Le charbon se trouve encore au cœur du système énergétique australien. Ici, la mine à ciel ouvert de Coppabella dans le nord-est du pays. (©Peabody)
L’Australie dispose d’abondantes ressources énergétiques mais est confrontée à d’importants défis, notamment pour décarboner son mix tout en sécurisant son approvisionnement. Dans un rapport publié en février 2018(1), l’Agence internationale de l’énergie (AIE) fait part de ses recommandations pour que l’Australie mène à bien sa transition énergétique.
93,4% : un mix énergétique très fortement dominé par les énergies fossiles
Les énergies fossiles ont compté pour 93,4% de la consommation australienne d’énergie primaire en 2016 selon les dernières données de l’AIE. Malgré une baisse de 12% de la contribution du charbon dans ce mix au cours de la dernière décennie, cette énergie reste au cœur du système énergétique australien : le pays, dont la population avoisine 25 millions d’habitants(2), dispose des 4e réserves mondiales de charbon(3), combustible peu coûteux qui compte pour 74,5% de la production nationale d’énergie et pour presque deux tiers de la production électrique.
L’Australie est le premier exportateur mondial de charbon (il exporte près de 90% de sa production) mais reste en revanche importateur net de pétrole brut et de produits pétroliers (avec de faibles stocks, en comparaison avec les autres pays développés).
Grâce à ses importantes réserves de gaz naturel (notamment de coalbed methane), l’Australie fait déjà partie des principaux exportateurs mondiaux de GNL(4). Le pays développe actuellement, comme les États-Unis, d’importantes capacités de liquéfaction, faisant du pays « un rival du Qatar comme principal exportateur mondial d’ici 2022 » selon l’AIE. Précisons que l’Australie dispose également des plus importantes réserves d’uranium naturel au monde, le pays n’ayant toutefois pas de réacteur électronucléaire(5) en service.
Contrairement aux autres pays développés, les secteurs résidentiel et tertiaire consomment peu d’énergie en Australie par rapport aux transports et à l’industrie. (Connaissance des Énergies d’après AIE)
- 26% à - 28% : des émissions de gaz à effet de serre importantes à réduire d’ici 2030
La stratégie énergétique australienne repose sur trois priorités énoncées par le gouvernement dans son Energy White Paper d’avril 2015 : une plus grande concurrence des marchés de l’énergie, un usage plus efficace de l’énergie à des coûts moins élevés et des investissements dans l’innovation et le développement de nouvelles ressources énergétiques.
Dans le cadre de l’Accord de Paris, l’Australie s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 26% à 28% d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2005. Pour atteindre cet objectif, « les efforts domestiques doivent augmenter », indique l’AIE qui déplore que le gouvernement australien ne dispose pas à ce jour d’une politique climatique de long terme(6) (six États et territoires australiens(7) se sont toutefois engagés à avoir des émissions nettes nulles à l’horizon 2050).
Les émissions australiennes de CO2 ont augmenté de 46,7% depuis 1990 pour atteindre 380,9 Mt en 2015 selon les dernières données de l’AIE (contre 290,5 Mt CO2 pour la France qui consomme près de deux fois plus d’énergie). Ces émissions proviennent à l’heure actuelle pour près de moitié de la production électrique très carbonée de l’Australie qui se trouvera, selon les termes de l’AIE, « au cœur de la transformation du système énergétique australien ». L’intensité carbone de la production électrique australienne a certes baissé de 15% depuis 2015 mais reste particulièrement élevée (740 g de CO2 par kWh en 2015) par rapport aux autres pays développés.
48% : une pénétration d’électricité intermittente record en Australie-Méridionale
La fermeture d’anciennes centrales à charbon et le développement des énergies renouvelables doivent ponctuer la transition énergétique australienne mais les mix électriques des différents États et territoires australiens sont très différents les uns des autres : l’hydroélectricité compte par exemple pour 86% de la production électrique de la Tasmanie alors que le mix du Territoire du Nord repose en très grande majorité sur le gaz naturel.
Le développement des énergies renouvelables « variables » (éolien et solaire(8)) diffère lui aussi beaucoup d’un État australien à un autre : leur part dans le mix électrique australien atteint près de 7% en 2016 selon l’AIE, et jusqu’à 48% dans le mix électrique de l’Australie-Méridionale cette année-là (essentiellement grâce à l'éolien).
Dans cet État, la sécurité d’approvisionnement électrique constitue un défi énergétique majeur. La population a connu en septembre 2016 un immense black-out dû à une tempête(9). C’est dans ce même État que Tesla a mis en service fin 2017 une immense « batterie géante » pouvant stocker jusqu’à 129 MWh d’électricité issue d’un parc éolien voisin pour en pallier l’intermittence et faciliter la gestion du réseau électrique.
En 2016, la production électrique australienne reposait encore à 63,4% sur les seules centrales à charbon. (©Connaissance des Énergies d’après AIE)