La pépinière est entre autres composée de 28 bureaux de 12 à 40 m2 et de grands ateliers. (© Yann Piriou / SAN Val d'Europe)
Le Syndicat d'Agglomération Nouvelle (SAN) du Val d'Europe a inauguré hier une pépinière d’entreprises à Serris, dans le nord de la Seine-et-Marne. Celle-ci a la particularité d’être chauffée par l’énergie issue d’un data center voisin.
De l’informatique à un réseau de chaleur
Le Val d’Europe est une zone urbaine située à 30 km à l’est de Paris, à proximité de Disneyland Paris. Cette zone regroupe plus de 30 000 habitants et s’étend sur 5 communes. L’objectif est d’en faire un pôle de compétitivité central favorisant l’implantation d’entreprises et de nouveaux habitants. Ce développement s’accompagne d’une réflexion énergétique, conformément aux engagements pris, suite au Grenelle Environnement, de privilégier les énergies alternatives.
Ainsi, les besoins en chaleur de la nouvelle pépinière d’entreprises qui s’étend sur 1 800 m2 seront intégralement assurés par de l’énergie récupérée à partir d’un data center. Pour rappel, les data centers sont des sites physiques où sont stockées des données variées. Constitués d’équipements informatiques, ils sont en permanence refroidis, ce qui dégage d’importants volumes d’air chaud.
Dalkia, filiale de Veolia Environnement et d’EDF, a mis en place un réseau de chaleur collectif captant cet air chaud jusqu’ici non valorisé. Sur le territoire du Val d’Europe, la chaleur récupérée à partir d’un data center de 8 000 m2 pourrait ainsi produire près de 26 000 MWh par an et alimenter 600 000 m2 de bâtiments. Selon Dalkia, le recours à ce réseau de chaleur permettra d’éviter annuellement plus de 5 400 tonnes d’émissions de CO2. La pépinière d’entreprises est la deuxième installation du Val d’Europe à bénéficier de cette énergie après le centre aquatique voisin.
Les data centers, énergivores ou économes ?
De nombreuses interrogations portent sur la consommation énergétique des data centers. En dépit d’innovations permettant de diminuer leur PUE (Power Usage Effectiveness)(1), indice de performance énergétiques de ces centres, ils restent très énergivores. Une étude de Jonathan Koomey de l’université de Stanford(2) publiée l’an dernier, estime que la consommation mondiale des data centers a augmenté de 56 % entre 2005 et 2010, pour atteindre 275 milliards de kWh par an. Soit près de 1,4 % de la consommation électrique mondiale.
Toutefois, ces data centers sont indispensables au regard des nouveaux modes de communication et sont susceptibles de diminuer la consommation d’énergie dans le nouveau contexte du « tout informatique ». Un data center permet en effet de mutualiser les installations de nombreuses entreprises, ce qui est bien plus économe que si celles-ci avaient chacune leurs propres équipements. Selon TelecityGroup, leader européen des opérateurs de data centers indépendants, 1 kW mobilisé dans un data center équivaudrait ainsi à 10 kW mobilisés s’il n’en existait pas.
En définitive, le débat porterait autant sur l’importance des nouveaux besoins informatiques que sur la consommation liée à l’hébergement des données associées. Le réseau de chaleur du Val d’Europe, 1ère en France, témoigne du développement de nouvelles initiatives visant à mieux intégrer les data centers dans des systèmes énergétiquement plus sobres.