La Volkswagen e-Golf est la voiture électrique la plus vendue de Norvège. (©Volkswagen)
En Europe, près de 250 000 voitures électriques circulaient dans les pays nordiques à fin 2017. Elles pourraient être près de 4 millions à l’horizon 2030 selon une étude(1) publiée le 8 mars par l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
La Norvège, leader européen de la mobilité électrique
En 2017, presque 90 000 voitures électriques neuves (100% électriques avec batterie ou hybrides rechargeables(2)) ont été vendues au sein des cinq pays « nordiques » d’Europe (Danemark, Finlande, Islande, Norvège, Suède), soit 43% de plus qu’en 2016. Cette croissance est principalement tirée par la Norvège(3), où la part de véhicules électriques dans les ventes de voitures neuves a atteint un record de 39% l’an dernier (part la plus élevée au niveau mondial).
A elle seule, la Norvège disposait de 176 000 voitures électriques à fin 2017, soit environ 70% du parc de véhicules électriques desdits pays nordiques. « Une voiture sur 16 sur les routes en Norvège est électrique, soit bien plus que la moyenne de 1 sur 50 des pays nordiques », indique l’AIE. La Suède participe dans une moindre mesure à la dynamique de croissance de la mobilité électrique, le pays disposant de plus de 49 000 voitures électriques à fin 2017, soit 20% du « total régional » selon l’AIE.
Les cinq pays nordiques comptaient pour approximativement 8% des véhicules électriques en circulation dans le monde en 2016 et constituent le 3e marché pour les ventes de ces véhicules après la Chine et les États-Unis. Précisons que le développement de la mobilité électrique « hors voitures » est encore « très limité » dans ces cinq pays selon l’AIE, seuls près de 104 bus électriques étant notamment en circulation sur leurs routes d'après l'agence.
Le parc de véhicules des pays nordiques comprenait 247 000 voitures électriques à fin 2017. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)
4 millions de véhicules électriques en 2030 ?
Sur la base de la croissance actuelle du marché et des politiques annoncées dans les pays nordiques, l’AIE estime que le nombre de voitures électriques en circulation pourrait y avoisiner 4 millions en 2030, soit plus de 15 fois leur nombre actuel. Près de 80% de ces véhicules électriques à cet horizon seraient encore situés en Norvège(4) ou en Suède. L’AIE souligne que ce scénario de développement nécessiterait des évolutions fiscales pour prendre en compte les pertes de recettes liées à la consommation de carburants fossiles.
Le parc de 4 millions de véhicules électriques imaginé par l’AIE dans les pays nordiques en 2030 pourrait consommer près de 9 TWh par an, selon les prévisions de l’agence. Cela correspondrait à « environ 2-3% de la consommation électrique estimée pour la région en 2030 » (contre moins de 1% aujourd’hui). Pour faire face aux pics de consommation associés à de nombreuses recharges simultanées, l’AIE appelle à développer des solutions intelligentes de gestion de la demande, en ayant recours à des « prix dynamiques de l’électricité » et « potentiellement aux technologies vehicle-to-grid(5) ».
Dans le contexte de réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’AIE souligne que la production électrique des cinq pays nordiques est très peu carbonée, condition sine qua non à une réduction des émissions grâce à la mobilité électrique. Selon l’AIE, les 4 millions de véhicules électriques potentiellement en circulation en 2030 dans ces pays pourraient entraîner l’émission d’environ 200 000 tonnes d’équivalent CO2, soit « 40 fois moins que les émissions du même nombre de voitures avec des moteurs à combustion interne en 2030 ».
Comme en France, la production électrique est très décarbonée en Norvège et en Suède, principaux pays nordiques où se développe la mobilité électrique. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)
Les facteurs de développement de la mobilité électrique
Les politiques de soutien public ont stimulé l’adoption des véhicules électriques dans les pays nordiques et restent « indispensables pour permettre une croissance du marché », note l’AIE qui présente les pays nordiques comme un laboratoire du développement des voitures électriques. Les mesures permettant de réduire le prix d’achat de ces véhicules constitueraient toujours la principale incitation à leur développement. Parmi les autres mesures importantes citées par l’AIE figurent des réductions de taxes ou exemptions de charges, le stationnement gratuit ou encore l’accès aux voies de bus.
Les infrastructures publiques de recharge, essentielles pour permettre aux véhicules électriques d’effectuer de longs trajets, constitueraient un facteur « secondaire » par rapport aux incitations précédentes. Les études menées dans les pays nordiques font état d’une préférence pour les recharges au domicile des conducteurs.
L’AIE comptabilisait 264 000 points de recharge dans les pays nordiques en 2017, dont seulement 16 000 sur l’espace public (plus de 94% des chargeurs sont installés à domicile ou sur le lieu de travail). A l’horizon 2030, l’agence envisage toutefois près de 290 000 points de recharge publics accessibles aux automobilistes « électrifiés » des pays nordiques.