Une cinquantaine de mines d'uranium ont été exploitées en Haute-Vienne dans le passé.(©Laurent Blaszczyk pour Urêka)
L’uranium utilisé comme combustible pour alimenter le parc nucléaire français est très mal connu et suscite de ce fait souvent une certaine crainte. Il s’agit, avant qu’il ne soit « enrichi », d’un métal extrait de minerai dans des mines. Cet uranium est aujourd’hui intégralement importé pour répondre aux besoins des réacteurs français. Cela n’a toutefois pas toujours été le cas comme le rappelle un nouveau musée ouvert en Limousin depuis juillet 2013.
L’uranium, un métal mal connu du grand public
Le musée baptisé « Urêka » est un parc thématique autour de l’uranium situé à Bessines-sur-Gartempe, en Haute-Vienne (Limousin) sur un site d’Areva. Il se déploie sur 850 m2 d’espace intérieur et un hectare en extérieur. La partie intérieure de ce musée propose un parcours interactif associant film 3D et immersion dans les conditions d’un chantier minier d’uranium durant les années 1950 à 1970. La partie extérieure du musée poursuit l’ambition pédagogique du musée en interrogeant et en informant les visiteurs sur la place de l’uranium aujourd’hui. La visite est censée durer près de 2h30 au total.
De nombreux musées sont aujourd’hui consacrés aux mines de charbon en France et en Europe mais aucun à l’exploitation uranifère. Seul un musée sur le sujet a été identifié par le directeur d’Urêka au Nouveau-Mexique. Cette discrétion tend à faire oublier l’existence même d’une exploitation uranifère en France dans le passé. Ce musée vise ainsi à apporter une information ludique jusque-là peu accessible au grand public. Récemment, le physicien Bernard Laponche a lui aussi pointé du doigt ce manque d’information autour de l’uranium dans une note du groupe des experts du débat national sur la transition énergétique.
Retour aux sources de l’exploitation uranifère
La localisation de ce musée n’est pas un hasard : c’est ici qu’a débuté l’exploitation française d’uranium en 1948. La France a en effet une histoire uranifère largement méconnue qui dépasse les activités d’enrichissement : près de 76 000 tonnes d’uranium (dont 26 000 tonnes dans le Limousin) ont été extraites dans l’hexagone jusqu’en 2001. A cette date, la dernière mine d’uranium a fermé en France, là encore en Haute-Vienne. Au total, du minerai uranifère a été extrait de 215 sites miniers répartis sur 25 départements, principalement autour du Massif Central. La plupart d’entre eux sont aujourd’hui surveillés par Areva.
Le musée vise ainsi également à décrire une activité appartenant au patrimoine local. Jusqu’à près de 1 500 personnes ont travaillé sur le site dans le passé et la direction du musée invoque un « devoir de mémoire ». Notons que la production électrique du Limousin atteint 2 300 GWh en 2012, dont près de 75% proviennent non pas du nucléaire mais de l’énergie hydraulique.