En une décennie, le charbon est passé de la 3e à la 1re place dans le mix énergétique vietnamien. (©Pixabay)
L’Agence danoise de l’énergie (DEA)(1) a publié le 4 novembre un rapport consacré à la situation énergétique du Vietnam(2). Elle y émet des recommandations pour aider ce pays à « réussir une transition écologique de son système énergétique » qui repose principalement sur le charbon.
Une forte progression du charbon au cours de la dernière décennie
Entre 2007 et 2017, la consommation d’énergie primaire du Vietnam a augmenté de près de 4,7% par an. Durant cette période, le charbon est devenu la première source d’énergie du pays devant le pétrole et la biomasse, avec une croissance de sa consommation de 11,3% par an en moyenne.
Le Vietnam dispose d’importantes ressources de charbon (anthracite et sous-bitumineux) dans le Nord du pays mais leur exploitation présente des contraintes techniques et économiques. Pour satisfaire des besoins en hausse (à des fins de production électrique ou dans l’industrie), les importations vietnamiennes de charbon ont ainsi fortement augmenté ces dernières années (le pays est importateur net d’énergie depuis 2015).
Avec 91,6 TWh générés en 2018, le charbon a compté pour 42% de la production vietnamienne d’électricité l'an dernier (contre 38% pour l’hydroélectricité et 19% pour le gaz naturel). Les centrales à charbon servent d’unités de production électrique « de base » au Vietnam (la plupart d’entre elles disposent d’une « faible flexibilité » et fonctionnent au minimum à 70% de leur puissance nominale(3)), tandis que l’hydroélectricité vient davantage satisfaire les pics de la demande(4).
Les faibles variations de l'intensité énergétique du Vietnam indiquent que croissance économique et consommation d'énergie sont encore corrélées dans ce pays selon l'Agence danoise de l'énergie. (©Connaissance des Énergies, d’après DEA)
Et demain ?
Dans les différents scénarios du Vietnam Energy Outlook publié par l'Agence danoise de l'énergie, le recours aux énergies fossiles est jugé encore « nécessaire pour faire face aux besoins énergétiques de l’économie vietnamienne en pleine croissance dans les prochaines décennies ». Tous les scénarios de l’Agence envisagent même « une augmentation massive » des importations de charbon et de pétrole d’ici à 2030, l’enjeu étant de freiner cette croissance et d'anticiper une transition à plus long terme.
L’Agence danoise de l’énergie estime que le Vietnam pourrait – avec une stratégie de transition énergétique et en limitant les futurs besoins de charbon – « éviter à l’horizon 2050 l’émission de 370 millions de tonnes de CO2 par an par rapport aux plans climatiques existants du pays » (ce qui correspond à l’heure actuelle à plus de 10 fois les émissions annuelles du Danemark liées à la consommation d’énergie).
Le Vietnam doit à cette fin effectuer des investissements massifs dans son secteur énergétique. L’Agence danoise de l’énergie appelle ce pays à :
- arrêter les investissements dans de nouvelles centrales à charbon à partir de 2025 (scénario « No new coal ») afin de « renverser la tendance de hausse de la consommation » du combustible après 2030. Outre le développement des énergies renouvelables, le gaz naturel liquéfié est présenté comme une alternative importante au charbon (bien qu’à un coût plus élevé) ;
- faire de l’efficacité énergétique « une priorité » ;
- mettre en place un cadre stable et transparent pour développer la production électrique d’origine éolienne et solaire. Selon le scénario de transition le plus ambitieux de l’Agence danoise de l’énergie, les différentes énergies renouvelables (incluant l’hydroélectricité) pourraient ensemble compter pour 24% de la consommation d’énergie primaire et 59% de la production d’électricité du Vietnam à l’horizon 2050.
- investir dans les infrastructures de réseaux et de stockage d’électricité pour augmenter la part des filières renouvelables à production intermittente dans la production électrique.
Pour rappel, le Vietnam, 14e pays le plus peuplé au monde, dispose actuellement d’une croissance économique supérieure à 6% par an et pourrait voir sa consommation d’énergie tripler d’ici à 2050 selon l’Agence danoise de l’énergie.