Près de 68% de la consommation mondiale d’énergie n’est pas couverte par des politiques contraignantes en matière d’efficacité énergétique selon l’AIE. (©Pixabay)
L’économie mondiale est de moins en moins énergivore au regard des richesses produites. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) s’inquiète toutefois du manque de nouvelles politiques relatives à l’efficacité énergétique. Explications.
Une intensité énergétique en très forte baisse en Chine
Au niveau mondial, l’intensité énergétique, c’est-à-dire la consommation d’énergie primaire par unité de PIB(1), a diminué de 1,8% en 2016 selon le rapport « Energy Efficiency 2017 » de l’AIE. La croissance économique mondiale a atteint près de 3% l’an dernier tandis que la demande globale d’énergie augmentait dans le même temps de « seulement » 1,1%.
La baisse de l’intensité énergétique mondiale, souvent saluée, est toutefois plus faible que lors des trois années précédentes (-2,1% par an en moyenne depuis 2010). Elle est par ailleurs en grande partie due à la Chine qui a connu une baisse de 5,2% de son intensité énergétique en 2016. Sans la Chine, la baisse de l’intensité énergétique se serait ainsi limitée à 1,1% au niveau mondial.
Précisons que les États-Unis et l’Union européenne ont respectivement consommé 2,9% et 1,3% d’énergie en moins par unité de PIB en 2016.
Entre 1970 et 2010, l’intensité énergétique mondiale baissait de 1,3% par an en moyenne. Les efforts d’efficacité énergétique ont permis de sensiblement accentuer cette baisse depuis 2010. (©Connaissance des Énergies)
Un bilan très « rentable » depuis 2000
La nécessité de réaliser des efforts d’efficacité énergétique est aujourd’hui incontestée mais Fatih Birol déplore « un net ralentissement de la mise en œuvre de nouvelles politiques dédiées » en 2016. Le directeur exécutif de l’AIE fait état d’une tendance similaire en 2017 et a rappelé l’intérêt économique des politiques d’efficacité énergétique.
En l’absence d’amélioration de l’efficacité énergétique mondiale entre 2000 et 2016, le monde aurait consommé en 2016 près de 12% d’énergie en plus selon l’AIE (soit l’équivalent de la consommation énergétique de l’Union européenne). Le Japon aurait pour sa part importé 20% de pétrole et 23% de gaz en plus d’après les estimations de l’agence. Les politiques d’efficacité énergétique renforcent ainsi la sécurité énergétique des États importateurs d’énergie en réduisant leur dépendance, en particulier lors de périodes de pic de la demande.
Grâce aux politiques d’efficacité énergétique mises en oeuvre depuis 2000, les ménages consacreraient aujourd’hui 10% à 30% d’argent en moins à leurs dépenses énergétiques (carburants, chauffage, etc.). Selon les estimations de l’AIE, un foyer français a par exemple économisé en 2016 près de 470 dollars de dépenses énergétiques (soit près de 400 euros) grâce à l’amélioration de l’efficacité énergétique depuis 2000.
Un outil central de la lutte contre le réchauffement climatique
En 2016, les investissements mondiaux liés à l’amélioration de l’efficacité énergétique ont atteint 321 milliards de dollars, soient 9% de plus qu’en 2015 (une croissance proche des années précédentes). Près de 58% de ces investissements concernent des actions dans les bâtiments (amélioration de l’isolation, des performances des appareils électroménagers, de l’éclairage, etc.)(2).
En 2016, la Chine a compté pour près de 30% des investissements mondiaux liés à l’amélioration de l’efficacité énergétique. (©Connaissance des Énergies)
En 2016, près de 32% de la consommation mondiale d’énergie était couverte par des normes contraignantes en matière d’efficacité énergétique selon l’AIE, contre environ 30% en 2015. Cette progression serait uniquement due à des réglementations déjà existantes, alerte le rapport de l’AIE qui appelle à la mise en œuvre de politiques plus ambitieuses pour « maintenir ou accélérer les gains d’efficacité énergétique ».
L’AIE rappelle que la baisse de l’intensité énergétique a permis de stabiliser les émissions mondiales de gaz à effet de serre liées à la combustion d’énergie(3). Cette baisse resterait toutefois largement insuffisante pour atteindre les objectifs climatiques de la COP21. Pour que ceux-ci restent atteignables, l’AIE avait indiqué l’an dernier que l’intensité énergétique mondiale devrait au moins baisser de 2,6% par an entre 2016 et 2030.