculable d'installations PV (15 fois plus qu'en France !...) et éoliennes qui ont coûté une fortune en subventions publiques, et qui n'évitent pas la production carbonée (gaz, charbon, fuel) pour produire quand il n'y a ni soleil, ni vent....Et c'est vrai que, la nuit, on a beau chercher le soleil.....

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