Puits de pétrole dans l'Alberta (©Cenovus Energy)
Réduire les émissions de méthane dans le secteur pétrolier et gazier figure « parmi les actions les plus rentables et efficaces » qui peuvent être engagées pour atteindre les objectifs climatiques, indique l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Celle-ci a publié le 18 janvier un guide(1) destiné aux gouvernements et régulateurs pour « accélérer les efforts » dans ce domaine.
Plus de 5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2020
Le secteur pétrolier et gazier aurait émis « près de 70 Mt de méthane (soit approximativement 2,1 Gt éq. CO2) en 2020 », soit un peu plus de 5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre liées à l’énergie(2), selon les dernières estimations de l’AIE. Près de 60% de ces émissions de méthane proviendraient de « fuites sur la chaîne gazière », les 40% restantes étant liées à la production de pétrole.
En 2020, les émissions de méthane du secteur ont certes baissé d’environ 10% par rapport à 2019(3) mais cette chute découle principalement des baisses majeures de production de pétrole et de gaz (notamment dans les pays dont la production s'accompagne d'importantes fuites de méthane comme la Libye ou le Venezuela) dans le contexte de la crise sanitaire, avertit l’AIE.
L’Agence appelle donc « les entreprises, les gouvernements et les régulateurs à prendre des mesures urgentes » pour éviter tout rebond des émissions de méthane en 2021, afin que « 2019 reste l'année de leur pic historique ». Il est rappelé que le méthane se caractérise, par rapport au dioxyde du carbone, par un courte durée de vie dans l’atmosphère mais par un effet de serre bien plus important : le GIEC estime qu’une tonne de méthane a un « pouvoir de réchauffement global » 28 à 36 fois plus élevé qu’une tonne de CO2 sur une période de 100 ans (échelle de temps généralement retenue dans les bilans d’émissions).
En 2020, les plus importantes émissions de méthane liées au secteur pétrolier et gazier provenaient des États-Unis (14 Mt CH4), de Russie (11,8 Mt CH4) et d'Iran (5,3 Mt CH4). (©Connaissance des Énergies, d'après AIE)
Un appel à de nouveaux engagements d’ici la COP26
Dans son scénario « Sustainable Development » (censé présenter une trajectoire compatible avec les objectifs internationaux de lutte contre le réchauffement climatique), l’AIE estime que les émissions de méthane du secteur pétrolier et gazier doivent tomber, à l'horizon 2030, à « environ 20 Mt par an, soit une baisse de plus de 70% par rapport au niveau de 2020 ».
L’AIE estime que cette réduction des émissions est « techniquement possible » et, en outre, qu’« une part importante de ces émissions pourraient être réduites sans coût net, car la valeur du méthane capté est suffisante pour couvrir le coût de la mesure de réduction » (même si l’incitation économique était moins forte en 2020, compte tenu de la faiblesse des prix du gaz naturel)(4).
L’Agence invite par ailleurs les différents pays, en particulier les grands producteurs de pétrole et de gaz, à inclure des objectifs concernant les émissions de méthane dans leurs engagements climatiques en vue de la COP26 de novembre 2021.
Pour rappel, le secteur pétrolier et gazier n'est à l'origine que d'une partie de l'ensemble des émissions mondiales de méthane qui sont au total estimées à près de 570 millions de tonnes (Mt) par an : près de 60% de ces émissions sont généralement imputées à l’activité humaine, en particulier à l’agriculture et au secteur énergétique(5), et 40% seraient considérées d’origine naturelle (zones humides, dégel du permafrost libérant des hydrates de méthane, etc.).