« L'hydrogène est essentiel pour décarboner les secteurs qui ne peuvent pas être électrifiés directement, comme l'aviation, le transport maritime et les activités manufacturières à haute température, et devrait donc être priorisé pour ces secteurs », a déclaré le PDG de DNV à l'occasion de la publication d'un nouveau rapport. (©Pixabay)
Le développement de l’hydrogène dans le paysage énergétique mondial est jugé « très lent et trop tardif pour répondre aux objectifs de l’Accord de Paris », par la société norvégienne de gestion des risques DNV dans un rapport publié ce 14 juin.
5% de la consommation d’énergie finale en 2050
L’hydrogène pourrait compter pour 0,5% de la consommation d’énergie finale dans le monde en 2030 et pour 5% en 2050, alors que cette part devrait atteindre près de 15% pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, estime DNV.
La société norvégienne précise que « l'adoption de l'hydrogène variera considérablement d'une région à l'autre, en fonction des incitations proposées » : selon le scénario modélisé par DNV, l’hydrogène pourrait ainsi, en 2050, compter pour 11% de la consommation d’énergie finale en Europe « grâce à des politiques favorables qui stimuleront à la fois la production et la demande », pour 8% dans les pays de l'OCDE-Pacifique (Japon, Corée du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande), 7% en Amérique du Nord ou encore 6% en Chine.
Les principaux consommateurs d’hydrogène seront des industries difficiles à décarboner utilisant des procédés de fabrication à haute température comme la métallurgie, précise DNV. L'ammoniac et le méthanol, dérivés de l’hydrogène, pourraient par ailleurs jouer un rôle important pour décarboner les transports lourds (maritime et aérien) mais « ces carburants ne seront pas utilisés à grande échelle avant les années 2030 ». L’utilisation d’hydrogène dans la production d'électricité sera « limitée » selon DNV.
72% d’hydrogène « vert » en 2050
D’après les prévisions de la société norvégienne, près de 72% de la production d’hydrogène au milieu du XXIe siècle sera « verte », produite par électrolyse. « Cela nécessitera un surplus d'énergie renouvelable, pour alimenter une capacité d'électrolyseurs de 3 100 gigawatts – soit plus du double de la capacité totale de production installée en solaire et éolien aujourd'hui » dans le monde, souligne DNV.
La compétitivité de l’hydrogène « bleu » (produit à partir d’énergies fossiles avec capture et stockage du CO2) devrait baisser d’ici à 2050 même s’il a un rôle « important à jouer à court terme (environ 30 % de la production totale en 2030) », selon le scénario de DNV.
Selon les prévisions de DNV, les dépenses mondiales consacrées à la production d'hydrogène à des fins énergétiques d'ici 2050 pourraient s'élever à « 6,8 milliards de dollars, auxquels s'ajouteront 180 milliards de dollars pour les conduites d'hydrogène et 530 milliards de dollars pour la construction et l'exploitation d’infrastructures adaptées à l'ammoniac ».